Lancé en 2019, l’ambitieux chantier de rénovation-réhabilitation du siège emblématique de la fédération BTP Rhône et Métropole à Villeurbanne va recevoir ses premiers occupants avant la fin de cette année. Une vingtaine de corps d’état se sont succédé sur le site, pour le désosser entièrement, ne conservant que le béton et quelques éléments-souvenirs, et surtout le reconstruire, en l’inscrivant dans son temps, avec des matériaux modernes moins énergivores, et surtout en l’affublant d’une seconde peau sur la façade, véritable signature du projet du bureau d’architecte AFAA, à la fois superbe et vertueuse en matière de consommation d’énergie. (1)
Un chantier n’est jamais un long fleuve tranquille. Celui du siège de la fédération n’a pas dérogé à la règle des surprises. Le Covid est venu allonger les plannings, la découverte d’amiante et son élimination a demandé six mois d’efforts supplémentaires, et enfin la hausse des coûts des matériaux a gonflé l’enveloppe prévue.
Mais l’objectif demeure le même, offrir une nouvelle vie à ce bâtiment fort bien pensé en 1968, « manifeste de l’art de bien construire », en améliorant les équipements techniques, les performances environnementales et les usages. Les architectes d’AFAA ont également beaucoup travaillé sur la restructuration du rez-de-chaussée, afin de rendre le bâtiment plus accueillant pour les adhérents et visiteurs. Et aussi sur le dernier étage, lieu de vie, de rencontres, et de restauration.
Juste avant l’été, alors que la fameuse double peau est déjà installée, et quelques mois avant l’inauguration, le président Norbert Fontanel et ses équipes ont souhaité accueillir en présence des médias le maire de Villeurbanne Cédric Van Styvendael, sa première adjointe Agnès Thouvenot, en charge de la Transition écologique, l’Urbanisme, l’Habitat et la Ville Durable, pour une visite de chantier sous le soleil.
Suivez donc avec nous cette visite avec un choix de photos et de verbatim très inspirants.
(1) Le bâti est enveloppé d’une façade bioclimatique de verre qui va permettre de gagner 5 à 6 degrés en hiver par simple préservation et circulation de l’air, soumis aux rayons du soleil d’hiver derrière cette “robe de verre”. En été, l’ouverture de cette double peau permet de rafraîchir en ventilant naturellement la façade afin de minimiser les besoins en froid.
Norbert Fontanel : « Après 50 ans, le seul élément qui reste… c’est le béton »
Norbert Fontanel est le président de la fédération BTP Rhône et Métropole depuis le début de cette année.
« Nous avons vraiment tout désossé et conservé le squelette. Après cinquante ans, le seul élément qui reste c’est le béton… et quelques mains courantes en bois, qui vont être conservées. Tout le travail de l’architecte a été de mettre en valeur le travail des anciens dans les années 70, avec leur savoir-faire et leur conscience professionnelle. Et d’utiliser les matériaux d’aujourd’hui qui ne sont plus ceux d’il y a cinquante ans » (…)
Nous avons en effet subi la hausse des prix des matériaux, même si une partie de nos commandes a été effectuée avant les premières alertes. Il a fallu rediscuter avec les entreprises sur certains lots, pour le métal, le verre, ou les composants électriques. Mais, fidèles à nos engagements, nous n’avons pas laissé les entreprises supporter seules ces hausses de prix ».
Cédric Van Styvendael : « Nous sommes fiers que vous restiez à Villeurbanne »
Cédric Van Styvendael est le maire de Villeurbanne
« Vous n’avez pas cédé à la facilité en vendant votre siège au plus offrant, mais vous avez choisi de faire une économie de la réhabilitation en valorisant ce qui a été fait avant et en l’améliorant avec les nouvelles techniques. A l’heure des bilans carbone, donner une deuxième vie à ce bâtiment me paraît une démarche très intéressante (…) Votre projet prend beaucoup de sens aujourd’hui, alors que le secteur du BTP, parfois critiqué et attaqué, est un secteur dont nous avons besoin. Nous sommes fiers que vous restiez à Villeurbanne et que vous ayez fait le pari du développement durable.
Anne Sophie Rigal : « La double peau du bâtiment est vraiment la signature du projet »
Anne-Sophie Rigal est architecte associée chez AFAA Architecture.
Quel est le plus gros défi technique – hors amiante – auquel vous avez dû faire face pendant les travaux ?
Nous avons beaucoup travaillé sur la façade bioclimatique et la double peau du bâtiment qui est vraiment la signature du projet. Il fallait allier l’efficience économique – il y a tout de même deux façades – et conserver l’image du projet telle que nous l’avions proposée. Nous avons aussi beaucoup travaillé sur le vitrage pour qu’il soit suffisamment clair, transparent, et pas trop réfléchissant, là encore pour qu’il soit conforme à ce que nous avions pensé. Il y a eu de nombreuses évolutions entre le concours et le chantier, nous avons beaucoup recalculé et revu notre copie sur cette double peau, avec notamment le bureau d’études environnemental, pour savoir comment elle allait se comporter, connaître avec précision les gains en consommation apportés dans les bureaux.
Yves Socchi : « Le facilitateur de chantier va devenir indispensable sur les chantiers du BTP »
Yves Socchi, salarié depuis 22 ans de la fédération est chargé de la maintenance et de la sécurité du siège. Il a été nommé « Facilitateur chantier » le temps des travaux de rénovation.
Ma mission sur le chantier est d’être facilitateur des travaux, c’est donc beaucoup de relationnel avec les entreprises. Quand un problème survient, j’essaie de le solutionner avant que cela ne prenne des proportions importantes. Propreté, gestion des déchets avec les bennes de tri dédiées, pour le bois, le DIB (déchets tous confondus) et la ferraille. Je m’occupe aussi parfois de la gestion des flux des petites livraisons. Il est en effet très difficile aujourd’hui de savoir qui va arriver et quand. (…) Je passe donc ma journée à arpenter les étages. La difficulté principale que je rencontre avec les compagnons est que ce qui traîne n’appartient jamais à personne. Il me faut donc être attentif et persuasif. (…) Cette mission est très intéressante ; je pense que le facilitateur de chantier va devenir indispensable sur les chantiers du BTP. Car le chantier est mieux tenu, les problèmes sont vite réglés et passent ainsi inaperçus ».
Étaient également présents :
René Coiro ; Oriane Viguier ; Éric Doublier ; Nicolas Roiret ; Pascal Royer ; Didier Lenoir ; Jean-Pierre Dellasette ; Bernard Grapinet ; Yann Pommet ; Cécile Ferrara ; François Xavier Delfour.
A lire dans l’édition du Journal du BTP du 22 juin 2023