Les craintes sont importantes sur le marché du neuf, Eric BOUVARD

Au sein de la fédération BTP Rhône et Métropole, vingt-six chambres syndicales réparties sur cinq sections, et quatre chambres territoriales, œuvrent au plus près des adhérents. Nous avons choisi de diriger le projecteur sur chacune de ces chambres en posant sensiblement les mêmes questions à chacun des présidents. Eric Bouvard, PDG de l’entreprise Bouvard créée en 1928 (plomberie-chauffage-couverture-zinguerie, siège à Vaulx-en-Velin), Président régional de l’UMGCCP (Union des métiers du Génie climatique, de la couverture et de la plomberie), président de l’association des professionnels du gaz et trésorier d’Habitat +, est le président de la chambre « Génie Climatique Plomberie » de la section Équipement technique.

 

Quelles sont les activités couvertes par la chambre « Génie climatique Plomberie » ?

Le champ est relativement large. Le génie climatique c’est « le froid », climatisations et pompes à chaleur, mais aussi tout ce qui est « le chaud », chaudières, chauffages, etc. La partie plomberie, c’est tout ce qui est installations sanitaires, réseaux de distribution et d’évacuation d’eau, eaux usées, pluviales… La chambre réunit un peu plus de 90 adhérents, des entreprises de toutes tailles, de l’artisan au grand groupe national avec plusieurs milliers de salariés. Nous avons hélas de moins en moins de PME de taille intermédiaire. En revanche il y a beaucoup d’entreprises entre 10 et 50 personnes.

 

Quels sont vos principaux donneurs d’ordre ?

Comme nous couvrons la totalité du champ du bâtiment, nos donneurs d’ordre viennent du public comme du privé. Cela peut être du tertiaire comme du logement, du chantier comme de la maintenance.

 

Vos adhérents ont-ils été victimes de la « double peine », à savoir le confinement avec la covid et le temps long électoral ?

Malheureusement oui, comme toutes les chambres et tous les métiers. Sur le tertiaire, il y a eu une très forte baisse d’activité en particulier sur les bureaux, avec des projets arrêtés où reportés. Au niveau du logement collectif, il a déjà fallu plus de quatre ans pour sortir le PLUH, juste après il y a eu le confinement qui a entrainé l’arrêt de toutes les instructions, et une fois que les instructions ont pu redémarrer il nous faut compter avec l’installation de nouvelles équipes à la tête de la ville de Lyon et de la Métropole… Cela crée en effet de sérieux trous d’air.

 

Il n’y a pas assez d’appels d’offres ?

Il y a moins d’appel d’offres. Beaucoup de dossiers sont reportés ou annulés. Et malheureusement, comme souvent dans ces cas-là, des prix anormalement bas commencent à apparaître. Certaines entreprises du secteur ont peur de ne pas remplir leur carnet de commandes et proposent des prix insuffisants. Trop de donneurs d’ordre se frottent les mains de ce genre de situation, sans se rendre compte que ce n’est pas forcément à leur avantage. Car un prix anormalement bas donne souvent une qualité anormalement basse. Ajoutez le surcoût covid, très difficile à faire prendre en charge sur ces gros marchés, qui grignote un peu plus le peu de rentabilité…  Sur le marché du neuf les craintes sont importantes.

 

Des prix à la baisse, les surcoûts, cela fait beaucoup.

Exactement. Des prix à la baisse pour les marchés de moyen terme, douze à dix-huit mois et des surcoûts pour les marchés signés aujourd’hui. A tout cela vous pouvez ajouter maintenant la fin des reports de délai…

 

Et pour le marché des particuliers ?

Les entreprises qui sont sur ce marché-là ont eu des phases d’arrêt et de reprise du travail beaucoup plus courtes. De nombreux particuliers ont continué à laisser faire les travaux, même si quelques-uns ont préféré ne pas nous recevoir. Et nous commençons à voir poindre une tendance des particuliers à vouloir améliorer leur domicile en faisant des travaux. Cela dit, si on se retrouve à nouveau dans une situation de confinement, d’incertitude, de perte d’emplois, nous savons très bien que le marché des particuliers peut s’effondrer.

 

Quelle est votre vision de l’avenir ?

Elle est comme tout le monde : incertaine. Dans le neuf, aujourd’hui la visibilité est bonne sur ce qui est engagé, jusqu’au dernier trimestre 2021, mais normalement à cette époque de l’année, les entreprises de neuf et grosse rénovation devraient déjà commencer à remplir leurs carnets de commande pour le premier trimestre 2022. Dans la petite rénovation, l’entretien et le particulier, les indicateurs restent convenables, mais ce sont des marchés de court terme qui peuvent se retourner très vite.

 

Quelle a été votre contribution en tant que président de chambre pendant le covid ?

Nous avons juste fait une visio avec le bureau de la chambre, par choix personnel, car nous avions déjà un volume très important d’informations transmis par la fédération qui a très bien fait son travail.

 

Une interview à retrouver dans le Journal du BTP de jeudi 22 octobre 2020.