Stéphane Betton : « Il faut être patients encore quelques mois, l’activité est devant nous »

Au sein de la fédération BTP Rhône et Métropole, vingt-six chambres syndicales réparties sur cinq sections, et quatre chambres territoriales, œuvrent au plus près des adhérents. Le Journal du BTP a choisi de suivre le travail de chacune de ces chambres en posant sensiblement les mêmes questions à chacun des présidents.

Stéphane Betton est le directeur régional Rhône Auvergne de NGE (Nouvelles Générations d’Entrepreneurs) groupe français de Bâtiment et surtout Travaux Publics (450 personnes sur la région). Il est depuis un an le président de la chambre « Voierie urbaine et départementale », et président de Rhôninsérim BTP, ETTI d’insertion depuis 6 ans.

Quel est le champ de compétences de la chambre que vous présidez ?

Les voieries urbaines comme son nom l’indique ainsi que l’aménagement des espaces publics sur la métropole et le département. Nous sommes une quarantaine d’adhérents, de la PME aux majors. Une chambre dynamique ce qui est plutôt agréable et motivant.

Vos donneurs d’ordre sont avant tout publics ?

Oui, à hauteur d’environ 70%. La Métropole de Lyon, le Sytral, la SERL, les différents bailleurs sociaux, les communautés de communes sont les principaux maîtres d’ouvrages.

Comment se portent vos adhérents en cette fin d’année ?

Nous avons eu une activité disparate en 2022, mais globalement tout le monde a travaillé. Nous sommes dans l’expectative pour 2023 avec quelques craintes liées aux différentes problématiques actuelles : hausse des coûts des matières premières, projets qui tardent à sortir. La PPI de la Métropole n’est par exemple toujours pas active, et l’essentiel des travaux de VRD pour le Sytral est pour l’horizon 2024. Le premier semestre de l’année prochaine est donc source de craintes même si nous allons bénéficier des premiers marchés lancés par le Sytral dans les semaines à venir, comme les déviations de réseaux ou les marchés préparatoires. Il y aura peut-être un peu d’attente et potentiellement de l’activité partielle pour certains, nous devons rester vigilants.

Et ce n’est pas le marché privé qui peut vous aider à franchir le cap…

Notre avenir proche est en effet pour beaucoup entre les mains du Sytral et de la Métropole. Nous savons par expérience que les trois dernières années de mandat sont toujours riches en activité. Côté privé, nous connaissons les premiers ralentissements, à l’instar du neuf dans le Bâtiment qui risque de connaître des moments difficiles ces prochains temps.

Hors Métropole, les communautés de communes et le département ont-ils pu vous aider ?

Pendant les trois dernières années, ce sont eux qui ont porté l’activité. Heureusement qu’ils étaient là. Mais ils sont confrontés aujourd’hui à des hausses de coûts de fonctionnement. L’investissement passe au second plan. Cette situation est encore plus prégnante dans les petites collectivités.

Comment se tiennent les trésoreries globalement ?

Nous faisons face aux augmentations des prix des matières premières et des salaires… Nos marges sont donc réduites. D’autant que nous avons du mal à répercuter les hausses successives, certaines sont encore annoncées pour le début d’année prochaine, comme le béton, les ciments, le PVC… Ce n’est pas simple. Nos systèmes de révision permettent d’amortir pour partie les augmentations, sans que cela soit satisfaisant. Les trésoreries sont donc bien sous tension. D’autant que les maîtres d’ouvrages ne sont pas toujours pressés d’honorer les factures.

En tant que président de chambre vous allez leur rappeler les règles ?

C’est un de mes rôles, oui, je leur rappelle que nos entreprises doivent payer des salaires tous les mois, et que l’allongement des délais de paiement – qui ne nous sont pas tolérés pour nos fournisseurs au regard de la loi – nous place dans des situations inconfortables. J’essaie de faire passer le message, tout comme celui de lisser la commande publique afin que nous échappions au cycle électoral avec trois années compliquées suivies de trois autres années en suractivité.

Cette situation de yoyo ne favorise pas l’embauche ?

Nous ne pouvons pas varier de plus ou moins 30% notre outils de production, d’autant que le recrutement devient très compliqué dans un contexte de vieillissement de nos compagnons et d’une valeur travail en pleine mutation. Notre secteur d’activité offre pourtant toujours une chance inouïe de réussir sans diplôme avec juste la volonté de travailler.

Pour résumer, une note d’optimisme si vous passez sans encombre le premier semestre de l’année prochaine ?

Il faut être patients encore quelques mois. L’activité est devant nous. Ce sera même un pic, une première sur Lyon avec autant d’investissements de la part du Sytral : trois lignes de tram et une ligne de BHNS*, c’est du jamais vu en simultané. Le plus gros défi que nous ayons à relever reste celui de la main d’œuvre. Recruter et fidéliser nos compagnons. Aller capter des talents pour faire face aux chantiers qui s’annoncent. Personnellement, je crois beaucoup à l’insertion, c’est la raison pour laquelle je suis devenu président de Rhôninsérim BTP voilà 6 ans. Il y a beaucoup de personnes en difficultés et nos métiers peuvent leur permettre d’envisager un avenir. Nous devons aller les chercher, les intégrer dans nos structures, les former, leur offrir un emploi in fine, afin qu’ils se réintègrent socialement. C’est selon moi un véritable vecteur de recrutement.

*Bus à Haut Niveau de Service