Gaëlanne Taillieu-Pividal : « Il faudrait que tous les mois soient les mois de la femme »

La fédération BTP Rhône et Métropole a décidé en ce mois de mars 2022 de rendre hommage aux femmes engagées dans les métiers du Bâtiment et des Travaux Publics.

Gaëlanne Taillieu-Pividal, codirigeante de l’entreprise PIVIDAL avec son frère jumeau Landry Pividal, une entreprise d’électricité d’une vingtaine de personnes basée à Givors, préside le groupe « Femmes dirigeantes ».

Vous avez combien d’adhérentes au groupe « Femmes dirigeantes » de la fédération ?

Nous sommes toujours soixante-cinq avec une bonne vingtaine d’adhérentes très assidues qui sont soit des femmes dirigeantes soit des collaboratrices avec un fort pouvoir de décision. L’idée à la base était de réunir les « femmes de » qui ont toujours une mission très importante en entreprise, les sortir de l’ombre, et leur donner des clefs pour leur travail. Notre groupe est une des chambres avec le groupe « Jeunes dirigeants » et les chambres territoriales où tous les métiers et toutes les tailles d’entreprise sont réunis. Nous travaillons de manière transversale. Et je le précise, si c’est nécessaire, ce n’est en rien un groupe « féministe ». La création de ce groupe « Femmes » s’est imposée car leur importance dans le fonctionnement des entreprises s’est révélée tout doucement et qu’il a fallu renforcer leur professionnalisation et valoriser leur rôle dans la gestion des entreprises. Nous sommes complémentaires des hommes, avec des qualités ou des fonctionnements différents.

Lesquelles par exemple ?

Une femme sera plus sensible sur les détails, plus proche de l’humain, ce qui est essentiel à notre époque notamment avec les jeunes, nous sommes plus à l’écoute… Et puis nous sommes plus obstinées, nous ne lâchons rien… et nous avançons ensemble, en réseau.

Y a-t-il de plus en plus de femmes sur les chantiers ?

Non, sur les chantiers on en trouve encore trop peu. Dans ma structure et mon secteur, l’électricité, je n’ai eu que deux femmes sur le terrain depuis 2007. Et pourtant j’ai vraiment l’envie de recruter des femmes, mais je n’en trouve pas. J’ai eu cela dit une stagiaire en bac pro qui est venue quelques semaines chez nous, elle avait une énergie et une envie incroyables. J’espère qu’elle viendra chez nous une fois son bac en poche.

Vous en voyez de plus en plus en formation ?

Cela dépend des corps de métier. Dans la peinture par exemple, on en trouve quelques-unes, en électricité en revanche, franchement non. Je fais des interventions de présentation de mon métier dans des lycées professionnels et je n’en vois pas.

D’une façon générale quels métiers choisissent les femmes dans le BTP ?

Les ressources humaines, la gestion, l’administratif, les métiers des bureaux d’études, la qualité et la sécurité… C’est dans la catégorie des cadres que la proportion des femmes progresse le plus rapidement. De la même façon, en formation initiale, plus le niveau de formation est élevé, plus la part des femmes augmente.

Comment selon vous briser les stéréotypes qui bloquent la féminisation de vos métiers de terrain ?

Les stéréotypes sont selon moi déjà en partie brisés. Beaucoup de barrières sont tombées. Sur les réunions de chantier par exemple, d’abord nous sommes plus nombreuses, et ensuite nous sommes respectées pour ce que nous savons-faire, nous avons vraiment notre place.

Que faites-vous exactement au sein du Groupe Femmes que vous présidez ?

Échanges de bons procédés, de flops aussi, visites d’entreprises, partage surtout, partage de documents par exemple afin que chacune de nous cesse de refaire ce qu’une autre a déjà produit. Cela allège beaucoup notre quotidien… On s’échange des idées. Il n’y a pas de concurrence entre nous. Sinon, nous avons une réunion par mois menée par des intervenants avec des thèmes définis en début d’année sur des sujets d’actualité qui peuvent toucher tous les domaines, comme la finance, l’environnement, l’économie, ou le droit… Bien sûr si l’actualité nous conduit à changer notre thème du jour, nous le faisons. Nous sommes aussi à la disposition de la fédération pour aborder n’importe quel sujet, apporter notre aide sur des organisations ou donner notre point de vue de femmes dirigeantes. Nous sommes toutes investies pour témoigner afin de rendre nos métiers plus visibles et susciter des vocations

Pour conclure, ce mois de la femme vous semble-t-il aujourd’hui encore nécessaire ? Il faudrait juste que tous les mois soient les mois de la femme. Un mois dédié ne vaut pas une vie dédiée. C’est tout le temps que l’on doit éduquer les équipes et nos enfants.

A lire dans l’édition du Journal du BTP du 10 mars 2022.