Aurélie Martin-Jarry : « le groupe Roche et Cie a toujours été ma maison »

Entrée comme stagiaire puis alternante chez Roche et Cie, il y a 18 ans, Aurélie Martin-Jarry participe à la reprise de l’entreprise dans laquelle elle a fait toute sa carrière, depuis assistante comptable jusqu’à DG. Une reprise partagée avec deux amis, Lucas Garin, fils de Michèle Roche, qui a rejoint le groupe en 2016, et Aurélien Revol, qui dirigeait un bureau d’études sur Lyon.


Interview d’un symbole de l’ascenseur ou plutôt de l’élévation sociale, comme sait en offrir le BTP.

Créée en 1951 par René Roche, père de Michèle et Patrick, Roche et Cie est une entreprise spécialisée dans la peinture et le ravalement de façades. C’est aujourd’hui un groupe composé de cinq sociétés et fort de de près de deux cents collaborateurs dont le siège est à Vénissieux.

Quand avez-vous rejoint Roche et Cie ?

Je suis entrée en 2004 comme stagiaire puis j’ai fait un BTS comptabilité en alternance. J’ai été formée par les comptables et experts-comptables de l’entreprise, les RH, la Direction, les avocats conseils…

J’ai beaucoup appris, à la fois grâce à cette formation par alternance à laquelle je tiens beaucoup et aussi « sur le tas » comme on dit.

Et vous êtes devenue DG et en partie actionnaire… 

Je suis devenue DG en 2019. Aujourd’hui, Michèle et Patrick partent à la retraite. Nous avons repris l’entreprise le 17 mai dernier, Lucas Garin, Aurélien Revol et moi-même.

Lucas – nouveau Président de Roche et cie – a rejoint l’équipe en 2016 pour créer notre filiale de désamiantage.

Nous avons beaucoup travaillé ensemble sur l’aspect juridique, la gestion prévisionnelle et la création de la structure dans laquelle je n’étais pas associée à ses débuts.

Nous nous sommes très bien entendus, et la suite s’est faite toute seule. Le rachat du groupe a été une évidence, pour Michèle et Patrick également. Michèle est ravie de voir une femme lui succéder. Aurélien, DG également, s’occupera de toute la partie études et commerciale.

Combien de sociétés composent le groupe ?

En plus de la peinture et du ravalement de façades, nous faisons du désamiantage, de la démolition, de l’installation d’échafaudages et de la mise à nu des supports, cinq sociétés complémentaires dans leurs activités.

Pour vous, ce n’est plus la même musique du jour au lendemain. Salariée et aujourd’hui codirigeante, comment vivez-vous cela ?

Cela n’a strictement rien changé pour moi, c’est bizarre, et en même temps tellement naturel, ce groupe a toujours été ma maison, je n’ai pas le sentiment d’en faire plus, cela n’a pas changé ma vie.

Et je suis vraiment très heureuse d’avoir pu saisir cette opportunité.

Comment a réagi le personnel ?

Mon père a travaillé chez Roche comme conducteur de travaux, et tous les anciens compagnons et chefs de chantier sont contents de cette stabilité. Dans les bureaux, cela ne change pas grand-chose, tout le monde me côtoie depuis longtemps.

Michèle Roche avait – selon elle – la réputation d’être une « enquiquineuse », c’est aussi votre cas ?

J’attache une grande importance au relationnel, c’est mon point fort, mon point faible est peut-être de prendre les choses à cœur, mais je suis beaucoup dans l’écoute et la communication.

Je fais en sorte que les équipes aient envie de venir travailler chaque matin, c’est primordial. Du coup je ne suis pas forcément une enquiquineuse, mais j’ai la faculté de dire franchement les choses en souriant, sans que les gens ne m’en tiennent rigueur.

Votre trio va-t-il révolutionner l’entreprise Roche et Cie ?

Nous serons dans la continuité. On me demande souvent à l’extérieur ce que nous allons faire en plus. Je réponds toujours que nous allons déjà essayer de faire la même chose, aussi bien. Avec Lucas, nous insistons déjà sur le bien-être au travail et continuons de fidéliser notre personnel comme le faisaient Michèle et Patrick. Chez Roche, il n’y a pas ou peu de départs.

Vous connaissez des problèmes de recrutement ?


Oui, c’est compliqué comme pour tous en ce moment. Nous essayons de privilégier l’apprentissage, souvent avec l’aide de la fédération, mais cela reste très compliqué. Beaucoup souhaitent rester libres et privilégient l’intérim ou l’auto-entreprenariat, sans être embauchés. Ils ne veulent pas avoir de contraintes de patrons ou d’horaires. Notre RH passe énormément de temps sur ces problématiques.

Autre sujet d’actualité : les prix des matériaux ?

Nous disposons d’un service achat efficace qui arrive à nous maintenir de bonnes conditions tarifaires, mais cela devient très compliqué, nous avons vu grimper les prix des bardages, de l’isolation et le petit outillage est en train de suivre le même chemin. Reste à espérer que cette crise ne durera pas trop car nous voulons éviter de répercuter fortement ces hausses sur nos prix afin de ne pas pénaliser nos clients. Nous sommes dans l’inconnu.

Est-ce que les marges sont en danger dans votre secteur d’activité ?

Evidemment, les fortes hausses sur les prix du carburant et des matériaux nous inquiètent. Pour le moment, nous essayons de limiter leur impact en mettant en valeur la qualité de nos prestations. Nous avons souhaité également revaloriser les salaires de nos collaborateurs pour limiter sur leur quotidien l’impact des différentes hausses de prix.

Le secteur le plus impacté est l’échafaudage compte tenu de l’évolution des prix des métaux.

Bien d’autres entreprises du BTP ont beaucoup plus de difficultés que nous.

Vous faites partie du groupe Femmes de la fédération ?

Depuis peu, et j’en suis ravie. Nous échangeons sur énormément de problématiques et cela permet de voir comment d’autres personnes fonctionnent sur plein de sujets dans l’entreprise, c’est vraiment appréciable. C’est très riche en informations.