Au sein de la fédération BTP Rhône et Métropole, sept commissions réunissant un large éventail d’intervenants planchent sur le présent et surtout l’avenir du secteur. François Reppelin, directeur de Reppelin Entreprise, spécialisée dans les traitements de façades et l’isolation extérieure dont le siège est à Chassieu, est le président depuis début 2020 de la commission Énergie et Bâtiment responsable.
Quel est l’objet de la commission que vous présidez ?
Notre but est de suivre l’actualité qu’il peut y avoir autour des nouvelles règlementations énergétiques sur les parties construction et rénovation des bâtiments. Il s’agit d’une commission inter-métiers dans laquelle sont représentées toutes sortes d’entreprises. Tous les acteurs des différents corps d’état de l’acte de construire s’y retrouvent avec chacun ses problématiques particulières.
Vous vous réunissez souvent ?
En général, nous avons une réunion tous les deux mois – avec Frédéric Wolf, permanent à la fédération qui est l’animateur de la commission, pendant lesquelles nous échangeons sur les thèmes choisis en début d’année.
L’idée de la commission, c’est vraiment d’échanger, de partager des expériences et d’en faire profiter l’ensemble des adhérents de BTP Rhône et Métropole. Nous allons commencer cette année par un exposé sur la RE2020 (Réglementation Environnementale, remplace la RT2012, NdlR) en abordant notamment cycle de vie et poids carbone des matériaux pour aider les entreprises à évaluer les enjeux et à réaliser elles-mêmes les calculs par rapport aux nouvelles normes.
Les entreprises ne sont pas toutes prêtes pour ce rendez-vous avec la nouvelle réglementation environnementale…
C’est pour cela qu’elle vient d’être repoussée à 2022. La difficulté est surtout de parvenir à comprendre tout ce qu’elle comporte et induit. Cette réglementation va entraîner des changements de modes de construction, notre souci est donc avant tout de la déchiffrer.
Il va falloir changer de matériaux, de process ?
C’est encore trop tôt pour le dire. Ce sont les bureaux d’études qui vont devoir en premier traduire ces nouvelles normes qui impacteront je vous l’ai dit nos modes de construction, avec peut-être des systèmes d’isolation posés plus vers l’extérieur que l’intérieur par exemple pour assurer le confort d’été. Aujourd’hui les matériaux et systèmes industriels existent, on va juste construire différemment.
On évoque également la fin du gaz ?
Oui, a priori pour les nouvelles constructions, fin du gaz à moyen terme. Nous avons au sein de la commission des chauffagistes qui sont directement impactés. Nous ne comprenons d’ailleurs pas cette décision, au moment où la filière a de gros projets de production de gaz vert. La problématique, nous le savons, ce sont les Accords de Paris sur la neutralité carbone, qui risquent de déstabiliser ces filières pourtant déjà organisées pour baisser leur empreinte. On prend un virage à 180 degrés et on s’oriente c’est sûr vers le tout électrique ou presque.
L’État et la Métropole de Lyon se sont engagés sur la rénovation thermique des bâtiments. Votre commission est en première ligne sur ces sujets ?
Nous avons travaillé en 2020 sur le panel d’aides nationales et locales à la rénovation et présenté plusieurs plateformes, comme celle de la Métropole de Lyon « Ecorenov’ », ce qu’elles proposent, comment elles fonctionnent. Nous accompagnons les points info-énergie du Rhône que sont l’ALTE69 et l’ALEC Lyon, organismes qui sont chargés d’informer et d’accompagner les particuliers ou les copropriétés dans leurs démarches. Nous avons des liens importants avec ces organismes, en particulier grâce à la présence de certains des membres de la commission dans leurs conseils d’administration. On s’aperçoit d’ailleurs que ces organismes sont déjà très sollicités.
Les marchés de rénovation du parc public sont-ils déjà dans les circuits ?
Aujourd’hui c’est mou. Avec le Covid tout a pris du retard. Les appels d’offres sur la rénovation, comparé aux années antérieures, 2018-2017, sont en chute. Les annonces sont là, les feux sont au vert, c’est positif. En revanche, cela ne se traduit pas encore dans les appels d’offres.
Vous avez abordé la ZFE (Zone Faibles Émissions) dans votre commission ?
C’est un vrai problème pour les entreprises. Quels sont les moyens alloués aux entreprises pour s’équiper ? Quelles sont les alternatives aujourd’hui disponibles et adaptées à nos métiers ? Quel est le réel impact environnemental de notre flotte selon les usages ? Ce sujet fait l’objet d’un groupe de travail ad hoc au sein de la Fédération.
L’ensemble de ces mesures rend-elle optimiste le président de commission que vous êtes ?
Je suis d’un naturel optimiste. Toutes les entreprises du Bâtiment savent s’adapter, nous avons vécu des cycles et de nouvelles réglementations, notre problème est que certaines décisions n’arrivent pas obligatoirement au bon moment dans le contexte de difficultés liées à la pandémie. Alors que l’on ressort d’une période compliquée, ce bouquet de normes qui arrive crée obligatoirement des tiraillements. Mais je ne suis pas inquiet, nous allons y arriver.
Une interview à retrouver dans le JBTP du 11 mars 2021