Maxime Hayes : « Notre défi est de ne pas perdre à chaque fois »

Au sein de la fédération BTP Rhône et Métropole, vingt-six chambres syndicales réparties sur cinq sections, et quatre chambres territoriales, œuvrent au plus près des adhérents. Nous avons choisi de suivre le travail de chacune de ces chambres en posant sensiblement les mêmes questions à chacun des présidents.

Maxime Hayes est co-gérant de l’entreprise Juste, spécialisée dans la plomberie, le chauffage la ventilation et la climatisation (10 personnes, siège à Vaulx-en-Velin). Il est depuis deux ans le président de la chambre « Génie Climatique Plomberie » de la section Équipement technique.

Quelles sont les activités couvertes par la chambre « Génie climatique Plomberie » ?

Le champ est relativement large. Le génie climatique, c’est à la fois « le chaud » et « le froid », climatisations et pompes à chaleur, mais aussi tout ce qui est chaudières, chauffages, etc.. La partie plomberie, c’est tout ce qui est installations sanitaires, réseaux de distribution et d’évacuation d’eau, eaux usées, pluviales… La chambre réunit une centaine d’adhérents, des entreprises de toutes tailles, de l’artisan au grand groupe national avec plusieurs milliers de salariés.

Comme tous les métiers du Bâtiment, vous devez composer avec l’inflation. Comment se portent vos adhérents ?

Nous avons connu des hausses exponentielles de l’acier et de l’ensemble des métaux. Aujourd’hui, les cours sont à la baisse, baisse que nous n’avons pas encore ressentie sur nos achats. Nous avons subi comme tout le monde la hausse des carburants, à ceci près que les déplacements font partie inhérente de notre profession. Et même si la situation s’est un peu apaisée sur ce plan, les hausses de carburant ont pesé sur nos marges. Enfin, autre gros problème, nous avons dû faire face à une augmentation des délais voire une pénurie de composants électroniques de certaines marques de chaudières, avec pour conséquence des retards de pose chez les clients.

Avez-vous pu répercuter une partie de ces hausses sur vos devis ?

C’est très compliqué. Certains d’entre nous parviennent à discuter avec les donneurs d’ordre, lotisseurs, promoteurs, ou même certains clients particuliers, avec quelques résultats. Le terrain d’entente se fait surtout sur le matériel, chaudières ou radiateurs. Avec les donneurs d’ordre public, nous avons des marchés à révision, c’est un peu plus codifié et donc plus simple.

En corollaire, votre profession a-t-elle déjà augmenté les salaires ?

De nombreux adhérents l’ont fait, ou trouvent des solutions sur les frais, l’utilisation des véhicules. Entre notre personnel qu’il faut augmenter, et celui que l’on recrute qu’il faut payer correctement dès son arrivée pour le convaincre de venir chez nous, il faut faire attention de ne pas exploser les grilles dans ce contexte de marges réduites.

Comment se porte l’activité dans votre secteur ? Avec la sécheresse la demande de climatisation a-t-elle explosé ?

Il y a eu en effet une forte demande. Mais attention, le marché n’est pas si rose, nous nous retrouvons parfois face à des concurrents qui sous-dimensionnent leur proposition d’installation pour casser les prix, ce qui est un non-sens dans un contexte de recherche d’économie d’énergie. Il y a eu également une forte demande sur les pompes à chaleur avec la prime CEE (Certificat d’Économie d’Energie) et les effets d’annonces gouvernementales, mais là aussi le marché souffre d’un déficit de communication sérieuse sur des sujets comme l’arrêt du gaz, le remplacement des chaudières, etc.. On nous explique par exemple qu’il n’y aura pas assez d’électricité pour fournir tout le monde : il est donc impensable d’enlever toutes les chaudières pour les remplacer par des pompes à chaleur. D’autant que l’énergie verte existe aussi dans ce domaine.

Vos clients, notamment privés, cherchent-ils à remplacer leur vieille chaudière pour un matériel moins énergivore à l’approche de l’hiver ?

Oui, on sent bien qu’il y a une demande, ou du moins une réflexion sur le sujet, qui se heurte cela dit au coût du remplacement et aux délais. Avec l’inflation, les ménages revoient leurs priorités.

Donc pas de problème d’activité mais des marges en souffrance. Connaissez-vous des collègues qui travaillent à perte ?

Oui. Notre défi sur ces années compliquées est de ne pas perdre à chaque fois. Il faut savoir gérer la balance. Les trésoreries s’en ressentent, il ne faut pas le cacher.

Est-ce que la courbe des hausses se stabilise dans votre secteur d’activité ?

Comme je le disais précédemment, des baisses ont été annoncées, notamment sur l’acier, sans que cela parvienne encore jusqu’à nous. La répercussion des baisses par les industriels est beaucoup plus lente que celle des hausses…

Le recrutement reste compliqué dans votre branche ?

Nous avons besoin de personnel aguerri, à nous de les former, réellement, prendre du temps, même si je sais que c’est compliqué. Nous avons de très bons apprentis dans notre profession qui deviendront de très bons compagnons à l’avenir… c’est une note optimiste de notre entretien.

Quelle est l’attitude d’un président de chambre dans ce contexte ?

Il me faut essayer de motiver les adhérents, leur rappeler d’être prudents sur les contrats, expliquer que ce n’est qu’un passage… Nous avons la chance d’être des professionnels du Bâtiment, on a besoin de nous. Il est cela dit important de rappeler qu’il faut faire attention à ne pas nous faire une concurrence sauvage, sur les prix pratiqués comme sur les recrutements. Et si nous devons répercuter les hausses sur les devis à venir, attention de ne pas tenter de rattraper les pertes éventuelles des marchés passés en gonflant trop la note. Essayons de prendre de la hauteur, c’est difficile, mais il faut garder le rythme.