Pierre-Marie Galien, 43 ans, a repris en 2005 l’entreprise familiale de charpente-toiture créée par son grand-père en 1930. « Galien Toiture » compte aujourd’hui une quinzaine de salariés, son siège est à Chassieu, et son activité dépasse aujourd’hui le simple cadre de la couverture.
Quelle est l’étendue des domaines d’activité de « Galien Toiture » et quels sont vos donneurs d’ordre ?
Nous proposons des travaux de charpente, couverture, zinguerie, mais aussi de désamiantage de toitures. Nous faisons aussi du désenfumage et de la pose de panneaux photovoltaïques afin de pouvoir répondre aux demandes nouvelles de nos clients. Nous intervenons uniquement en rénovation pour des particuliers, des institutionnels ou collectivités, et enfin des industriels. Nous sommes en capacité de répondre aux marchés publics puisque nous disposons d’un bureau d’études avec quatre économistes de la construction et une assistante.
Vous recrutez en ce moment ?
Nous recrutons, oui, nous formons des compagnons, nous prenons aussi des itinérants, et cherchons des candidats pour notre bureau d’études. Dans notre secteur d’activité, le recrutement est vraiment compliqué aujourd’hui, nous sommes le métier le plus rare de France, celui qui est le plus recherché par les entrepreneurs. On manque de couvreurs-zingueurs, et pourtant il y a du travail. Nous fonctionnons par le bouche-à-oreille et recrutons dans les centres de formation comme La Mache, La Martinière ou chez les Compagnons.
Le manque de candidats s’explique-t-il par la pénibilité du métier ?
Porter de la tuile reste un métier physique, mais aujourd’hui tout est mécanisé dans une entreprise normalement structurée. Le levage, le port de charge, l’évacuation… Bien sûr, cela n’empêche pas ce que nous appelons les « moutons à cinq pattes » qui nous contraignent parfois à faire de la manutention sans l’aide des machines, mais 95% des chantiers sont mécanisés. Pour la zinguerie, certains de mes collègues ont ouvert leur porte aux candidatures féminines et s’en félicitent, elles réussissent très bien.
Comment se porte l’activité dans votre secteur ?
Nous n’avons pas eu à nous plaindre depuis le début d’année. Nous n’avons pas arrêté de travailler. Cela dit, nous sentons depuis plusieurs mois une certaine tension, une crispation, avec des prises de décision plus longues, des discussions plus serrées sur les devis. Nous rédigeons beaucoup plus de devis qu’auparavant, c’est d’ailleurs en partie la raison pour laquelle nous recrutons des économistes pour notre bureau d’études.
Et pourtant vous avez subi une hausse soutenue des tuiles, du zinc, des fournitures, du bois, de l’énergie, des coûts du personnel en corollaire… Vos prix ont doublé en deux ans ?
Sans doubler, nos prix ont en effet fortement augmenté. Les prix des tuiles n’ont pas baissé, ils se sont juste stabilisés. Les fabricants font comme ils le souhaitent, ils tiennent le marché. Nous essayons pour notre part de minimiser les coûts en étudiant les devis au plus près, afin de proposer le juste prix.
Avec ces hausses avez-vous connu des renoncements de chantier par le client ?
Oui des projets n’aboutissent pas à cause des hausses de matériaux. A nous de savoir gérer les plus et les moins.
Bénéficiez-vous des retombées de Ma Prime Renov’, notamment pour des travaux d’isolation de toitures ?
D’une façon générale, les couvreurs ne connaissent pas de retombées significatives de Ma Prime Renov’. Les aides sont tellement difficiles à obtenir, nous ne pouvons pas toujours accompagner nos clients, la procédure est vraiment trop complexe. Nous avons de nombreuses demandes d’isolation, mais les prix ont tellement augmenté que malgré les aides – lorsqu’on parvient à les obtenir – le budget reste conséquent.
Qu’avez-vous fait en tant que chef d’entreprise pour aider vos compagnons à passer ce cap inflationniste ?
Nous avons choisi de privilégier primes et avantages, comme par exemple l’utilisation personnelle des camionnettes…
Qui fonctionnent au diesel ?
La problématique sur les camionnettes est simple. L’offre des constructeurs n’est pas encore assez aboutie pour nous. Avec le poids que nous chargeons sur nos véhicules, l’autonomie des véhicules électriques n’est pas encore au niveau de nos besoins.
Pour finir, depuis quand êtes-vous adhérent de la Fédération BTP Rhône et métropole ?
J’y suis depuis 2003. J’utilise surtout les compétences des services Juridique, Social, et Environnement. Pour la gestion du personnel, celle des contentieux, et le service Environnement pour la partie désamiantage de notre activité, notamment sur le traitement des déchets.
Vous êtes optimiste pour les mois à venir ?
Je pense qu’il y aura du travail. Il faut juste aller le chercher.
A lire dans l’édition du Journal du BTP du 7 septembre 2023