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Norbert Fontanel, président de la fédération BTP Rhône et Métropole, vient d’inaugurer la Maison du
BTP, une véritable vitrine pour toute la filière, l’occasion aussi d’évoquer la crise qui secoue le secteur.
Après avoir été initiée par Gilles Courteix, lancée par Samuel Minot, la Maison du BTP a été inaugurée sous votre mandature, qu’est-ce que cela vous inspire ?
« Ce bâtiment, construit en 1970, était devenu obsolète, mais il s’agissait d’un lieu emblématique auquel les entrepreneurs sont attachés, un endroit qui constitue aujourd’hui une belle vitrine pour nos savoir-faire. On a, un temps, réfléchi à partir, mais sa localisation, sa proximité avec une voie rapide, nous ont
convaincus avec les autres copropriétaires que sont la FFB AURA et la FNTP, de rester ici moyennant une lourde réhabilitation. C’est l’agence lyonnaise AFAA Architecture qui a remporté le concours d’architecte en proposant notamment une façade bioclimatique, un système de chauffage rafraichissement géocooling, de la production d’électricité par 274 m2 de panneaux photovoltaïque en toiture conçue
comme une cinquième façade, 27 m3 d’eaux de pluie récupérés, bois et isolation biosourcée etc. Le bâtiment que nous avons entièrement désamianté repose sur huit piliers béton que nous avons conservés, mis en valeur. Nous avons redonné vie au bâtiment sans le dénaturer avec la volonté
qu’il soit vraiment une vitrine des savoir-faire du bâtiment ou on retrouve des salles de
réunion, un amphithéâtre de 162 places, des espaces d’accueil, etc. »
Cette réhabilitation a nécessité quel investissement ?
« Réalisé par une trentaine d’entreprises, le projet est développé sur 5 800 m2 à une moyenne de 3 000 euros le m2 (un investissement de l’ordre de 17 millions d’euros) qui va accueillir une centaine de
personnes en moyenne, réparties entre les trois copropriétaires que sont BTP Rhône, la FNTP, la FFB AURA mais des locataires comme Infra2050, BTPBanque et le service commercial de l’Auxiliaire. »
Pour la filière, cette inauguration est un symbole fort dans un contexte… très compliqué ?
« Oui, la situation des entreprises du secteur, hormis celles dans les travaux publics, est très inégale, c’est inquiétant. Tous les indicateurs sont orientés fortement à la baisse que ce soit les permis de construire, les chantiers démarrés, la consommation de béton, l’emploi, le recours à l’emploi intérimaire… Le seul chiffre à la hausse, c’est malheureusement celui des défaillances d’entreprises. La construction est en grande difficulté et la réhabilitation est à la peine et ne compensera pas les besoins car elle ne crée pas de nouveaux mètres carrés, de nouveaux logements, et ne satisfait donc pas les énormes besoins dans la Métropole. Il faudrait construire 8 000 nouveaux logements dans la Métropole, mais nous en sommes très loin. Tout cela a évidemment un impact sur la filière, mais aussi chez les fabricants de machines-outils, les
architectes, les cabinets d’études, les notaires, les déménageurs, les entreprises d’espaces verts, les cuisinistes, etc.
Les droits de mutation étaient d’environ 400 millions d’euros avant covid, ils s’élèvent à moins de 300 millions aujourd’hui, une manne qui manque ainsi aux collectivités. »
Imaginez-vous une sortie de crise prochaine ?
« Je crois que l’État va devoir se pencher à nouveau sur le statut du bailleur privé, un maillon important pour que nous puissions répondre aux besoins énormes en matière de logements, que les investisseurs privés retrouvent un véritable avantage à investir dans de l’immobilier neuf et qu’on reconstitue une vraie
offre de logements. On peut espérer aussi que les collectivités libèrent des terrains et que l’on puisse enfin construire des logements peut-être plus sobres, alliant architecture et environnement, qui rencontrent enfin leur marché. »
Franck Bensaid
La fédération BTP Rhône et Métropole embarque les entreprises dans la transition écologique
La fédération BTP Rhône et Métropole a confié à l’Institut CEC (Convention des Entreprises pour le Climat) la conception de Terra BTP Rhône, le premier parcours de sensibilisation et d’accompagnement à la transition écologique, spécifiquement dédié aux entreprises du BTP, ce qui serait une première en France.
Ce sont ainsi 25 dirigeants issus de 17 entreprises qui ont rejoint, en novembre 2023, la première promotion de ce programme (1) qui s’achève en juin. Les inscriptions sont d’ores et déjà ouvertes pour la deuxième session qui s’ouvrira à l’automne prochain.
« Les activités du BTP ont un impact environnemental significatif. Face aux urgences climatique et écologique, il est de notre responsabilité, à l’échelle de notre territoire, de mener une transformation profonde de nos modèles, pour devenir des entreprises régénératives», rappelle Norbert Fontanel, président de la Fédération BTP Rhône et Métropole.
Et de poursuivre : « L’engagement actif de notre filière dans la transition écologique est l’une des grandes priorités de mon mandat : Terra BTP Rhône permet aux entreprises participantes d’établir des feuilles de route concrètes en ce sens. »
Terra BTP Rhône est un parcours apprenant en six sessions, qui alterne des conférences d’experts, des échanges avec des institutionnels, des retours d’expérience d’acteurs déjà engagés et des temps d’intelligence collective entre pairs. Passé le constat de l’urgence et de l’ampleur des enjeux, les participants questionnent la manière de réintégrer leur activité et leur modèle à l’intérieur des limites planétaires. Ils réinventent leurs critères de performance et de partage de la valeur, identifient les différents leviers d’actions, pour ensuite définir un plan d’action associant les collaborateurs et les parties prenantes de l’entreprise.
BTP Rhône et Métropole souhaite que l’ensemble des acteurs de la construction (architectes, économistes de la construction, fournisseurs et distributeurs de matériaux) puissent bénéficier du parcours Terra BTP Rhône, car la mobilisation de toutes les parties prenantes de la filière est indispensable pour avancer.
(1) La participation au programme s’élève à 3 450 € par participant avec une prise en charge possible par l’OPCO de l’entreprise. L’ingénierie de cette action de formation qui a été coconstruite entre l’Institut CEC et la Fédération BTP Rhône et Métropole a été cofinancée d’une part, dans le cadre de l’action « Ingénierie de formations professionnelles et d’offres d’accompagnement innovantes (IFPAI) » du Programme d’Investissements d’Avenir FormLab porté par le campus des Métiers et des qualifications urbanisme et construction – vers une Ville intelligente, opéré par la Caisse des dépôts (Banque des territoires), et d’autre part, par la Métropole de Lyon.
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