Les finales nationales du concours des Meilleurs Apprentis de France et le 69e congrès national de la Société des Meilleurs Ouvriers de France ont eu lieu début juin à Lyon. Pendant quatre jours, l’excellence et le savoir-faire ont rayonné à la Cité Internationale-Centre de Congrès. Et puisque l’excellence doit se transmettre et peut susciter des vocations, 5000 scolaires âgés de 8 à 18 ans ont été exceptionnellement conviés à découvrir les métiers – environ 120 – mis à l’honneur par près de quatre cents professionnels, MOF et MAF. Une opportunité dans un contexte où le recrutement reste un défi quotidien pour les chefs d’entreprises et artisans.
Valoriser, communiquer, transmettre…
Après la finale nationale des Worldskills à Lyon en septembre dernier, après le Mondial des Métiers, les métiers du Bâtiment ont eu une nouvelle fois l’occasion de se mettre en avant, de se montrer tels qu’ils sont vraiment aujourd’hui. 5 000 scolaires, mais aussi des MOF venus de tout l’hexagone, des apprentis par dizaines, et d’autres visiteurs encore, ce ne fut pas moins de trente mille personnes sur quatre jours qui ont pu rencontrer les artisans, les observer, et mesurer l’étendue de leur registre dans les espaces de démonstrations.
Toutes les occasions sont bonnes, tous les événements auxquels participent les professionnels du Bâtiment sont autant de petits cailloux semés auprès des jeunes, des témoignages sur des métiers méconnus, mal connus, qui cherchent désespérément des candidats.
Jean-Luc Marion, les lauréats et les membres du jury du concours staffeur ornemaniste
Jean-Luc Marion, président du Groupement des Staffeurs, vice-président de l’UMPI-FFB (Union des Métiers du Plâtre et de l’Isolation) et président de la section Finition à BTP Rhône, était présent à la Cité Internationale comme membre du jury des épreuves de staff : « Le recrutement est toujours pour nous un exercice compliqué, périlleux. Il nous faut beaucoup l’anticiper, c’est la raison pour laquelle il est nécessaire d’être présents dans tous les événements qui permettent d’attirer les jeunes publics ou servir de vitrine à nos métiers, comme ces épreuves de Meilleur Apprenti de France ».
Même écho du côté de Laurent Favetto, dirigeant de Favetto-Lardet, une miroiterie familiale d’une douzaine de personnes dont le siège est à Chassieu : « Nous avons un manque de postulants et de savoir-faire dans notre domaine. J’ai profité de ma présence à cet événement pour inviter des classes de troisième à venir nous rencontrer à Chassieu, visiter nos ateliers, nous avons besoin de susciter des vocations ».
Dans le cas de Jean-Luc Marion qui évolue dans un métier de niche à la tête de l’entreprise Deroux-Dauphin à Vaulx en Velin, il n’existe que deux centres de formation pour les staffeurs, situés aux alentours de Paris. Même les Compagnons ont dû restreindre la formation qu’ils proposaient, faute de candidats. Il s’agit pourtant d’un métier « noble », proche de la décoration et de l’art. Le staffeur réalise des objets en plâtre moulé qui peuvent être d’une grande beauté et d’une grande précision pour des chantiers de construction mais surtout de restauration du patrimoine, d’ouvrages classés, bref du haut de gamme. « La haute couture des métiers du plâtre », juge Jean-Luc Marion, qui a évalué les œuvres d’apprentis, « parmi les meilleurs de leur génération ».
Une réalisation de plomberie chauffage sanitaire
Alain Le Ny, MOF et son équipe pour assurer la promotion des MOF Couverture
« Nous accueillons souvent des jeunes du tour de France, ils ne sont pas encore vraiment staffeurs car il leur faut quelques années avant qu’ils aient une productivité reconnue, mais nous les formons nous-mêmes, c’est la solution. Il faut trois à cinq ans d’exercice pour devenir un véritable staffeur, c’est l’expérience qui prime ».
Laurent Favetto, lui, est toujours en quête d’apprentis. « J’en recherche, oui, j’en prends dès que je le peux, mais il est très difficile d’en trouver. Pourtant l’activité est bonne dans notre secteur, je travaille donc parfois avec des artisans sous-traitants qui sont aussi nos clients. Je les connais bien, c’est essentiel ». Présent au Mondial des Métiers l’an dernier, sponsor de clubs sportifs à Chassieu, Laurent Favetto fait partie de ces chefs d’entreprises qui ne ménagent pas leur engagement pour recruter.
« Des milliers de collégiens sont venus au Centre de Congrès. Nous espérons que cela va faire naitre chez eux l’idée de s’inscrire dans une des filières qu’ils auront visitées », conclut avec optimisme Jean-Luc. « C’est presque un entrainement qui va nous permettre d’être très bons pour la finale internationale des Worldskills en septembre prochain à Lyon. Nous allons passer à une autre échelle, des centaines de milliers de visiteurs sont venus l’an passé à Lyon pour la finale nationale. Alors cette année… »
Éric Doublier : « un modèle de l’excellence du geste à la française »
Éric Doublier est le président de la Com’Form (Commission Formation) de la fédération BTP Rhône.
Qu’avez-vous retenu de ces quatre jours du centenaire des MOF à Lyon ?
L’espace de démonstration ! Il y avait au Centre de Congrès un espace de démonstration des métiers qui à mon sens était un modèle, voire une leçon, en termes de qualité. Nous avons pu voir des centaines de scolaires défiler dans cet espace, et il me semble que c’est un très beau message de voir des jeunes se rapprocher du geste, apprécier les métiers, tous les métiers, pas seulement ceux du Bâtiment. C’était une leçon de ce qu’il faut faire. C’était pour moi intéressant et rassurant de voir l’engouement des jeunes et des familles sur les démos métiers pendant ces trois jours.
Les œuvres des meilleurs apprentis de France vous ont-elles convaincues ?
Ce que j’ai vu est au niveau des meilleurs mondiaux. Il faut rappeler et souligner que les jeunes qui présentent leurs œuvres ont 21 ans environ, avec dans le meilleur des cas, cinq ans de métier. Et nous avons pourtant pu admirer des travaux hallucinants en termes de niveau, même si on s’attend chez les MAF à côtoyer l’excellence et le meilleur savoir-faire français. Derrière leur travail, on devine bien sûr la passion du jeune qui présente son travail, le soutien de son employeur, et aussi de son centre de formation, toute l’histoire qui l’a amené jusqu’ici.
Le jury du concours de charpente en action