Lyon Presqu’île : la Zone à Trafic Limité c’est déjà demain

Le 1er juin 2025, une zone à trafic limité (ZTL) entrera en vigueur dans la Presqu’île de Lyon, du bas des pentes de la Croix-Rousse jusqu’à Bellecour. L’objectif est d’offrir plus de confort aux piétons et aux vélos pour, dixit la ville et la métropole « profiter pleinement du centre-ville de Lyon, de ses équipements et de ses commerces ». Les lyonnais, et parmi eux nombre de professionnels impactés par cette révision des usages de circulation, ont pu participer à une large consultation pour « fixer les modalités de fonctionnement de cette future ZTL ». Consultation qui a pris fin le 11 octobre dernier. Parmi eux, Raphaël Desplace, dirigeant de la menuiserie Michel Durand située rue de Condé, à deux pas de la place Carnot, qui représentait les adhérents de la fédération BTP Rhône.

Raphaël Desplace : « Nous souhaitons juste que la survie de nos entreprises soit prise en compte »

D’abord, rassurez-nous, les artisans et entreprises du BTP pourront-ils encore intervenir en presqu’île à partir de juin 2025 ?
Nous allons probablement être « ayants droit », au même titre que les habitants, les commerçants de la zone, les secours, et bien d’autres. D’une façon générale, il y aura sans doute assez peu de professionnels ou d’activités qui ne pourront être ayants droit. Ce « assez peu », engendre cela dit une inquiétude au sein des différentes corporations, car il ne semble pas encore parfaitement défini. Et comme le temps politique n’est pas le temps de l’entreprise, ceux qui ne seront pas encore ayants droit risquent de devoir patienter un peu avant de le devenir.

La voix des artisans et entrepreneurs du BTP a-t-elle été entendue ?
Nous avons participé aux commissions dans un état d’esprit positif, car ces évolutions sont dans l’air du temps. Les grandes villes européennes ferment presque toutes leurs centres-villes, et nous avons déjà des exemples de ZTL qui fonctionnent. Nous participons avec plaisir aux travaux, conscients que la planète a besoin de répit. Cependant, nous sommes formels : la dimension économique – c’est-à-dire la survie de nos entreprises – doit être véritablement et intégralement prise en compte, afin que nous puissions continuer à travailler normalement.

Qu’est-ce qui « coince » encore ?
La métropole et la ville essaient vraiment d’étudier tous les cas de figure. Une des problématiques demeure les cas de passages exceptionnels. Pour les ayants droit qui ont déjà enregistré leurs numéros de plaques de véhicules, tout ira bien, mais pour ceux qui interviennent rarement en centre ville, il leur faudra faire une demande 24 à 48 heures avant. S’ils ont un chantier à honorer, il leur faudra faire plusieurs demandes en fonction des besoins journaliers du chantier, soit des dizaines de demandes. Impossible. D’autant que nous ne savons pas si les services de la collectivité seront renforcés et aptes à traiter cette avalanche potentielle de demandes… Bref, si certains d’entre nous sont oubliés dans la distribution de droits, cela risque devenir économiquement compliqué pour eux.

La consultation est close depuis le 11 octobre. Au final, êtes-vous rassurés ?
La difficulté de ce genre de projet est de prendre en compte tous les intérêts, parfois divergents. La multiplication de terrasses ne va-t-elle pas enlever des places de stationnement dont nous, artisans, avons besoin ? Pourra-t-on encore se garer pour nos livraisons de matériel, et ailleurs que dans les parkings publics – qui vont demeurer accessibles à tous – où nous ne pouvons pas prendre des abonnements dans chacun d’entre eux ? Et comment faire en cas d’intervention rue Grenette, dédiée aux bus, où les trottoirs sont inaccessibles ? Il reste encore bien des interrogations sur la mise en œuvre.

La ZTL c’est quoi ?
> Dans une ZTL, le trafic de transit est interdit. L’accès des véhicules est donc réservé aux riverains, aux commerçants, aux transports en commun et à certains usages essentiels (livraisons, urgences, etc).
> Quatre bornes d’accès à la Presqu’île seront installées au premier semestre 2025 (deux côté Rhône, une côté Saône et une à Bellecour). Relevées l’après-midi, elles resteront abaissées en matinée, leur respect étant contrôlé sur zone par la police municipale. 

 

À lire dans l’édition du 19 décembre du Journal du BTP