Membre du comité financier, ancien président de la Section TP, ancien 1er vice-président de la fédération BTP Rhône, François Guillon est en charge de la copropriété du siège de la rue Condorcet. Cette copropriété est partagée entre la fédération départementale BTP Rhône, la FFB région Auvergne Rhône-Alpes et la FNTP. Il est également chef de projet – bénévole – dans le cadre du comité de pilotage d’exécution qui supervise les travaux de la rénovation du bâtiment du siège de la Fédération.
Où en est la rénovation du siège de la rue Condorcet ?
Les travaux ont commencé en septembre 2021 avec l’enlèvement des remblais et de la végétation autour du bâtiment. Puis les travaux de dégarnissage et de déconstruction du bâtiment ont pu être lancés. La maison de gardien n’a pas encore été démolie puisqu’elle nous sert de base vie notamment pour les réunions de chantier.
Vous mettez l’ancien bâtiment à nu ?
Oui. Il s’agit de vider entièrement le bâtiment de tout ce qui l’équipait, façades, cloisons, réseaux et aménagements divers, afin de reconstruire ensuite sur la structure béton de base, c’est-à-dire à partir du sous-sol, des murs et des plateaux. Il ne restera que des éléments de structures lourdes. Les façades seront différentes, les équipements seront différents, l’intégralité des grandes fonctions techniques seront renouvelées.
La phase de déconstruction est achevée ?
Cette phase de dégagement et démolition-déconstruction était prévue pour durer trois mois, mais nous avons découvert des éléments amiantés complémentaires qui n’avaient pas pu être identifiés dans les diagnostics réalisés au démarrage. L’amiante était très utilisé dans les années 70, à l’époque donc où le siège a été construit. Résultat, des interventions lourdes supplémentaires ont été nécessaires pour traiter cet amiante, parfois avec l’installation de sas fermés et ventilés. Ces travaux de désamiantage sont réalisés par le groupement de deux entreprises adhérentes dans le cadre de leur marché et d’un avenant complémentaire.
Cette découverte d’amiante a stoppé net le travail de déconstruction des entreprises présentes sur le chantier ?
Dans certaines zones oui, c’est le cas du troisième étage qui a été sous sas. Sinon, les entreprises ont simplement adapté leur travail dans d’autres endroits où l’amiante est lié au matériau. Dans tous les cas les zones sont identifiées, marquées, et les entreprises savent ce qu’elles peuvent déconstruire ou non.
Le tri des déchets prend donc une ampleur encore plus significative sur le chantier ? Comment procédez-vous ?
Outre l’amiante qui a son process spécifique, nous traitons les déchets avec un tri méthodique que l’on peut voir avec les nombreuses bennes différentes qui reçoivent les matériaux à évacuer, verre, aciers, aluminium, bois, placo, béton, et aussi des revêtements de sol. Il y a aussi de la terre végétale qui était présente sur les terrasses des étages. Une partie est dirigée vers des décharges, l’autre est revalorisée dans des entreprises spécialisées. Nous nous efforçons d’être exemplaires sur ce sujet, nous avons sensibilisé chaque entreprise et nous ferons le point en fin de chantier sur ce qui a pu être réemployé ou non.
Vous avez commencé par démolir le sous-sol ?
Il y avait dans l’espace central du sous-sol une zone de stockage d’archives et également la présence de groupes de ventilation. Tout a été démonté et évacué. Nous allons revoir complètement le parking avec des places pour les véhicules électriques, des bornes de recharge, et un espace dédié aux modes de transport doux. D’une manière générale, le bâtiment va accueillir des éléments de ventilation et de chauffage tout à fait différents de l’existant, avec des caractéristiques environnementales et thermiques à la pointe de la technique. Nous adaptons également la structure pour que les ascenseurs puissent descendre au sous-sol.
Quelle est la nouvelle dead-line pour la démolition-déconstruction ?
Nous pensons que, fin juin, le bâtiment sera complètement désossé et permettra le démarrage de tous les corps d’état pour la reconstruction. Nous commencerons par compléter l’ossature gros œuvre dans certaines zones, et puis il faudra reconstituer les étages du haut, notamment en structures métalliques, et le gros chantier de la rentrée sera la reconstitution des façades, première et seconde peau.
Vous utilisez le BIM (Building Information Modeling) comme prévu ?
Nous avons utilisé le BIM pour les études en phase chantier et pour pouvoir mettre en place des systèmes d’exploitation très modernes après travaux. L’ensemble du bâtiment est modélisé, informatisé, afin de pouvoir utiliser tous les éléments qui ont servi à le construire et à l’équiper notamment pour l’exploitation de ce bâtiment qui se veut « 4.0 ».
Des délais qui s’allongent sont synonymes de surcoûts, surcoûts qui vont s’additionner avec la hausse des prix des matériaux. L’enveloppe pour la rénovation du siège va s’alourdir ?
L’enveloppe est effectivement en augmentation. Nous suivons cela avec beaucoup d’attention et de vigilance. Cela fait l’objet de multiples discussions avec les entreprises pour avancer au mieux dans un contexte de respect à la fois des comptes de la fédération et des coûts qui pourraient être subis par les entreprises intervenant sur le chantier. Ce siège est un outil pour les entreprises, financé indirectement par les entreprises, et construit par les entreprises. L’esprit de dialogue prévaudra.
Publié dans le Journal du Bâtiment et des Travaux Publics en Rhône-Alpes du 2 juin 2022