Au sein de la fédération BTP Rhône et Métropole, vingt-six chambres syndicales réparties sur cinq sections, et quatre chambres territoriales, œuvrent au plus près des adhérents. Le Journal du BTP a choisi de suivre le travail de chacune de ces chambres en posant sensiblement les mêmes questions à chacun des présidents.
Vincent Charroin, président de Charroin Toitures, 17 salariés, dont le siège est à Vourles, est le président de la chambre territoriale Rhône-Sud.
Combien avez-vous d’adhérents aujourd’hui sur Rhône-sud ?
Nous sommes 109 entreprises adhérentes, soit 2274 salariés, ce n’est pas rien. Nous avons accueilli sept nouveaux cette année. Notre chambre est très vaste par son étendue, avec pratiquement tous les métiers représentés, Bâtiment et Travaux Publics.
Comment se portent les entreprises ?
Nous sommes tous dans le même bateau. 2022 a été plutôt chargée en activité pour le Bâtiment, un peu moins pour certaines sociétés de Travaux Publics. En revanche, nous notons tous une diminution de nos marges en raison de la hausse des frais généraux, carburants, masse salariale, et matériaux, que nous n’avons pas pu toujours réimpacter sur nos marchés. Les marges sont en souffrance. J’ajoute que cette hausse de l’activité s’est heurtée à de gros problèmes de recrutement, malgré l’amélioration de nos conditions de travail.
Grosse activité, difficultés à recruter : comment avez-vous pu répondre à l’ensemble de la demande ?
Certains d’entre nous ont fait le choix de diminuer ou limiter leur activité, d’autres ont misé sur les intérimaires, avec là aussi des problèmes pour en trouver. Ce qui a entraîné et entraîne des retards sur les chantiers, et un allongement des délais, délais déjà en partie impactés par les difficultés d’approvisionnement de certains matériaux.
Comment s’annonce 2023 ?
La visibilité sur les carnets de commande est encore honorable, justement grâce à ces délais d’intervention allongés, nous allons profiter d’une certaine inertie. Nous constatons en revanche une baisse sensible du nombre d’appels d’offres, une chute des projets de la promotion immobilière victime de la hausse des taux. Et enfin les particuliers sont confrontés eux aussi à la conjugaison des hausses, matériaux et taux d’emprunts. Notre contexte va donc devenir plutôt tendu à moyen terme. Pour les Travaux Publics, c’est pire, la visibilité est vraiment inquiétante. Il faut savoir cela dit que les problématiques de nos entreprises ne sont pas toutes identiques, de par leur diversité, la vérité des uns n’est pas forcément celle des autres !
Comme pour chaque crise, la pérennité des entreprises se jouera sur la solidité de leur trésorerie…
Les trésoreries sont mises à mal, notamment à cause des hausses des coûts de l’énergie. Il y a eu le carburant, aujourd’hui l’électricité pour peu que nous ayons un atelier et des machines à faire tourner. D’autant que les particuliers comme les collectivités subissent le même sort. C’est le nœud de nos inquiétudes.
Comment réagissent vos troupes dans ce contexte anxiogène ?
Nous essayons tous de voir le positif, nous sommes des chefs d’entreprise. Nous tentons de nous adapter à la conjoncture d’une façon ou d’une autre, les adhérents sont conscients que cela va être compliqué mais me paraissent très volontaires et confiants. Le chef d’entreprise par essence doit savoir s’adapter. A nous d’être innovants, c’est dans les périodes de difficultés que les entreprises grandissent.
Faut-il s’attendre à une guerre des prix ?
Elle a toujours eu lieu. Cela fait des années que nous devons faire face à des crises, disons depuis 2008… Mais aujourd’hui la donne est un peu plus complexe dans un contexte d’après Covid avec une forte inflation et des marges qui ont considérablement chuté… Les entreprises devront être très prudentes !
Quelle est votre mission en tant que président de chambre dans cette période ?
La première est de fédérer les entreprises. Nous sommes cent-dix entreprises, il est nécessaire de tous se connaître, confrères et concurrents à la fois, pour apprendre de l’autre, pour se regrouper afin de répondre à certains types de marchés, pour créer un réseau d’entraide… Notre réseau est essentiel. Pour cela, il faut créer des événements, comme un voyage, une visite de chantier, faire découvrir les talents de notre territoire, et, bien sûr, rencontrer nos élus locaux afin de travailler en intelligence avec eux.
Justement, la proximité de vos adhérents avec le territoire a-t-elle facilité les négociations de répercussion des prix ?
Certaines collectivités locales ont joué le jeu, d’autres non. Dans tous les cas, comme partout, les hausses n’ont pas pu être répercutées dans leur intégralité.
Une note d’optimisme pour l’année à venir ?
Nous avons l’intention en 2023 de signer de nouvelles « Conventions de bonnes pratiques » avec des communautés de communes. Et nous allons nous rapprocher des collèges, en leur proposant une cartographie des entreprises adhérentes susceptibles d’accueillir des jeunes élèves de 3e en stage de découverte. Il est essentiel de faire découvrir nos métiers. C’est la base.