Le début de l’année est encourageant, le volume d’appels d’offres redevient plus cohérent , Florent THEVENET

Au sein de la fédération BTP Rhône et Métropole, vingt-six chambres syndicales réparties sur cinq sections, et quatre chambres territoriales, œuvrent au plus près des adhérents. Nous avons choisi de diriger le projecteur sur chacune de ces chambres en posant sensiblement les mêmes questions à chacun des présidents. Florent Thévenet, directeur Dauphiné-Savoie chez Eiffage Génie Civil, est le président de la chambre « Travaux souterrains et géotechniques » de la section Travaux Publics.

 

Quel est le champ de compétences de la chambre que vous présidez ?

Nous réunissons les entreprises spécialisées dans l’entretien et la réhabilitation d’ovoïdes d’assainissement, de collecteurs d’eaux usées ou potables, dans les tunnels routiers et ferroviaires, et depuis deux ans maintenant tous les acteurs des fondations spéciales sur la région lyonnaise, soit dix-sept adhérents aujourd’hui.

Quels sont vos principaux donneurs d’ordre ?

Les marchés publics pour tout ce qui concerne la partie travaux souterrains, les marchés publics et privés pour tout ce qui est fondations.

Vous avez dû tout arrêter comme tout le monde lors du premier confinement ?

Oui. Nous étions inquiets de la situation pour notre personnel et surtout nous avons eu besoin d’organiser nos entreprises pour pouvoir retravailler dans des conditions sanitaires décentes. Nous avons eu un mois d’arrêt à 100%, sauf travaux d’urgence, et nous avons repris sur les chantiers où nous pouvions protéger nos salariés. Il faut savoir que sur les chantiers de tunnels par exemple nous sommes soixante à quatre-vingts personnes qui tournent 24h/24, c’est une grosse organisation. Sur les chantiers de fondations d’immeubles, ces sont des équipes de quatre à cinq personnes.

Quel est le bilan de l’année 2020 pour votre secteur d’activité ?

Un à deux mois d’activité en moins, cela se ressent. Nous avons eu également une inquiétude dès le mois de juin sur le renouvellement des commandes pour la fin d’année… Au final, nous avons été impactés comme l’ensemble de la profession, avec une perte de chiffre d’affaires de 10 à 15% suivant les entreprises.

Qui a pris en charge les surcoûts ?

Les maîtres d’ouvrage ont contribué à payer les coûts des dispositifs de sécurité. En revanche, tout ce qui est immobilisation de chantiers du mois de mars a été à la charge des entreprises. Certaines collectivités ont eu du mal à réagir, certains promoteurs aussi, mais les institutions comme EDF ou GRDF ont bien joué le jeu et très rapidement.

Quelles sont les difficultés auxquelles vous devez faire face aujourd’hui sur les chantiers ?

Nous connaissons surtout des soucis de personnels touchés par le Covid ou cas contact, personnels qui ne sont pas toujours interchangeables comme par exemple le pilote d’un tunnelier, ce qui peut entraîner des blocages de chantiers car une personne contaminée, c’est une équipe sous surveillance au moins une semaine. Nous devons gérer au plus près.

Souffrez-vous d’un manque d’appels d’offres actuellement comme l’ensemble de vos collègues ou 2021 se présente bien ?

Nous étions très inquiets à la fin 2020, mais cela va mieux aujourd’hui, le début de l’année est encourageant, le volume d’appels d’offres redevient plus cohérent.

Donc pas de tension sur les prix pour vos adhérents ?

Elle existe depuis la fin d’année 2020 et se poursuit aujourd’hui, car certains d’entre nous ont besoin de renouveler leur carnet de commandes.

Cela dit la mode n’est pas vraiment à la construction. Comment appréhendez-vous la nouvelle donne ?

Il est vrai que la région lyonnaise était habituée à avoir un programme immobilier soutenu. Mais je suis optimiste malgré tout. Nous avons un patrimoine immobilier et des infrastructures routières conséquentes en France et en particulier dans la région. L’entretien de ces domaines va générer de l’activité, et, pour la partie travaux souterrains, nous avons la chance d’avoir dans la région la liaison ferroviaire Lyon-Turin qui donne lieu à des appels d’offres pour les lots principaux de plusieurs milliards, même si ce sont surtout les grosses entreprises qui sont concernées. Plus près de nous, il y a à Lyon des projets de tram, des projets d’infrastructures… 2021 risque d’être transitoire, notamment sur la Métropole, mais nous avons déjà vécu cela ailleurs, il faut le temps de se mettre en place. Et à nous de faire « le gros dos ».

« Faire le gros dos », est-ce que cela signifie mettre un frein au recrutement ?

Dans le BTP on a toujours besoin de recruter, d’autant que nous avons encore un peu de mal à attirer les salariés, mais en effet il s’agit plutôt de renouvellements de postes en ce moment.

Quels sont vos axes de travail en tant que président de chambre ?

Dans un premier temps, nous avons besoin de moments agréables si je peux dire avec nos salariés et avec nos clients, que nous avons un peu perdus avec les visios, recréer des moments d’échange et de convivialité entre nous… Le travail en équipe permet vraiment d’aller chercher l’excellence sur les solutions techniques.

 

Une interview à retrouver dans le JBTP du 19 mars 2021