
Créateurs ou repreneurs d’entreprises du BTP – tous secteurs d’activité confondus – ils ou elles affrontent chaque jour les aléas de la vie de leur « boite » comme ils disent. Avec parfois des parcours inspirants inscrits dans le territoire, de belles histoires de chefs d’entreprise où les nuits sont parfois moins belles que les jours, mais où les rencontres sont toujours déterminantes.
C’est le cas de Julien Bastion, 38 ans, qui a créé la société J.Bastion il y a quinze ans, une entreprise de maçonnerie à l’époque, et dirige aujourd’hui un groupe de trois entités et cinquante personnes dont le siège est à Lentilly. Interview.
Comment est née l’entreprise J Bastion ?
J’ai suivi un BTS Travaux Publics en alternance à la Martinière Monplaisir et dans une belle entreprise de TP qui a été rachetée par un grand groupe dont les méthodes ne m’ont pas convaincu. J’ai ensuite rejoint une petite entreprise de maçonnerie – je viens d’une famille de maçons – et au bout de trois ans, j’ai décidé de me mettre à mon compte.
Dans la maçonnerie ?
Oui, j’ai commencé avec une petite structure, et rapidement j’ai demandé à mon frère de me rejoindre parce que le métier n’est vraiment pas simple tout seul. Mais je me suis vite aperçu que cela allait être compliqué ; il y a beaucoup de concurrence sur le marché de la petite maçonnerie, les matériaux et techniques ont tellement évolué que nous sommes nombreux à pouvoir exécuter ce genre de travaux. J’ai donc cherché comment nous développer, et j’ai opté pour la découpe béton. J’ai acheté une première machine qui a englouti toutes mes économies…
Quel a été votre premier client ?
Un jour de pluie, j’ai envoyé une dizaine d’ emails à la « planète découpe » de Lyon en expliquant que j’avais une machine – une carotteuse – et pouvais apprendre à travailler avec eux en sous-traitance. Franchement, mon frère et moi n’y connaissions rien. Nous avons eu aussitôt une réponse de Pascal Waget, un expert de la découpe qui avait un très gros chantier sur les quais de Saône. Il nous a pris sous son aile et nous a présenté de nombreux collègues et concurrents qui nous ont donné du travail, en découpe comme en maçonnerie. Pascal est aujourd’hui le directeur de notre filiale Bastion Découpe Diamant.
Une belle histoire d’élève et de maître…
J’ai beaucoup avancé grâce à mes collègues, confrères, et souvent des clients aussi, qui sont devenus mes pères et mes pairs. Des mentors. De très belles personnes. Ils ont été pour moi une chance et c’est une fierté de les côtoyer.
Et aujourd’hui vous êtes à la tête d’un petit groupe de trois entités ?
Nous avons eu l’opportunité de nous développer en rachetant l’entreprise Pitavy Terrassement, qui est notre partie TP. Nous sommes aujourd’hui une cinquantaine de salariés ; j’ai un directeur-actionnaire de la filiale Maçonnerie, un directeur de l’entité Découpe et je m’occupe seul de l’entité Pitavy.
Justement comment se porte l’activité ?
Nous avons beaucoup-beaucoup de demandes de chiffrage. Et un volume d’activité satisfaisant. Mais globalement les prix sont alarmants, le neuf souffre et donc nos collègues se rabattent sur la rénovation…
Comment l’entreprise Julien Bastion a-t-elle fait pour grossir aussi vite en quinze ans ? Quelle est votre recette ?
D’abord le travail, énormément de travail. Ensuite, la famille : j’ai la chance d’avoir une femme qui m’a toujours fait confiance, et puis il y a eu à mes côtés mon frère, mon oncle, mon cousin et mes « gars », qui pour beaucoup sont devenus des amis et sans qui rien ne serait possible… Mais attention, nous avons parfois souffert, commis des erreurs, nous avons connu des nuits blanches et des revers… Alors il ne faut rien lâcher, toujours être vigilant, et s’adapter. Et pour finir, il faut évidemment une part de chance…
À lire dans l’édition du 27 mars 2025 du Journal du BTP
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