Frédérique Miny, URSSAF Rhône-Alpes : « L’aide à la trésorerie des entreprises c’est 2,2 milliards d’euros »

Covid-19 : L’Urssaf Rhône-Alpes sur tous les fronts

 

L’Urssaf Rhône-Alpes est présidée par Marc Poisson, vice-président de la fédération BTP Rhône-Métropole, qui est élu par son conseil d’administration composé à parité de syndicats patronaux et salariés. Elle est dirigée par Frédérique Miny. Sa collecte est de 41 milliards d’euros par an.
La fédération BTP Rhône Métropole est représentée dans de nombreuses institutions par des mandataires, essentiels à la pérennité des entreprises du BTP qui peuvent ainsi faire entendre leur voix.

 

Marc Poisson : « devant l’ampleur, la nouveauté, l’originalité du contexte créé par la pandémie, l’Urssaf Rhône-Alpes et ses 1600 salariés a su sortir de son chemin pour adapter ses procédures en moins de deux semaines. Nous avons vu pendant ces longs mois une Urssaf tournée vers les entreprises, c’est notre modèle social ».

 

Frédérique Miny, URSSAF Rhône-Alpes : « L’aide à la trésorerie des entreprises c’est 2,2 milliards d’euros »

Du jour au lendemain sur décision de l’État pour lutter contre le Covid, la vie des entreprises a basculé. Celle de l’Urssaf également. Qu’avez-vous eu à gérer en priorité ?
Dès les annonces gouvernementales nous avons contacté l’ensemble du personnel pour qu’il reste chez lui et l’essentiel de notre travail dans les jours et semaines qui ont suivi a été de les équiper d’ordinateurs pour leur permettre de travailler à domicile. Au bout d’un mois un mois et demi on avait 70% du personnel équipé, et aujourd’hui la quasi-totalité. Ça a été notre défi principal. Nous avons aussi tous nos téléconseillers qui répondent au téléphone à distance, cela a nécessité l’achat de téléphones professionnels portables, de boitiers de connexion, il a fallu aller au-delà du simple ordinateur portable.

Certains ont déjà retrouvé le chemin des bureaux ? Oui, les premiers qui sont revenus au travail sont ceux qui traitent le courrier. On a commencé à les faire revenir sur trois sites, sur la base du volontariat, un mois environ après le début du confinement avec gants masques et gel. A Saint-Etienne, où nous sommes gestionnaires du Cesu, on a 17 personnes aujourd’hui qui viennent traiter les flux papiers.

Et pour les cotisants ?
Notre priorité a été de mettre tout le monde en sécurité. Et donc nos assurés, en fermant les accueils, tout en maintenant les rendez-vous par téléphone afin de pouvoir traiter l’ensemble des demandes dans cette période particulière où il y avait beaucoup de questions et d’interrogations. Et ensuite nous nous sommes organisés pour mettre en œuvre toutes les procédures de report de cotisations décidées par les pouvoirs publics.

Le rôle de l’Urssaf est de collecter et répartir les cotisations et contributions sociales pour financer la sécu. Toutes les entreprises n’ont pas fermé, ont-elles pourtant toutes cessé de cotiser et sollicité les aides de l’Etat ?
Non toutes les entreprises n’ont heureusement pas fermé et toutes n’ont pas cessé de verser leur cotisation. Nous avons eu des contacts privilégiés avec les grandes entreprises, compte tenu de l’enjeu pour le financement de la sécurité sociale avec notamment des dépenses en milieu hospitalier qui augmentent fortement, ou encore le coût des indemnités journalières pour ceux qui se sont arrêtés pour garder leurs enfants, pour voir avec elles en fonction de leurs difficultés, si elles pouvaient maintenir leurs cotisations ou au moins la part ouvrière.

Peut-on déjà évaluer le manque à gagner dû au Covid pour l’Urssaf Rhône-Alpes ?

Pour l’instant nous ne sommes que sur des reports de cotisations. Il n’y a donc pas de « manque à gagner » puisque pour les exonérations ou annulations de cotisations les décisions ne sont pas encore prises. Mais cela représente au titre des échéances de mars à mai 2,2 milliards d’euros. C’est le coût de l’aide à la trésorerie des entreprises.

Une des missions de l’Urssaf est d’accompagner les entreprises en difficulté. La casse attendue et annoncée par les commentateurs a-t-elle déjà lieu ? sur quels secteurs d’activité ?
On se prépare à accompagner au mieux les entreprises pour éviter la casse. C’est l’intérêt de l’ensemble de notre économie, c’est ce qui permet de maintenir les emplois et notre système de protection sociale. Notre volonté est d’éviter au maximum les faillites, en étant aux côtés des entreprises notamment par un système d’étalement très progressif des remboursements des cotisations. Et nos dispositifs d’action sociale. Et enfin nous avons un rôle de conseil.

Les entreprises du BTP ont-elles eu des demandes et des attentes particulières ?
Non, je peux juste vous dire que les entreprises du BTP comme celles de l’hôtellerie-restauration, de la culture, font partie des secteurs les plus concernés par les demandes de reports de cotisation. Les travailleurs indépendants comme les grosses entreprises.

Une autre de vos missions est le contrôle. Allez-vous dénicher les abus ?
Dès le début du confinement les activités de contrôle ont été suspendues. Les contrôleurs nous ont beaucoup aidé notamment pour répondre au téléphone ou rappeler les cotisants qui n’ont pas pu nous joindre. Ils ont participé aussi à la gestion des demandes d’action sociale et à la gestion des dossiers de recours amiable. Le contrôle va redémarrer avec la lutte contre le travail illégal et le travail non déclaré. Il y a pu avoir des cas d’abus sur le chômage partiel par exemple. L’autorité qui va faire ces contrôles sera la direction de l’emploi, nous allons les appuyer.