On l’avait un peu oublié pendant la pandémie, mais le CRH BTP (« Compétences Ressources Humaines ») n’a jamais cessé de poursuivre son activité bienfaitrice de promotion des métiers du BTP auprès des jeunes – et des moins jeunes. Collèges, lycées, forums ou caravanes des métiers, nuits de l’orientation, le CRH est partout pour peu qu’on le sollicite. Cette association regroupant une grosse soixantaine de retraités en contact direct avec le terrain vient de changer de président puisque Michel Prost, ex Euroméditerranée, vient de succéder à Dominique Gaudin, ex Eiffage Construction. L’occasion pour nous de mettre un coup de projecteur sur le travail essentiel de ces bénévoles qui rendent au métier – aux métiers – ce que le BTP leur a donné.
Dominique Gaudin : « Le CRH BTP bénéficie d’une dynamique remarquable »
Quel est le bilan de ces trois années à la tête du CHR BTP ?
Nous avons d’abord pu réaffirmer notre raison d’être, la promotion les métiers du BTP auprès des fédérations, BTP Rhône mais aussi la FRTP et la FFB AURA. Nous avons renforcé nos échanges avec la commission formation de BTP Rhône, et les services formation des autres fédérations. Nous sommes aux côtés de ces organisations professionnelles. Elles assurent le lien entre la profession et les mondes de l’enseignement, de la formation, et aussi des collectivités ; elles identifient les opportunités et nous sollicitent pour intervenir.
Vous avez poursuivi votre mission pendant les épisodes du Covid ?
Le Covid a compliqué les choses, c’est vrai, mais pour cette période aussi nous avons pu répondre à toutes les sollicitations. De septembre 2021 à juin 2022, avec 90 interventions nous sommes allés à la rencontre de plus de 1700 jeunes et moins jeunes.
Avec quels outils ?
En 2022, nous avons pu renouveler les supports et le contenu de nos présentations pour les classes de 3eme et les forums. Un diaporama complété par des vidéos structure nos témoignages selon les grands axes d’intérêt pour le BTP : le travail d’équipe, les liens personnels, la considération et la reconnaissance, et enfin le sens et les perspectives d’évolution rapide de ces métiers. Pour les plus jeunes, le Magic Collège existe toujours (construction virtuelle d’un collège), mais nous comptons sur un nouvel outil, un Escape Game dont nous pourrions bénéficier avant la fin de l’année. Et pour les adultes, souvent dans un cadre de réorientation professionnelle, nous privilégions le contact direct avec chacun des présents. Nous en voyons cinquante par an environ.
Personnellement, qu’avez-vous retenu de ces trois années de mandat ?
Le dynamisme de l’association, animé par son engagement pour la promotion des métiers, et un excellent état d’esprit. La mission m’a beaucoup intéressé. Je ne me suis pas représenté comme je l’avais initialement annoncé, je passe donc la main à Michel Prost qui a été très présent sur le terrain au cours de ces trois ans. Le CRH BTP bénéficie d’une dynamique remarquable transmise par nos prédécesseurs.
Michel Prost : « Nous devons nous renforcer pour donner une impulsion nouvelle »
Quelle impulsion souhaitez-vous donner au CRH ?
Nous souhaitons voir si nous pouvons toucher de nouvelles cibles, je pense notamment aux élèves des filières générales dans les lycées, qui pourront postuler sur des emplois à responsabilité ou des fonctions dans les métiers support du BTP comme l’informatique, la comptabilité, les ressources humaines, etc. Parallèlement, nous poursuivons naturellement tous nos efforts pour les emplois à pourvoir sur les chantiers.
C’est sur les chantiers que le recrutement pose le plus de problèmes. Qu’est-ce qui bloque ?
Le recrutement est encore freiné par un problème d’image. Un de nos principaux objectifs est donc de redonner une vision positive de nos métiers auprès de la population en général et des parents d’élèves en particulier. Nous leur expliquons que plus rien ne se passe sur les chantiers comme il y a vingt ou trente ans. Les tâches sont beaucoup moins physiques, la mécanisation est passée par là, et puis l’activité s’est modernisée avec l’utilisation d’outils informatiques. J’ajoute que le respect des règles de sécurité est devenu une priorité absolue.
La profession se féminise progressivement, c’est bien la preuve d’une évolution concrète et positive de nos métiers du BTP.
Reste à convaincre…
Cette jeunesse à laquelle nous nous adressons, la génération Z comme on l’appelle, est née avec l’informatique. Elle a un peu tendance à se disperser, à chercher sa voie. Mais, dans le même temps, elle veut exercer une activité qui a du sens. Aussi, nous leur montrons que nos métiers comportent les valeurs auxquelles ils sont attachés, le travail en équipe, le relationnel, le respect de l’environnement, le savoir-faire, la formation professionnelle, et puis la possibilité de promotion et d’évolution vers de nouvelles compétences. Nous leurs ouvrons des perspectives nouvelles.
Le CRH BTP doit-il aussi cibler les moins jeunes ?
Leur réorientation est une question qui m’intéresse beaucoup. Nous voyons aujourd’hui des bac +3 et même +5 revenir passer un CAP par envie de retrouver des valeurs. Nous allons nous y intéresser, voir les écoles de la 2e chance par exemple, avec un public qui se cherche, qui a besoin de retrouver un équilibre, un nouveau métier pour se réinsérer dans la société.
Les cibles ne manquent pas. Mais nous avons un problème de moyens. Les retraités eux aussi ont leurs obligations et ne sont pas toujours disponibles. Il faut impérativement renforcer nos rangs. Pour recruter les jeunes dont nos entreprises ont besoin, nous avons besoin des entreprises pour convaincre les « jeunes retraités » de nous rejoindre.
A lire dans l’édition du Journal du BTP du 11 mai 2023