La première « Lettre E » comme Écocitoyenneté, Écologie ou encore Environnement, a connu un véritable succès d’audience. L’initiative de la fédération BTP Rhône et Métropole de vouloir partager avec les acteurs économiques et institutionnels ses engagements, ses interrogations, mais aussi ses solutions sur tous les sujets liés à l’économie circulaire a largement convaincu. C’est pourquoi nous avons choisi de faire profiter les lecteurs du Journal du BTP de la variété et la qualité des intervenants en reprenant ici l’essentiel de leurs interviewes.
La « Lettre E » de ce début d’année avait choisi pour thème : la ZFE (Zones à faibles émissions) dont les échéances et modalités en font un vrai sujet d’actualité. Manuel Da Mota participait à ce premier numéro.
Manuel Da Mota, 43 ans, est le président depuis 2005 du groupe de travaux publics MD, (113 personnes-5 filiales) dont le siège est à Mions.
Comment préparez-vous votre entreprise à mieux respecter l’environnement ?
Depuis 3-4 ans, nous essayons les nouvelles technologies, notamment sur nos véhicules. Nous sommes aujourd’hui à 69 % de véhicules propres et notre moyenne Crit’air tourne autour de 1,5. Cela dit, il existe des limites techniques et économiques à nos efforts.
Quelle a été votre action ?
Pour nous, le véhicule électrique ne peut pas être dédié à tous les besoins. Les VL électriques, des Zoe, sont attribués à ceux qui travaillent dans Lyon. Les VL hybrides, Clio et 3008, permettent d’aller un peu plus loin. Nous avons aussi des Kangoo électriques et des Doblo au gaz. Pour nos camions bennes 3,5 T, nous avons des diesel classiques Crit’air 2 et quatre fonctionnant au gaz. Et enfin nous avons aussi une – et bientôt deux – mini pelle au gaz. Nous avons essayé des camions électriques, vraiment plus chers, mais l’autonomie n’est que de 130 km, soit une demi-journée de travail. Et enfin nous avons installé des bornes de recharge rapide sur le site de l’entreprise. Pour être vertueux tout en respectant nos besoins, nous devons avoir ce triptyque gaz-électricité-diesel.
Quelles sont les contraintes du gaz pour vos 3,5 T et poids lourds ?
A Mions, nous avons la chance d’être proches d’une station, le problème reste tout de même le manque de sites délivrant du GNV. Si une entreprise a la volonté de prendre des camions aux gaz, sans station à proximité, elle n’investira pas. En plus, il faut attendre aujourd’hui plus d’un an pour être livré ! Autre exemple de limite technique : nous voulions passer nos aspiratrices au gaz, mais nous perdions en puissance, ce qui n’est pas possible pour du matériel loué.
Financièrement vous vous y retrouvez ?
Honnêtement non, c’est un investissement à long terme et un état d’esprit.
Pour 2026 il faudra de nouveau changer vos véhicules diesel Crit’air 2…
Oui, si cela reste d’actualité. Car changer une flotte complète coûte très cher. Toute la profession a envie de bien faire, mais il nous faut du temps et des prix à la baisse. Je ne pense pas que nous soyons prêts à payer 60 à 70 % de plus le prix de location d’un camion électrique pour être à zéro émission. D’autant qu’il en faudrait deux pour effectuer le travail d’un camion diesel à cause des problèmes de batterie : un le matin, un l’après-midi. Il faut donc que les pouvoirs publics nous aident financièrement pour arriver à zéro émission. 2026 c’est donc selon moi un peu tôt pour que l’on puisse tout renouveler, surtout, je le répète, que techniquement on ne sait pas encore faire.