Après deux mandats de trois ans comme présidente du groupe « Femmes » de la fédération BTP Rhône et Métropole, Gaëlanne Taillieu-Pividal passe la main.
Codirigeante pendant des années avec son frère jumeau Landry Pividal de l’entreprise PIVIDAL – une entreprise d’électricité d’une vingtaine de personnes basée à Givors – Gaëlanne a vendu ses parts en juin dernier à son frère pour évoluer dans d’autres sphères. L’occasion de faire un bilan de ces six années à la tête d’une des institutions les plus fréquentées de la fédération.
Que retenez-vous de ces deux mandats de présidence ?
Le groupe « Femmes », c’est une vie au quotidien. Pour l’animer, il ne faut pas le lâcher, nous nous parlons par exemple tous les jours sur WhatsApp, mais c’est tellement du collectif que cela se noie dans le quotidien d’une vie en entreprise. J’ai eu une super vice-présidente très active, Valérie-Anne Charroin, qui d’ailleurs prend ma suite. Avec elle, nous avons décidé de délocaliser nos réunions thématiques dans les entreprises de l’une ou l’autre d’entre nous afin de découvrir d’autres organisations, de s’enrichir avec de nouvelles méthodes de travail, et les partager. C’était notre objectif d’après Covid, une idée pour sortir de cette mauvaise période. Il y a d’ailleurs toujours beaucoup de monde à nos rencontres. Ce groupe est un peu une centrale. Quand l’une de nous réalise quelque chose de bien, nous le présentons avec l’idée que cela soit repris.
Vous avez combien d’adhérentes aujourd’hui ?
Ce groupe était dynamique avant nous, Samuel Minot nous a demandé de préserver ce qui faisait sa force et de multiplier le nombre d’assidues. Alors pendant ces six ans nous avons beaucoup recruté, nous sommes cent-vingt environ avec une bonne vingtaine de femmes très présentes et actives. Nous constatons de plus en plus d’implication. L’an passé certaines thématiques ont ainsi attiré plus de trente participantes. Être à l’écoute des besoins de chacune, de l’actualité de nos entreprises, est primordial. Ce groupe « Femmes » est aujourd’hui reconnu, les chefs d’entreprise laissent plus facilement leur bras droit ou leur collaboratrice « avec un pouvoir de décision » venir à nos réunions, ce qui n’est pas si simple puisque cela demande du temps, un minimum d’une après-midi par mois. Notre objectif était de devenir un outil de travail, il me semble que c’est maintenant le cas.
Vous avez fait le job comme on dit…
Notre groupe, tout comme le groupe « Jeunes dirigeants » et les chambres territoriales est transversal, c’est-à-dire que tous les métiers et toutes les tailles d’entreprise sont réunis. L’important reste que ce sont bien les femmes adhérentes qui décident de ce que l’on va faire. A la première réunion de l’année, on décide des thèmes et s’il y a des événements qui interviennent en cours de route, on s’adapte, bien sûr. Beaucoup de femmes portent des mandats pour la fédération, d’autres siègent dans des chambres de métiers, elles sont investies.
Qu’en avez-vous retiré personnellement ?
Cela a été six belles années où j’ai vraiment appris. Le président a toujours été à nos côtés, il a su nous valoriser, nous rendre visibles. « C’est lui qui fait la météo », il nous a laissé beaucoup de place, je le remercie. Je ne doute pas qu’il en sera de même avec Norbert Fontanel.
Comment avez-vous traversé la période Covid ?
Chacun a pu noter l’importance et la réactivité du groupe. Cela a été un véritable partage. Celles qui avançaient sur un dossier comme sur les préconisations sanitaires et comment faire travailler nos équipes, faisaient profiter les autres de leur expérience lors de nos réunions en mettant à disposition informations, documents et tout simplement conseils. Nous avons vraiment mutualisé nos efforts pendant ce Covid.
Entre nous, la fédération a-t-elle encore besoin d’un groupe « Femmes » ?
Les discours entre femmes ne sont pas les mêmes qu’en présence des hommes. Ce groupe permet de se libérer plus facilement par la parole. Nous sommes complémentaires des hommes mais pas leur complément. En six ans, nous avons constaté que de plus en plus de femmes prennent des responsabilités, notamment sur le terrain. Nous ne sommes plus confinées aux tâches administratives ou de RH, nous avons parmi nous des conducteurs de travaux, même s’il reste encore des efforts à fournir pour que les femmes investissent les chantiers. Avec les exosquelettes, l’équipement, les outils vont aider à ce que les femmes accèdent à tous les jobs de nos métiers.
Comment convaincre justement les femmes, les jeunes en particulier, à rejoindre la famille du BTP ?
De nombreuses femmes du groupe accompagnent les jeunes, elles vont représenter les métiers du bâtiment dans les lycées, dans les forums, et bien sûr en entreprise. Personnellement, je suis allée à la rencontre des lycéens : notre parole est, encore une fois, complémentaire. Il nous faut promouvoir les métiers du bâtiment et des travaux publics au féminin. Mais il faut aussi que les écoles soient adaptées, comme la formation. J’ai eu la chance d’avoir des stagiaires femme, il n’y a rien qui fait la différence sur les chantiers. A partir du moment où l’équipe a une bonne ouverture d’esprit, quand tout est transparent, il n’y a pas de problème. Les femmes sont bien acceptées.
Qu’allez-vous dire à Valérie-Anne ?
Je lui ai déjà dit : il faut continuer les visites thématiques d’entreprises et être à l’écoute de chaque femme au quotidien. Être aussi présente à chaque événement qui permette de représenter le groupe. Et je lui souhaite une magnifique aventure.
A lire dans l’édition du Journal du BTP du 23 février 2023