Au sein de la fédération BTP Rhône et Métropole, vingt-six chambres syndicales réparties sur cinq sections et quatre chambres territoriales œuvrent au plus près des adhérents. Nous avons choisi de diriger le projecteur sur chacune de ces chambres en posant sensiblement les mêmes questions à chacun des présidents. Thibaud Dugelet, dirigeant de Dugelet SAS, entreprise d’Électricité fondée en 1942 (éclairage public, industrie tertiaire et armoires électriques), est le président de la chambre territoriale de l’Ouest Rhodanien.
Quelle est l’étendue géographique du territoire Ouest rhodanien ?
C’est l’ensemble de la communauté de communes de l’Ouest rhodanien et de la communauté de communes de L’Arbresle. La vallée de l’Azergues, Thizy, Cours, Tarare et puis l’Arbresle. Mais certaines de nos entreprises travaillent tous les jours sur Lyon. A ce titre, l’A89 nous a amené de la sécurité et de la sérénité au niveau des trajets.
Quelles sont les spécificités de votre chambre ?
D’abord la taille du territoire, très importante, et aussi le fait d’être sur trois bassins de vie différents. Une autre spécificité est d’avoir un mix de quelques belles PME et de nombreux artisans. Nous avons la particularité de travailler le bois puisque nous avons beaucoup de forêts, avec des charpentiers, des menuisiers, etc. Nous sommes 88 adhérents aujourd’hui. En deux ans, nous avons quasiment doublé, avec des entreprises de taille modeste qui seront de grandes entreprises demain. Nous sommes sur un secteur particulièrement dynamique économiquement grâce à une véritable volonté politique, avec des élus de poids qui ont su faire venir de l’argent pour développer le territoire.
Comment vos adhérents ont-ils vécu le confinement ?
Avant le confinement, nous avions créé un groupe WhatsApp qui nous a permis de diffuser les informations de la fédération, mais aussi être hyper collaboratifs sur ce qu’il fallait faire et comment le faire. Les adhérents ont pu également apporter leurs idées, comme pour trouver du gel, des masques, cela a permis une reprise plus rapide et sereine. D’une façon générale, l’activité a repris assez vite sur notre territoire, et nous avons même des adhérents qui ne se sont pas arrêtés, du fait de la typologie et de la localisation de leurs chantiers, notamment chez des particuliers qui ont continué à ouvrir leur porte.
Quels sont les secteurs d’activité qui ont le plus souffert ?
Les TP. Nous avons constaté que tous ceux qui travaillent avec des particuliers sur de petits projets s’en sont plutôt bien sorti, 2020 devrait être pour eux une bonne année. Pour ceux qui sont sur des projets plus gros, qui doivent se déplacer un peu plus, qui font du tertiaire, de l’industrie, il y a de la consultation, des appels d’offre, mais tout se décale, les chantiers glissent dans le temps. Avec les différentes fermetures, les gens malades qui ne vont pas sur les chantiers et retardent l’intervention des autres corps de métier, tout est désorganisé, et ce sont ces entreprises-là qu’il faut aider.
Les collectivités territoriales ont-elles joué le jeu pour favoriser la reprise ?
La Région a débloqué des fonds pour la relance, et notamment la relance par le BTP qui pourrait se traduire par une dizaine de millions d’euros sur notre secteur, pour des cofinancements à hauteur de la moitié de projets qui seront lancés avant le 30 juin 2021. Soit vingt millions au final. Nous savons qu’un certain nombre de projets vont sortir grâce à cette aide relayée par les communautés de communes. Donc oui les choses vont bouger. Reste à régler des problèmes administratifs pour que les choses évoluent vite. D’autre part, nous avons la chance d’avoir de nombreux élus de petites communes issus du monde de l’entreprise qui comprennent parfaitement bien nos problématiques et qui sont pragmatiques. Même nos élus d’envergure nationale ou régionale ont des équipes de terrain qui font remonter nos attentes.
Dans ce contexte, quelle est votre vision de l’avenir ?
Je suis de nature optimiste, nous allons nous en sortir. Mais il va y avoir de la casse. Il faut, selon moi, faire attention à la partie bancaire qui est en train de « fermer les robinets ». Les banques vivent une crise de confiance, et ne donnent pas le sentiment de vouloir jouer le jeu. Dès qu’il y aura une petite baisse de soutien de l’État, cela risque d’être difficile pour les entreprises perfusées ou avec de gros découverts. Ma vision de l’avenir se trouve donc ternie par l’attitude à venir des banques et des assurances crédits qui ne voudront pas prendre de risques tant qu’elles n’auront pas confiance. Il faut absolument qu’il y ait de la confiance. Sans confiance, cela ne marchera pas. Nous devons faire face aussi à des délais de règlement de plus en plus longs voire suspendus pour certains industriels. C’est le cas par exemple des filières de l’aéronautique ou de l’automobile.
©Photo de de Thibaud DUGELET par Christophe Pouget.
Une interview à retrouver dans le JBTP du 31 décembre 2020.