Les jeunes n’ont pas une si mauvaise image de nos métiers, Bertrand GALLOIS

Le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics souffre d’un problème récurrent de recrutement, notamment en personnel de chantier. Comme l’a rappelé en début d’année le président Samuel Minot, l’un des objectifs majeurs de la fédération pour 2021 sera de se focaliser sur les solutions à apporter à cette difficulté endémique, notamment à travers une grande campagne de promotion des métiers. A la fédération BTP Rhône-Métropole, deux services ont la mission d’aider les adhérents à surmonter le manque criant de candidats à leurs offres de travail : Le service Emploi, dirigé par Véronique Legrain, et le service Formation dirigé par Bertrand Gallois.

 

Quel est l’objectif du service Formation ?

C’est l’outil opérationnel de la commission Formation qui est constituée d’adhérents et d’experts comme les directeurs de CFA, les directeurs de rectorats ou les représentants de fédérations régionales. Elle se réunit quatre fois par an avec quatre axes de travail : La promotion des métiers ; la formation initiale ; la formation continue ; et l’insertion.

Quelle est votre offre aux entreprises ?

Notre préoccupation est d’être au plus près des entreprises car la formation doit rester pour elles un élément stratégique. Nous allons aller à leur rencontre pour évaluer leurs besoins en compétences, comment on y répond, comment on formalise un plan de formation, comment optimiser le financement, etc…

Est-ce que la fédération propose elle-même des formations ?

Nous l’avons fait pendant quelques temps avec le support de l’IFBTP (Institut de formation du BTP) mais on ne peut plus le faire depuis la réforme de la formation professionnelle. Nous proposons néanmoins un catalogue semestriel – qui va d’ailleurs sortir ces jours-ci – de toutes les formations de partenaires qui proposent des tarifs spécifiques à nos adhérents. Il va recenser plus de cinq cents stages dans des domaines tels que la prévention sécurité, la connaissance des marchés publics etc…

Quels sont les gros problèmes de formation que rencontrent vos adhérents ?

Le problème principal est la pénurie de main-d’œuvre, avec la nécessité de remplir nos CFA, de remplir tous les organismes de formation initiale du BTP. C’est donc un problème d’attractivité de nos métiers. Un certain nombre d’actions vont être menées par la fédération, avec par exemple le Printemps des métiers, les WorldSkills, le congrès de la FFB, l’exposition photo à la Part-Dieu, etc… De notre côté, nous avons déjà nos marronniers, comme les Coulisses du BTP, le Mondial des métiers, la Nuit de l’orientation. Nous avons également déjà 120 demandes d’intervention dans les collèges et lycées, nous intervenons de la cinquième jusqu’à la terminale avec des prestations différentes. Nous nous appuyons pour y répondre sur notre association de retraités et sur nos entreprises. C’est notre travail de fond toute l’année.

Les jeunes sont-ils de plus en plus diplômés ?

Il y a de plus en plus de passerelles qui facilitent la montée en niveau supérieur puisque maintenant les BTS sont accessibles aux bacs pros, puisque nous attirons de plus en plus de jeunes avec des licences. La difficulté étant que l’on ait bien le bon nombre de sorties par rapport aux besoins des entreprises, quel que soit le niveau. Reste qu’il y a toujours besoin de main d’œuvre de base.

Il y a de plus en plus d’alternances ?

Oui. L’alternance est une filière d’excellence, le jeune peut en même temps avoir une formation académique et acquérir une culture d’entreprise, une culture chantier, bref on en fait un professionnel avant sa sortie, et il y a beaucoup d’entreprises qui jouent le jeu de l’alternance. Mais nous avons aussi besoin des voies scolaires, simplement parce que nous manquons de jeunes.

Est-ce que le secret de ces problèmes de recrutement repose sur la communication ?

Oui oui, il faut faire bouger les représentations. Au niveau des jeunes je ne suis pas trop pessimiste, ils n’ont pas une si mauvaise image de nos métiers, en revanche c’est auprès des parents et des enseignants qu’il faut faire bouger les choses.

A ce propos, il y a peu de jeux pour les petits qui évoquent le bâtiment, non ?

Pour les jeux grand public, je suis d’accord. Cela dit, nous intervenons maintenant dès le primaire en nous appuyant sur la Fondation entreprise et réussite scolaire qui a fait un jeu qui dure six semaines pendant lesquelles les petits vont faire un projet de A à Z jusqu’à la réception des travaux.

Eric Doublier, dirigeant de la société CERENN à Lyon, référent WorldSkills aux côtés de Guillaume Targe, vient de prendre la présidence de la commission Formation à la fédération BTP Rhône et Métropole.

Eric Doublier : « Notre ambition est de poursuivre le travail de mon prédécesseur Georges Siaux qui portait admirablement le mandat, c’est-à-dire continuer avec énergie à rapprocher des mondes qui ne se connaissent pas très bien à la base. Avec pour résultante d’avoir des jeunes dans la profession ou des gens qui reviennent à l’emploi, prêts à être formés. La commission Formation de la fédération est la passerelle de tout cela. Rassembler le monde des CFA et de l’apprentissage, le monde de l’insertion, celui de l’Éducation nationale, et arriver à faire en sorte que les entreprises trouvent leurs collaborateurs, compagnons ou encadrants. Que ces mondes arrivent à se parler et à se comprendre de manière agile et dynamique. »

 

©Photo de Bertand Gallois par Christophe Pouget.

Une interview à retrouver dans le JBTP du 4 février 2021.