TOUS EN SCENE POUR LES COULISSES DU BÂTIMENT

Les classes de quatrième et troisième de nombreux collèges du département se sont cette année encore succédées sur les chantiers des deux visites organisées par la fédération BTP Rhône et Métropole les 12 et 13 octobre dernier. Les Coulisses sont devenues un rendez-vous incontournable pour les professeurs qui souhaitent ouvrir les yeux de leurs élèves sur des métiers encore mal connus malgré leur omniprésence dans la cité.

Premier rendez-vous et premier chantier, à Villeurbanne, à deux pas de la place Grandclément, autrefois appelée « place de la Mairie » ce qui montre au passage son importance dans l’histoire de la ville. La place de la Mairie, son marché réputé et ses rails de tram, déjà …

C’était dans les années 1900-1910. Le tram du début du siècle dernier n’a pas résisté aux années automobiles, mais il revient, se nomme T6, et reliera début 2026 le campus de la Doua aux Hôpitaux-Est en moins de vingt minutes.

Le marché, maintes fois déplacé, a fini par céder face aux travaux du nouveau tram, et en particulier à cette première phase dédiée au déplacement des canalisations et autres réseaux souterrains, mais il reviendra, lui aussi, tant il est attendu par les riverains.

C’est donc là, dans une artère parsemée de trous, de déviations, et de barrières siglées aux noms des entreprises spécialisées dans les métiers de la canalisation, que nous avons suivi des troisièmes du collège Louis Lachenal (Saint-Laurent de Mure), encadrés par Audrey et Fleur : « c’est leur première visite de l’année », expliquent-t-elles, « nous suivons régulièrement les visites des Coulisses du BTP, nous avons vu le tunnelier de Gerland, le chantier du siège social de la fédération BTP, celui du musée des Confluences : que des bonnes expériences que nous essayons de renouveler tous les ans. »

La classe est en fait composée d’un mélange d’élèves de plusieurs troisièmes, certains déjà intéressés par les métiers du BTP, et d’autres qui avaient juste envie de les découvrir. En amont, ils ont un peu préparé la visite avec la professeure de techno.

Particulièrement disciplinée et attentive, la classe suit un retraité du très efficace CRH BTP (Compétences Ressources Humaines BTP) qui a suivi quelques jours auparavant une courte formation en effectuant une visite aux côtés d’Antoine Proton, président de Stracchi et Cie, très investi dans ces Coulisses. « Mes collègues et moi venons encadrer les jeunes, les guider, et expliquer le chantier. L’objectif est de promouvoir les métiers du bâtiment », rappelle-t-il sobrement avant de répondre illico à une question : « Alors ce que tu vois, ce sont des palplanches, elles sont destinées à tenir le sol qui, sans elles, s’écroulerait sur les réseaux. On ne devine jamais que dans le sol il y a tout ça », explique-t-il en montrant une flopée de tuyaux enjambant une canalisation.

« Nous avons des préjugés sur ces métiers »

C’est en effet impressionnant par endroit. Entre les canalisations d’eau, d’un joli bleu pour les neuves ou d’une couleur terre-rouille pour les anciennes, les tuyaux de PVC par dizaines installés en faisceau, les câbles dans des gaines de toutes sections, le chantier ressemble à un véritable jeu de piste qui aurait été organisé dans un labyrinthe géant.

Elias qui aimerait travailler dans la mécanique, et Martin, 13 ans, pas encore déterminé sur son avenir mais venu « pour découvrir », sont bluffés.

Eva et Emmy : « Je trouve que c’est bien de découvrir un peu ce qu’on ne voit pas d’ordinaire », dit l’une d’elles, « tous ces réseaux à changer, cela semble compliqué à organiser. Et on s’est rendu compte qu’il y avait énormément de métiers différents sur le chantier ». Bonne remarque, et début de contrat rempli pour les organisateurs, dont les nombreux permanents de la fédération que nous avons croisés à l’accueil de la visite.

« C’était super intéressant », jugent Zoé et Ludivine.  « Je voudrais être professeure des écoles, ce n’est pas vraiment le même délire » explique la première, « mais ça m’intéressait de venir parce qu’en fait nous avons des préjugés sur ces métiers qui sont connus mais pas appréciés. Nous avons découvert tout ce qu’il y avait dans le sous-sol d’une rue. Je ne pensais pas qu’il y avait autant de tuyaux ! »

Lenny, pour finir en beauté ? « La visite nous permet de voir les conditions de travail de ces métiers manuels, cela nous montre aussi qu’on n’est pas obligé d’être médecin, qu’on peut faire un métier manuel et que c’est aussi bien », conclut ce jeune homme qui suit actuellement un stage en plomberie et menuiserie.

« Il n’a pas peur, lui ! »

De l’autre côté de la ville, au Point du jour, direction le centre des Massues dont l’ancien parking situé en contrebas et le parc aux arbres centenaires va accueillir six immeubles d’habitation réalisés par Bouygues Construction. Trois d’entre eux sont déjà sortis de terre, et c’est là que nous attendent nos guides.

Nous sommes cette fois avec une classe de quatrième SEGPA (section d’enseignement général et professionnel adapté) du collège Clemenceau (Lyon), emmenée par Marion et Béatrice. Eux aussi ont préparé la visite. « Nous avons travaillé en utilisant le site des Coulisses du BTP, et nous avons préparé quelques questions ensemble », confirme Marion.

Et en effet, elles ne tardent pas, les questions, dès le début des quelques mots de présentation d’un conducteur de travaux. « Un conducteur de train ? » s’étonne un élève qui a mal entendu. « Non, de travaux » répond le jeune professionnel. « Le conducteur de travaux dirige le chantier pour l’amener jusqu’à son terme. Nous sommes huit pour une soixantaine de compagnons et chefs de chantier aujourd’hui et bientôt cent-vingt, au pic de la fréquentation. Le conducteur de travaux vérifie que toutes les personnes présentes sur le chantier travaillent au bon endroit, dans le bon ordre et de la bonne façon » résume-t-il.

A vive allure – nous étions la dernière classe de la matinée, nous filons rencontrer un architecte qui résume avec habileté lui aussi les contours de sa mission, entre la phase de conception et la phase de chantier.

Un passage en sous-sol, au contact d’un deuxième conducteur de travaux, et notre équipée file derrière un rideau d’arbres majestueux sur les hauteurs du site.

Face à nous, un trou géant, dominé par une grue de 35 mètres solidement ancrée dans le sol qui devient vite l’objet de toutes les attentions du jeune public. Mais là-bas, sur un monticule de terre, le conducteur d’une pelleteuse nous fait quelques frayeurs en se jouant de la pente : « Il n’a pas peur, lui ! » désigne du doigt Nazim emballé par la démonstration.

Mais ses amis de classe n’ont d’yeux que pour le pilote de la grue qui entame une longue et périlleuse descente par l’interminable escalier pour sa pause déjeuner. « Fais attention, c’est dangereux ! » crie Abdel, qui est intéressé par la visite mais « veut installer des clims et des chaudières ». Les questions fusent sur son travail, ses risques, sa façon d’opérer. Mais c’est déjà l’heure, les élèves rebroussent chemin, ils sont nombreux à ne pas savoir encore quelle sera leur orientation, ni même leur métier demain. Mais il leur reste près de deux ans avant de se décider.

Et une nouvelle édition des Coulisses.

A lire dans l’édition du Journal du BTP du 26 octobre 2023