Arnaud Rollet : « Les bons profils finissent par nous manquer »

Créateurs ou repreneurs d’entreprises, de nombreux « nouveaux » – tous secteurs d’activité confondus, ont adhéré ces derniers mois à la fédération BTP Rhône et Métropole. L’occasion pour nous de vous les présenter au fil des semaines à venir, avant de pouvoir les croiser au cours d’un événement ou autre réunion.

Arnaud Rollet est co-gérant avec Salim Latreche de Solara, une entreprise d’Électricité Générale rachetée en 2020 (Villeurbanne, 18 personnes). Les deux associés viennent d’ouvrir une agence à Paris.

Quels sont les domaines d’activité de l’entreprise que vous co-dirigez ?

Solara est une entreprise historiquement spécialisée dans le domaine de l’électricité générale courants forts courants faibles. Nous sommes présents dans les secteurs du tertiaire et du retail, nous intervenons aussi partout en France dans des bâtiments historiques et la rénovation d’écoles ou d’hôtels pour le compte de grands donneurs d’ordre de la région et de grandes enseignes nationales. Nous assurons également une partie de leur maintenance. Une plus petite part de notre activité concerne les chantiers de particuliers. J’ajoute que nous développons une activité de travaux « clefs en main », l’idée étant de proposer à certains clients de gérer l’ensemble des corps de métier sur leur chantier. Car l’électricien est présent au début et à la fin, c’est un peu lui qui donne le tempo.

Vous avez quelle formation ?

Je suis ingénieur en génie civil. J’ai été embauché à l’issue d’un stage de fin d’études chez Eiffage Construction Lyon. J’y ai passé sept ans en conduite de travaux, jusqu’à ce que mon ami d’enfance Salim Latreche me présente cette opportunité d’investir avec lui dans Solara où il avait débuté en alternance. Salim a occupé ensuite divers postes qui l’ont amené jusqu’à conducteur de travaux et puis chef de projet dans un cabinet d’architecte, son dernier poste. Il est installé à Paris où nous avons une agence.

Comment se portent vos carnets de commande ?

Pour la petite histoire, nous sommes arrivés dans l’entreprise en même temps que le Covid. Je suis arrivé le lundi 16 mars au matin. Le 16 mars au soir nous fermions. Presque trois mois. En 2020 nous avons donc vu notre CA fondre de 30%. En 2021 cela a redémarré très fort, comme en 2022. Nous avons une forte croissance avec une visibilité sur plusieurs mois.

Pas de problèmes d’approvisionnement en matériaux ?

Non, pas encore, même si sur certaines références – tout ce qui fonctionne avec une carte électronique – nous connaissons quelques difficultés.

Donc juste des hausses de prix comme toute la profession ?

Pour nous ce sont surtout les câbles, dont les prix ont été multiplié par deux. Nous essayons de répercuter les hausses, mais ce n’est pas simple car nous avons des marchés à prix fermes qui datent parfois de 2019. Sur les gros travaux de réhabilitation, pour lesquels nous utilisons des kilomètres de câbles, nous sommes contraints de négocier, sinon nous ne pourrions pas suivre. Heureusement, nous avons des clients historiques avec lesquels nous avons des relations de confiance, ils sont plutôt ouverts à la discussion. Mais ce sont des process difficiles à mener : comment en effet répercuter des hausses sur des travaux effectués sur deux ans ? C’est très délicat à chiffrer. En revanche, nous parvenons à imputer les hausses des matériaux sur les dossiers chiffrés et réalisés cette année.

Avec ces hausses certains projets de travaux sont-ils repoussés ?

Nous ne le ressentons pas pour l’instant, notamment parce que nous réalisons peu de travaux pour les particuliers. En revanche, le temps de réponse aux devis est plus long, il peut prendre aujourd’hui plusieurs mois.

En deux ans votre effectif a grimpé de treize à dix-huit personnes, vous avez pu recruter facilement ?

Le recrutement est très compliqué pour nous aussi. Nous sommes face à un choc générationnel, avec des envies et une appétence au travail différentes des nôtres, même si les jeunes que nous avons sont vraiment de bons éléments. Ils ont une autre mentalité, une autre vision, à laquelle nous devons nous adapter. Sur les dix-huit salariés il faut compter quatre alternants terrain – CAP, BP et BTS – car nous favorisons la formation et l’apprentissage. Mais nous devons intégrer leur volonté marquée, une fois formés et autonomes, de très vite s’installer à leur compte en petite structure. Volonté que nous comprenons, puisque nous l’avons fait nous-mêmes. Reste que les bons profils finissent par nous manquer. Alors nous utilisons beaucoup la cooptation, le « bouche à oreille », en nous engageons à former les jeunes, les pousser à poursuivre leurs études, et enfin à les garder. Nous faisons également appel à l’intérim et à la sous-traitance.

Pourquoi avez-vous souhaité adhérer à la fédération ?

Pour utiliser le large panel de services support proposé, qui nous offre la possibilité de disposer de conseils précieux avant de prendre des décisions. Les services de la fédération ont une forte réactivité très appréciable. Leur soutien est essentiel. Nous adhérons aussi pour développer notre réseau, plus de 900 adhérents sur la partie lyonnaise ce n’est pas rien… Et enfin pour sortir de notre bulle, être informé sur les réglementations, les négociations au niveau national, etc.