
Juste après l’incendie de Notre-Dame de Paris, Lionel Garin a candidaté, avec succès, au projet de reconstruction de la cathédrale. Responsable de l’agence Auvergne-Rhône-Alpes de Bourgeois, filiale de VINCI Construction, il dirige, sur ce périmètre quarante compagnons et salariés experts en travaux de rénovation de l’ancien et de monuments historiques. Château de Versailles et Palais Bourbon en Ile de France, Hôtel de Ville et Musée Gadagne à Lyon et bientôt la Co-cathédrale de Bourg en Bresse dans l’Ain, figurent au palmarès de Bourgeois. Interview.
Lionel Garin : « Une grande fierté d’être reconnu officiellement bâtisseur de Notre-Dame »
Quelle est la genèse de votre participation au chantier de Notre-Dame ?
Les chantiers de charpente et couverture sur des sites inscrits ou classés au titre des monuments historiques représentent le cœur de métier de l’entreprise Bourgeois, soit environ 80 – 90% de notre activité. Nous étions naturellement candidats pour participer à cette reconstruction, comme d’autres adhérents du Groupement des entreprises de Monuments Historiques (GMH). Nous nous sommes organisés, avec trois autres entreprises, pour répondre en groupement à cet appel d’offre. Avec nos co-traitants, essentiellement parisiens, nous avons ainsi obtenu le lot « Couverture » du chœur de Notre-Dame
Quelle ont été les missions confiées à votre entreprise ?
Nous avons réalisé les travaux de restauration de la couverture du pan nord du chœur, ainsi que le faîtage ornementé et les crêtes surplombant l’édifice. Nous avons posé les tables de plomb, les chemins de ronde, les outeaux, une lucarne avec ses décors et une vouivre dans le versant.
D’où provenait le plomb que vous avez utilisé ?
Il s’agit exceptionnellement d’un plomb coulé sur sable, à l’ancienne, d’origine anglaise puisqu’il n’existe plus de fabricant en France. Les tables de plomb nous parvenaient à plat ou en rouleaux, elles étaient façonnées en atelier avant de les poser sur site et de fermer les joints. Une fois mises en forme, les pièces étaient colisées sur des palettes spéciales conçues pour les épouser et les sécuriser au mieux, afin de les acheminer vers le chantier.
Techniquement, ce fut un chantier compliqué ?
Techniquement non. Il était en revanche très complexe en termes d’organisation, de logistique, de coordination, d’interface avec les autres corps d’État. La difficulté principale, s’il fallait en retenir une, c’était globalement de disposer des moyens de levage et d’accès en temps et en heure. C’était donc bien la coordination du chantier… Sans oublier, bien sûr, le délai imparti et les cadences à tenir.
Et il a fallu travailler avec d’autres entreprises, parfois concurrentes ?
Nos co-traitants et confrères occasionnels sur ce chantier sont parfois, sur d’autres opérations, nos concurrents. Nous avons l’habitude, la constitution de groupements est assez courante sur tous les grands chantiers. Nous avions des réunions de coordination quasi hebdomadaires, les modes opératoires étaient élaborés conjointement. Chaque entreprise avait mobilisé un conducteur de travaux sur place ; un mandataire faisait office de lien avec l’architecte et l’établissement public.
Combien de compagnons avez-vous mobilisé et pendant combien de temps ?
Depuis octobre 2022, deux personnes de l’encadrement de Bourgeois ont été mobilisées pour une période de préparation de nos travaux d’environ un an. Seize compagnons deBourgeois et dix manœuvres locaux ont participé au chantier, qui a commencé sur place en octobre 2023. Nous avons travaillé jusqu’aux Jeux Olympiques de Paris 2024, et nous sommes revenus pour livrer nos ouvrages en décembre 2024. Cela fait donc plus d’un an de travaux… Chacun de nous – à l’atelier ou sur place – éprouve une grande fierté d’avoir participé à la reconstruction et d’être reconnu officiellement bâtisseur de Notre-Dame. C’est vraiment un chantier emblématique à plus d’un titre pour Bourgeois.
©photos : BOURGEOIS
À lire dans l’édition du 23 janvier 2025 du Journal du BTP
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