Julien Maitre : « Le management est limité quand on recrute correctement »

Julien Maitre : « Le management est limité quand on recrute correctement »

Julien Maitre, 45 ans, dirige l’entreprise Altimaitre (Vénissieux), spécialisée dans les travaux d’accès difficiles sur Lyon et sa région. Ses compagnons interviennent sur cordes pour réaliser tout un éventail de travaux en façade ou sur toiture. Créée en 2011, Altimaitre compte aujourd’hui 23 personnes.

Vous avez fait Sciences-Po Grenoble et suivi des cours d’Économie et de Politique à l’université de Newcastle, ce n’est pas la voie royale pour créer une entreprise du Bâtiment composée de compagnons cordistes. Que s’est-il passé ?
J’ai en effet suivi une formation qui n’a rien à voir avec le BTP. En revanche, je suis fan d’alpinisme et d’escalade depuis mon enfance. En fait, j’ai toujours voulu travailler à l’extérieur et devenir cordiste, je crois. Alors après une dizaine d’années à travailler pour un distributeur en matériaux de construction entre l’Angleterre et la France, j’ai décidé de me reconvertir.

Comment avez-vous fait ?
J’ai suivi de petits modules en maçonnerie et zinguerie notamment pour acquérir du savoir-faire dans les métiers du Bâtiment, et j’ai commencé les chantiers par le biais d’une société d’intérim. J’ai vraiment acquis des connaissances dans le Bâtiment en travaillant en Allemagne et en France sur la construction d’éoliennes, sur cordes et sur nacelles. C’était plutôt du génie civil…

Quelle est l’activité de votre entreprise aujourd’hui ?
Nous réalisons beaucoup de travaux de zinguerie en façades, notamment des descentes d’eau pluviales. Et puis des travaux de maçonnerie, reprises de nez de balcons, reprises d’enduits, de peintures. Nous faisons du traitement de fissures… Et enfin nous proposons des travaux de nettoyage, de recherche de fuite, de dépigeonnage, bref des interventions de maintenance sur les immeubles lyonnais d’habitation.

Vos clients sont donc les syndics de copropriété ?
A plus de 90%. Le solde est réalisé en sous-traitance pour des entreprises de couverture ou de maçonnerie qui ont des besoins spécifiques d’accès, qui ne peuvent pas échafauder ou placer une nacelle.

En moins de quinze années Altimaitre emploie 23 salariés. Vous ne connaissez pas de problèmes de recrutement ?
Il y a eu une tension juste après le confinement, mais non, pas en ce moment. Nous avons même la chance de pouvoir être un peu plus exigeants encore sur les profils que nous engageons. Nous prenons des professionnels que nous formons à la pratique des travaux sur corde quand ils ne le sont pas déjà. Nous avons aujourd’hui neuf binômes de techniciens cordistes.

Quelle est la formation pour un maçon par exemple qui voudrait devenir cordiste ?
Il doit passer en cinq semaines Le “CQP Travailler sur cordes” (certificat de qualification professionnelle cordiste), apprendre à équiper ses cordes en milieu urbain ou naturel, à descendre en sécurité, à faire quelques manips de levage… Il va surtout apprendre à travailler en binôme, car dans nos métiers nous devons pouvoir porter assistance à l’autre cordiste en cas d’incident ou de malaise, afin de ne pas laisser la situation s’aggraver… et lui porter secours au plus vite.

Comment se porte l’activité dans votre secteur ?
Depuis le début de cette année, l’activité économique a un peu baissé mais nous nous développons à notre rythme, essentiellement par le bouche à oreille. Altimaitre est passée en SAS en 2020, année où l’un de mes couvreurs-zingueurs est devenu mon associé. Nous nous entourons toujours de salariés qui apportent un vrai savoir-faire dans l’entreprise.

Et vous avez appris le management ?
Au fur et à mesure et en m’entourant des bonnes personnes. Le management est limité quand on recrute correctement.