Au sein de la fédération BTP Rhône-Métropole, vingt-six chambres syndicales réparties sur cinq sections, et quatre chambres territoriales, œuvrent au plus près des adhérents. Nous avons choisi de diriger le projecteur sur chacune de ces chambres en posant sensiblement les mêmes questions à chacun des présidents. Thierry Stévenon, gérant depuis 15 ans de la société André Cluzel (vingt salariés) implantée à Saint-Priest, est le président de la chambre « Maçonnerie et rénovation » de la section Clos couvert.
Quelles sont les activités couvertes par la chambre « Maçonnerie et Rénovation » ?
Nous faisons de la maçonnerie d’entretien dans les immeubles lyonnais ainsi que des travaux de rénovation et de confortement de structures. Nous ne travaillons que sur le patrimoine existant, avec plutôt des petites ou moyennes interventions. Il s’agit d’une chambre composée de cent vingt adhérents, avec des entreprises de deux à vingt salariés.
Quels sont vos principaux donneurs d’ordre ?
Des syndics de copropriétés, des collectivités locales, des industriels et des particuliers.
Avec le confinement vos adhérents ont arrêté de travailler du jour au lendemain comme tout le BTP ?
Oui. Du jour au lendemain, après le discours du président Macron, sans attendre les directives, avant tout par esprit citoyen. Mais nous avons pu reprendre assez vite, nous avons des mesures sanitaires moins compliquées à mettre en œuvre que les plus grosses structures. L’arrêt total a duré entre trois et cinq semaines suivant la clientèle, l’entreprise, etc… Il faut dire que nous avons très peu de co-activité sur nos chantiers.
Vos adhérents ont fait appel au Prêt Garanti par l’État ?
Au chômage partiel oui, tout le monde, même pour des temps parfois très courts, quinze jours-trois semaines. Le PGE aussi, pour un tiers ou la moitié des adhérents, sans doute plus par prudence ou précaution que par besoin.
Les surcoûts sont à votre charge ?
Je me suis battu bec et ongles pour que la profession décide de reporter les surcoûts sur les maître d’ouvrages, sans succès. Les masques, l’adaptation de nos locaux, c’est nous qui les prenons en charge… Après, contrairement à d’autres nous n’avons pas d’installations de chantier très lourdes à mettre en œuvre, peu ou pas de co-activité. C’est plus facile pour nous.
Comment voyez-vous l’année 2020 en termes d’activité ?
L’année 2019 avait été plutôt bonne, l’année 2020 s’apprêtait à être encore meilleure. Pour l’instant, si on en reste là, le covid n’a pas encore eu de répercussions importantes sur nos entreprises, il a ralenti l’activité, il faut bien le dire, les trésoreries ont souffert alors qu’elles se rétablissaient, mais je n’ai pas le sentiment que la pandémie a mis les adhérents en trop grande difficulté. Pour résumer, 2020 va être une année moyenne alors qu’elle aurait pu être très bonne.
Et à plus long terme ?
On ne sait pas l’avenir. Notre typologie d’entreprises et de travaux fait déjà que nous avons des carnets de commande sur deux ou trois mois maximum, nous avons rarement une visibilité au-delà. Nous sommes très prudents pour l’avenir, même si, je le répète, on ne ressent pas pour l’instant d’effets dramatiques sur notre activité. Nous ne sommes ni optimistes ni pessimistes. Nous sommes juste inquiets car le contexte sanitaire et économique est anxiogène. En fait, nous manquons pour l’instant de signes qui nous permettent de nous prononcer sur notre activité à long terme.
Commencez-vous à sentir une tension sur les prix pratiqués ?
Non, pas chez nous. Nous avons globalement une politique tarifaire plutôt uniforme, même si nous sommes concurrents. La différence se fait sur l’effort commercial pour aller chercher un client, pas sur les prix.
Avez-vous des collègues qui ont dû dégraisser leur effectif ?
A priori non. Certains ont dû rendre la main d’œuvre intérimaire, il a fallu étaler les carnets de commande, mais je n’ai pas entendu parler de licenciements.
Quel a été votre contribution en tant que président de chambre pendant le covid ?
Nous ne sommes pas de grosses entités, pendant et en sortie de confinement les adhérents étaient et restent concentrés sur l’opérationnel. Mon rôle a juste été de mettre les uns et les autres en relation, notamment pour dénicher des masques au début, se grouper pour en acheter. J’ai essayé de créer du lien.
Une interview à retrouver dans le Journal du BTP de jeudi 8 octobre 2020.