Natacha Fenocchi : « J’ai le sentiment que c’est plus dur qu’il y a vingt ans »

Natacha et Frédéric Fenocchi viennent de fêter les vingt ans de Corelec, l’entreprise d’électricité de Saint-Georges-de-Reneins dont le nom est un clin d’œil aux prénoms de leurs deux premières filles (la 3ème n’a pas encore vingt ans). Malgré une conjoncture économique difficile qu’ils ressentent comme tous leurs confrères, ils conservent de leur parcours un sentiment de fierté et d’accomplissement, même si le contexte actuel assombrit parfois leur quotidien.

Comment a commencé l’aventure de Corelec ? En août 2004, à Trévoux, avec un Kangoo et une caisse à outils, achetés avec les 5000 euros que mon mari avait économisés en travaillant dans les entreprises d’électricité où il a fait ses classes. Frédéric et moi sommes comptables de formation. Je m’occupais de ses factures les mercredis. L’entreprise a grossi ; les mercredis ne suffisaient plus, je l’ai rejointe en 2007.

Vingt ans plus tard, vous êtes à Saint-Georges-de-Reneins ? Oui, nous sommes arrivés à Saint-Georges en 2008, où nous avons d’abord loué des locaux ici et là avant de faire construire notre bâtiment en 2020. Aujourd’hui nous sommes six : Frédéric au bureau ou sur les chantiers, un conducteur de travaux, trois compagnons, et moi pour tout l’administratif.

Le champ d’activité de Corelec s’est élargi depuis sa création ? Cela reste une entreprise d’électricité générale, courants forts-courants faibles ; nous posons aussi bien des outils de domotique que des climatisations réversibles, des réseaux informatiques et tableaux électriques, et nous avons ajouté l’an passé l’étude et l’installation de panneaux photovoltaïques, avec bien sûr tous les agréments nécessaires. Nous travaillons également dans les bases vie (bungalows), activité qui peut nous emmener partout en France.

Quels sont vos principaux donneurs d’ordre ? Des entreprises pour la partie « modulaires », des particuliers ou des architectes pour le neuf et la rénovation, et puis nous répondons aux appels d’offres privés ou publics.

Dans ce contexte maussade, comment se porte l’activité dans votre secteur ? Je pense que nous n’avons jamais vécu cela en vingt ans. Nos distributeurs parlent même de « catastrophe ». Personnellement nous avons du travail, nos compagnons sont sur le terrain chaque jour, mais nous avons moins de visibilité. Nous faisons beaucoup de chiffrage pour une activité au ralenti, il faut faire le dos rond. Tous nos collègues souffrent même s’ils ne le disent pas. Les grosses entreprises surtout, qui viennent chercher du travail sur nos marchés habituels. Ce contexte a au moins un bon côté : on ne s’endort pas sur nos lauriers, même si au bout de vingt ans nous aspirerions à plus de sérénité…

Corelec a vingt ans. Quelle est selon vous la recette de longévité pour une entreprise ? Ce que je peux dire, c’est que Frédéric a travaillé six jours et demi sur sept pendant des années, jusqu’à 21h00 le soir – il ne prend ses samedis que depuis deux, trois ans – il n’a pas assez vu grandir nos trois filles… Cela dit, nous avons aussi la chance d’avoir eu et d’avoir encore de très bons compagnons ; c’est essentiel dans une petite structure. Et quand on se retourne, oui, il y a tout de même de la fierté d’en être arrivés où nous sommes, de la satisfaction de voir nos clients satisfaits, refaire appel à nous… Et d’avoir pu fêter nos vingt ans en septembre dernier avec tous nos compagnons, des clients, des fournisseurs, des amis, tous ceux qui nous ont aidés et supportés toutes ces années. Maintenant, peut-être à cause de la conjoncture, j’ai tout de même le sentiment que c’est plus dur qu’il y a vingt ans.

À lire dans l’édition du 27 mars 2025 du Journal du BTP