Céline Peleszezak : « Il faut avoir l’esprit ouvert et penser que tout est possible et accessible à ceux qui veulent le faire »

La fédération BTP Rhône et Métropole a décidé en ce mois de mars 2022 de rendre hommage aux femmes engagées dans les métiers du Bâtiment et des Travaux Publics.

Céline Peleszezak, 41 ans, est la présidente de PMP Management, holding de trois filiales : Soterly, et Beylat TP, spécialisées dans le désamiantage, le déplombage, la déconstruction sélective, le terrassement, la dépollution des sols, la maçonnerie, la VRD, et Revaga, plateforme de tri et traitement des déchets des chantiers du BTP. Elle est aussi trésorière de la fédération BTP Rhône et Métropole.

Comment êtes-vous arrivée à la tête d’un groupe de plus de 130 personnes ?

J’ai intégré l’entreprise familiale en 2005 sur un poste de responsable RH QSE, après avoir fait un master en management et gestion des ressources humaines. Puis je suis devenue directrice d’une des entités en 2008, et directrice générale du groupe en 2012 pour me préparer à la reprise de l’entreprise. Au départ à la retraite de mon papa, il y a deux ans, je suis devenue présidente. J’ai deux sœurs qui travaillent à mes côtés, Aurélie, responsable des ressources humaines, et Manon, qui dirige Revaga.

Trois sœurs dans l’entreprise ? Cela prouve au moins que votre papa ne vous en n’a pas dégoutées !

Je n’étais pas forcément attirée par le milieu du BTP avant de le connaître. J’avais fait des jobs d’été, notamment un où j’ai préparé la certification ISO 9001 d’une des filiales. En fait j’ai intégré l’entreprise avec l’opportunité d’un poste qui correspondait à ma formation, et j’ai alors découvert un milieu très intéressant.

Vous embauchez beaucoup de femmes ?

Oui quand j’en ai l’opportunité, mais nous n’avons pas beaucoup de candidatures féminines sur les métiers de terrain ou d’exploitation. Nous recherchons avant tout des personnes compétentes qui partagent nos valeurs, femmes ou hommes, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de féminiser à tout prix les équipes. Il me semble très important de laisser l’opportunité à des femmes motivées de s’investir dans nos métiers et leur donner la même chance qu’à un homme, mais aller à tout prix prêcher la bonne parole à des personnes pas concernées me paraît un peu vain.

Pourquoi les femmes pourraient ne pas se sentir concernées, notamment sur les chantiers ?

Je pense que ce sont des métiers où les conditions physiques nécessaires peuvent faire peur à certaines femmes, c’est ensuite un métier qui véhicule une image qui reste très masculine.

Quelles sont les qualités qu’une femme peut apporter à la différence d’un homme ?

Une femme n’apporte pas plus qu’un homme et réciproquement. Je ne pense pas qu’il y ait des qualités propres aux femmes et propres aux hommes. Cela dit, je pense que la mixité est riche à tous les niveaux. Nous sommes juste complémentaires.

Alors comment briser les stéréotypes ?

Je dirai aux femmes qu’elles aient confiance en elles. Il faut avoir l’esprit ouvert et penser que tout est possible et accessible à ceux qui veulent le faire.

La technologie peut-elle aider à ouvrir les métiers aux femmes ?

Oui. La technologie et l’évolution de nos métiers avec des avancées considérables ces dernières années. La profession a fait énormément d’efforts et de progrès pour améliorer les conditions de travail.

La discrimination et l’inégalité – par exemple des salaires – existent-elles encore dans le BTP ?

(rires). Je ne suis pas sûre que ce soit fini. Je pense qu’il nous faut être prudents à conserver ce que des femmes ont mis des années à acquérir.

Vous avez été présidente du groupe Femmes, qu’est-ce qui vous a guidée ?

J’ai été animée par le besoin de créer du lien et de la solidarité entre les femmes chefs d’entreprises ou les collaboratrices, parce que nous avons des missions qui ne sont pas toujours faciles à accomplir, avec le risque de se retrouver un peu seules à la tête de son entreprise avec une multitude de problèmes à régler. On se rend vite compte qu’on n’est pas seules et notre groupe permet parfois de trouver des solutions. L’échange et le partage sont toujours riches.

Ce n’est pas discriminant d’avoir un groupe Femmes et pas de groupes Hommes ?

Oh, mais il y a plein de groupes Hommes ! Non, nous restons tout de même une minorité, nous avons des choses à échanger.

Pour finir, un mois de la femme est-il encore nécessaire aujourd’hui ?

C’est une grande question. Oui pour ne pas oublier un passé qui n’est pas si éloigné. Non parce que cela peut être un peu discriminant.

A lire dans l’édition du Journal du BTP du 24 mars 2022.