Au sein de la fédération BTP Rhône et Métropole, vingt-six chambres syndicales réparties sur cinq sections, et quatre chambres territoriales, œuvrent au plus près des adhérents. Nous avons choisi de suivre le travail de chacune de ces chambres en posant sensiblement les mêmes questions à chacun des présidents.
Laurent Gibaud dirige la Marbrerie Générale du Rhône, (15 salariés, Lyon 9 et Genay) qu’il a rachetée en 2011, cinq ans après y être entré. MGR dispose d’une usine de découpe des blocs de pierre et effectue la pose. Il est président de la chambre « Taille de Pierre Marbrerie Funéraire et de Bâtiment » depuis deux ans et administrateur de RHONAPI, association qui rassemble plus de quatre-vingt professionnels de la filière pierre naturelle régionale.
Quel est le champ de compétences de la chambre que vous présidez ?
La marbrerie funéraire, la marbrerie de décoration – plans de travail de cuisines, salles de bains, piscines etc. La restauration du patrimoine ancien et la maçonnerie en pierre de taille. Nous sommes une quinzaine d’adhérents dont une majorité de représentants de la partie funéraire, avec deux ou trois salariés en moyenne.
Quels sont vos principaux donneurs d’ordre ?
Des particuliers en funéraire et décoration bien sûr, des architectes, et des copropriétés pour les réparations. Personnellement, nous travaillons en majorité pour des marchés publics, des marchés à bons de commande pour la ville de Lyon, et comme sous-traitant d’entreprises générales.
Il y a encore beaucoup de marbre dans les copropriétés lyonnaises ?
Oui ! Marbre ou pierre. On en trouve dans les halls d’entrée d’immeubles, sur les sols et parfois les murs, les marches d’escalier… et sur les façades du Vieux-Lyon où il y a beaucoup à restaurer. A Saint-Jean, c’est de la pierre du Beaujolais et de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or ; sur la presqu’ile, de la pierre de Villebois en Isère, et de Saint-Paul-les-trois-Châteaux, au sud de Valence, des pierres qui était acheminées par barges jusqu’à Lyon. Les immeubles plus récents ont été réalisés avec de la pierre de Bourgogne. Il y a vingt ans, la majorité des matériaux venaient de Chine, cela a été stoppé un peu avant le Covid par manque de rentabilité, en particulier dans le funéraire. La relocalisation est en marche.
Consommer local a pour corollaire l’exploitation de carrières. Comment faire avec les contraintes environnementales ?
Les règles et exigences ne nous rendent pas la tâche facile ; elles ne sont d’ailleurs pas toujours réalisables. Nous nous employons avec RHONAPI à rencontrer des élus locaux dont certains sont prêts à rouvrir des carrières afin que nos métiers perdurent avec de la pierre locale. A Morzine par exemple vient de s’ouvrir une carrière d’ardoise.
Comment se porte l’activité dans votre secteur d’activité ?
Pour nous, l’activité a été très bonne jusqu’à… aujourd’hui. Le funéraire est plus stable, ils ne connaissent pas vraiment de « trous » ni de « pics ». Nous souffrons des répercussions de l’inflation, de nombreux projets prévus pour cet automne sont freinés ou reportés, notamment dans les copropriétés où le manque de visibilité sur les dépenses à venir, en énergie par exemple, inquiète et rend prudent.
Vos prix ont beaucoup augmenté ?
Depuis septembre, les coûts des matériaux commencent à augmenter, ceux de l’énergie deviennent intenables. Et l’inflation se traduisant également par des hausses de salaires – 3/4% en début d’année et 5 à 8% en janvier prochain – nos prix sont à la hausse. Avec pour résultat une baisse d’activité et une participation à la création de l’inflation. Un cercle vicieux. Les particuliers vont regarder nos devis d’un autre œil, et les collectivités vont se concentrer sur leurs dépenses d’énergie et frais de fonctionnement. Cette spirale est anxiogène.
Dans ce contexte, vous ne recrutez plus ?
Pour faire face à de gros chantiers prévus pour cet automne mais repoussés, nous avons recrutés deux apprentis en CAP chez MGR qui sont excellents et que nous aimerions pouvoir garder. Le recrutement est très difficile dans notre branche d’activité. En espérant que la crise ne perdure pas trop longtemps. Nous avons la chance de faire un métier passionnant, avec un personnel impliqué.
Quel est le rôle d’un président de chambre dans ce contexte ?
Nous n’avons pas tous les mêmes problèmes. Mon rôle est avant tout d’informer, ce qui n’est pas simple puisque tout change à grande vitesse, et de réunir les adhérents afin de profiter des solutions mise en œuvre par les uns ou les autres. Et enfin d’utiliser nos réseaux pour s’entraider.