Le Ny participe à la restauration de la toiture de Notre-Dame de Paris

L’entreprise Le Ny de Dardilly, près de Lyon, participe à la reconstruction de la toiture de Notre-Dame pour cent tonnes de plomb sur les 300 nécessaires.

Le chantier colossal “quoiqu’il en coûte” de la reconstruction de Notre-Dame-de-Paris voulu par le président de la République Emmanuel Macron, fait travailler à peu près tous les corps d’état du bâtiment.

Au final, le chantier devrait avoisiner les 350 millions d’euros financés en majorité par des sponsors et mécènes.

Une centaine de tonnes de plomb fournie par Le Ny pour restaurer Notre-Dame de Paris 

A Dardilly, dans la Métropole de Lyon, la PME Le Ny (90 salariés) spécialisée dans la couverture, est l’une des six entreprises retenues sur appel d’offres, qui intervient sur les toits de Notre-Dame. Le Ny participe à la fourniture de la toiture de plomb et à la pose sur les charpentes qui doit débuter cette semaine du 18 mars.

Au total, ce sont 300 tonnes de plomb qui seront posées sur les toits, dont une centaine fournie par l’entreprise Le Ny. Plus de 150 couvreurs seront à pied d’œuvre sur le monument, dont une vingtaine de chez Le Ny.

Le plomb qui couvre aussi la flèche, était initialement posé depuis plus de deux siècles (c’est la durée de vie de l’étanchéité du plomb en toiture). Il s’est en grande partie vaporisé en fumées jaunes dans le ciel de Paris avec l’incendie du 15 avril 2019. D’où l’inquiétude et les divers contrôles sur les riverains alentours, effectués par les autorités sanitaires.

Le plomb coulé sur sable comme au XIXe siècle

Il a fallu pour les entreprises reprendre des techniques ancestrales : “Pas question d’utiliser du plomb laminé comme sur nos chantiers contemporains, il faut employer du plomb coulé sur sable fourni par notre partenaire spécialisé Lariviere qui a une agence à Genas, près de Lyon” , explique Jean-Christophe Le Ny.

Le dirigeant est la troisième génération présente dans l’entreprise, avec son frère Arnaud, laquelle entreprise porte toujours le nom Alain Le Ny, aujourd’hui retraité.

La pose des “bacs” de plomb commence cette semaine : “Quoiqu’il arrive en termes de météo et divers aléas, tout doit être impérativement terminé pour le 8 décembre, date de l’inauguration (Ndlr : fête de la Vierge dans la tradition catholique). Pour nous c’est un défi, confie Jean-Christophe Le Ny, on doit mettre nos egos de côté et se fédérer avec les autres entreprises avec lesquelles on est en concurrence habituellement. Le chantier est scruté depuis le monde entier. Le général Georgelin avait l’habitude de nous dire : vous travaillez pour la France ! (NDLR : Jean-Louis Georgelin, décédé en août 2023, était président de l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris)

Le plomb, matériau le plus souvent posé sur les cathédrales historiques, est issu pour cette reconstruction, à 100% de recyclage de chantiers de rénovation et de démolition français.

Il est fourni en plaques et en rouleaux à Le Ny par les établissements Lariviere, qui l’ont fait préalablement couler sur sable en Angleterre, où se trouve encore une usine spécialisée. 

“Le plomb fondu est coulé sur de grandes tables où est étalée une fine couche de sable, il tiré à la règle par des compagnons comme au XIXe siècle, précise Franck Micev,directeur des grands comptes chez Lariviere, une fois livrés les rouleaux et plaques sont travaillés, taillés à dimensions, façonnés et prêts à poser. Le plomb coulé sur sable de 3,5 mm d’épaisseur est beaucoup plus résistant, équivalent à 5 ou 6 mm d‘un laminé ordinaire, ce qui fait que l’on en utilise beaucoup moins et cela fait moins de poids sur les toits…”

Les plaques de plomb façonnées par les entreprises participantes doivent répondre scrupuleusement à une maquette précise, sur ce chantier très codé par les services de l’architecte en chef des monuments historiques Philippe Villeneuve.

“Pour parfaire le travail, poursuit Jean-Christophe Le Ny, pour “taper le plomb” sur des tables, nous avons loué à Gennevilliers, près de Paris, un atelier avec deux autres entreprises, où nous emboutissons le plomb à la main sur les parties de charpente.” Les plaques de plomb sont ensuite agrafées sur les planches de bois.

A lire dans le journal du BTP du 14 mars 2024