Covid oblige, la finale nationale des WorldSkills 2020 aura lieu l’année prochaine à Lyon-Eurexpo. Les gagnants – et leurs seconds – auront la chance d’aller ensuite à Shanghai disputer la finale mondiale. Une Olympiade XXL qui réunit des candidats représentants une multitude de corps de métiers, dont ceux du Bâtiment et des Travaux Publics. Dans les semaines qui viennent, nous avons choisi de vous faire découvrir quelques graines de champions, déjà lauréats régionaux, ainsi que leur parrain et patron.
Théo Chopin, 19 ans, domicilié à Saint-Lager en Beaujolais, sera le candidat de la région en « Taille de pierre ». Il prépare son BP chez Guillin Maçonnerie Patrimoine, une entreprise d’une douzaine de salariés dont huit compagnons, un tailleur de pierre, et Théo, basée à Lantignié à côté de Beaujeu, dont le dirigeant est Bruno Besson.
Quel a été votre parcours scolaire jusqu’à maintenant ?
J’ai fait un CAP Maçonnerie en deux ans à Bourg-en-Bresse, en alternance, suivi d’un CAP Tailleur de pierre en un an, et là je suis en seconde année de BP Taille de pierre à Montalieu, en Isère, toujours en alternance. Et je travaille dans l’entreprise Guillin depuis deux ans. J’aime être à l’extérieur, je déteste la vie en bureau, c’est la raison pour laquelle je me suis dirigé tout de suite vers un CAP au lieu de poursuivre des études générales. Et puis j’ai toujours aimé dessiner…
Tailleur de pierre ce n’est pas commun, pourquoi ce choix ?
C’est vrai, c’est un métier qui est en train de se perdre. La maçonnerie ne me plaisait plus, faire du neuf c’était compliqué… J’aimais bien la pierre, j’étais attiré par ça, du coup j’ai foncé. J’ai accroché, je suis tombé amoureux de ce métier. Et depuis je suis à fond dedans.
En quoi consiste-t-il ?
Tailleur de pierre ça consiste à réparer ou à changer une pierre, voir créer de toutes pièces un objet… Cela peut être une marche d’escalier, une croix, une sculpture, on retrouve de la pierre partout…
Racontez-nous pourquoi vous vous êtes présenté à ces WorldSkills ?
Lorsque je préparais mon CAP Tailleur de pierre, l’un de mes professeurs m’a orienté sur ce concours. Nous étions quatre participants à réaliser un sujet donné le matin même du premier jour… On ne nous donne vraiment aucune information avant, même la pierre on la découvre le jour même. Le concours c’est deux jours de taille. Enfin… Avant la taille, il y a le dessin, le dessin à l’échelle, les profils, les contre profils des pierres, le tracé. Et après la taille, les finitions. Je me souviens c’était beaucoup beaucoup de stress et de pression.
Vous la sentez comment cette finale ?
Je me prépare. Je taille chez moi, je taille à l’entrepôt, je taille à l’école, des moulures, des sculptures etc..
Votre patron actuel est à fond derrière vous ?
Mon patron Bruno Besson est très à l’écoute, il est toujours là pour me supporter. Et je travaille au quotidien avec un maitre de stage, Jeoffrey Furtag, qui m’a appris tout ce que je sais et qui continue d’ailleurs à m’apprendre.
Pourquoi avoir un pris chez vous un jeune en alternance, qui, en plus, prépare un concours ?
Bruno Besson : J’ai repris l’entreprise Guillin Maçonnerie Patrimoine il y a un an et demi avec l’ensemble des équipes qui ont bien voulu me suivre, et parmi eux il y avait déjà Theo. Nous avons un petit atelier de taille de pierre avec un tailleur-graveur confirmé, Jeoffrey Furtag, l’idée était qu’il soit entouré d’un apprenti qui avait déjà fait un CAP.
Comment parvenez-vous à l’aider ?
Pour aider Théo, nous regroupons les opérations de taille les semaines où il est présent à l’atelier. Nous sommes par exemple en train de travailler sur la réfection d’un escalier en pierre d’un parvis. Nous avons attendu qu’il soit dans l’entreprise pour faire les relevés, les croquis, discuter avec les clients, et lancer la taille en atelier. Nous attendrons son retour de l’école pour faire la pose afin qu’il ait la vision complète de l’opération.
Ses qualités ?
Il est passionné. On sent qu’il est intéressé par la taille de pierre, il aime façonner… Une fois qu’il est lancé, il est très concentré sur son travail. On sent qu’il est fier de ce qu’il fait et du résultat. Bien sûr, il est en apprentissage, il ne maitrise pas encore tout et il faut l’accompagner, mais je trouve que son binôme avec Jeoffrey permet à tous les deux de progresser dans leur poste. Ils ont une bonne énergie.
Comment appréhendez-vous sa participation aux WorldSkills ?
Ce concours est vraiment moteur pour lui, ça l’encourage à poursuivre son métier et à s’améliorer. C’est une grande fierté de voir dans notre effectif des apprentis qui ont du talent et sortent un peu du lot. J’essaie de le pousser pour qu’il continue dans cette voie sans négliger sa formation à l’école. Car il doit acquérir une méthode, une réflexion, c’est un métier pointu qui nécessite des bases scolaires assez précises.
Une interview à retrouver dans le Journal du BTP de jeudi 5 novemvre 2020.