Pour la fédération, l’artiste-photographe lyonnais Christophe Pouget, 53 ans, a réalisé douze portraits de compagnons. Des portraits composés de plusieurs morceaux de photos pour présenter autrement les métiers du BTP sous toutes leurs facettes.Chaque portrait raconte l’identité d’un métier porté par celui ou celle qui l’exerce et nous plonge dans l’univers du Bâtiment et des Travaux Publics. Un univers qui offre 1 000 façons de trouver sa voie. Un univers qui cherche à attirer les jeunes et dans lequel aucun parcours ne ressemble à un autre.Il a également suivi pendant plusieurs mois l’effervescence du chantier de la place Béraudier et du hall de la gare. Il en restitue ainsi l’ardeur à des moments différents de la journée en un assemblage de fragments d’images, sa signature d’artiste.
Son parcours :
« J’ai été Directeur artistique et designer graphique indépendant pendant 20 ans, sensible à la mise en page et à la composition, j’ai toujours couché mes idées en images. Mon changement d’activité il y a quelques années s’est imposé naturellement. Devenir photographe c’est une façon extraordinaire pour rencontrer les autres, d’entrer en contact avec l’âme du monde ».
Comment avez-vous rencontré le BTP ?
L’idée des responsables de la fédération était de valoriser les métiers du BTP. Mon travail de recomposition portant aussi bien sur des sites que sur des portraits, nous avons décidé de travailler ensemble. J’ai commencé ce projet en février 2020… j’ai eu le temps de faire un portrait avant le confinement, celui de Charles, qui travaille dans une menuiserie.
Quels métiers avez-vous retenus ?
Douze métiers finalement : conducteur d’engin, électricienne, plombier, dallagiste béton, carreleur, canalisateur, menuisier, monteur réseau aérien, maçon, couvreuse, peintre et vitrier.
Et quel site avez-vous photographié ?
Nous avons cherché un gros chantier sur Lyon, et après quelques hésitations avec celui de la Confluence nous nous sommes arrêtés sur la place Charles Béraudier, à la Part-Dieu. Quand je photographie un site urbain pour mon travail artistique, j’essaie toujours d’avoir un point de vue en surplomb, des perspectives. Pour le projet, j’ai choisi de travailler à partir du toit de l’immeuble des Finances Publiques, j’avais ainsi tout le chantier en enfilade et la skyline de Lyon. Franchement la perspective est très intéressante. Mais là aussi tout s’est arrêté en mars dernier pour reprendre début septembre. Je suis retourné sur le site une bonne dizaine de fois, un peu à toutes les heures du jour et de la nuit. Ce projet m’a bien porté pendant les trois derniers mois de l’année 2020.
L’exposition est prête ?
C’est prêt, c’est affiché. Et l’exposition à la Part-Dieu est le premier évènement.
Combien de photos prenez-vous pour chaque portrait ?
A chaque fois que je suis allé voir un compagnon, je suis resté environ une heure et demie. Le temps de faire connaissance, d’échanger sur nos parcours, nos métiers… Je n’ai pas fait tant de photos pour les portraits, entre 150 à 200… Après, quand je recompose, il y a entre trente à soixante morceaux d’images pour un portrait. Pour le site du chantier Part-Dieu en revanche c’est différent, il y a plus de cinq cents morceaux d’images. Ce n’est pas le même travail puisque j’y suis revenu plusieurs fois et que la zone à illustrer est bien plus importante.
Quel est le métier qui vous a le plus surpris ?
Si j’étais en face de gamins qui cherchaient du travail, je leur dirais : « foncez » ! J’ai rencontré des gens vraiment passionnés par leur métier, des gens qui étaient vraiment bien à leur place, épanouis… Et j’ai appris beaucoup de choses que j’ignorais. Dans ces métiers, toutes les aptitudes naturelles sont bienvenues, je pense par exemple à Margaux la couvreuse de 18 ans qui avait l’agilité pour se déplacer sur les toits… Ou à Sébastien, le monteur réseau aérien qui doit monter le long de poteaux, et qui n’a pas le vertige, qui aime la nature et que j’ai rencontré en plein milieu d’un bois avec son coéquipier…
Comment votre regard de photographe et vos assemblages, qui font appel à votre poésie, parviennent à restituer la réalité de la personne et de son métier ?
J’essaie toujours d’être dans la vérité des choses. Que ce soit en reportage ou dans mon travail artistique. Pour les portraits recomposés des métiers j’arrivais chaque fois dans un nouvel univers, dans lequel il fallait que je trouve une mise en scène à réaliser dans un temps donné. L’idée est justement de traduire leur réalité et de valoriser leur métier. Concernant mon travail de recomposition sur les carrefours urbains, je reste pendant plusieurs jours voire plusieurs mois à observer le même lieu, les espace-temps se mélangent, on se trouve davantage dans une sphère onirique.
Tous ceux qui vont passer devant l’exposition de vos assemblages de photos pourront-ils vous partager leur ressenti ?
Sur l’exposition, un lien vers mon site et mon compte Instagram est affiché à côté du texte qui présente mon travail. Des réactions, cela fait partie des surprises que ce travail va m’apporter, je les attends avec impatience. Cette exposition va durer six mois, elle est en plein air et donc accessible facilement, plusieurs évènements vont être organisés autour, alors oui, dans ce contexte actuel de culture mise à mal, je suis ravi, c’est vraiment un beau projet humain porteur de beaucoup de sens. Il y a beaucoup de noblesse dans ces métiers, je pense que ça va toucher les gens…
Site artistique : www.christophepouget.com
Instagram : christophe.pouget
FB : www.facebook.com/pouget.christophe
Réagissez aussi sur les comptes Facebook, Twitter, LinkedIn et Instagram de la fédération
Une interview à retrouver dans le JBTP du 4 février 2021.