Mondial des Métiers : Les maçons et les métalliers en première ligne

C’est la signature du Mondial des Métiers : les travées peuplées d’ados en sweat capuche et doudounes sans manches ne désemplissent pas, il ne faut donc pas craindre la foule et la promiscuité avant d’accéder aux stands. Mais c’est justement pour ces dizaines de milliers de jeunes présents à Eurexpo pendant quatre jours que les métiers du BTP s’affichent en grand cette année encore, dans un méga-stand dont l’entrée est symbolisée par un porche en charpente bois.

A l’intérieur de l’espace dédié au Bâtiment et aux Travaux Publics, on reconnaît les plaquistes, les conducteurs d’engins, les cordistes, et un peu plus loin les métalliers avec leur poste de soudure, les charpentiers… Entre les deux, le stand des maçons tout de bleu revêtu sobrement intitulé « Fiers d’être maçons ».

« C’est la première fois que nous avons un stand ici » souligne Cécile Mazaud, présidente de la chambre Maçonnerie-Béton armé de la fédération BTP Rhône et Métropole, « mais franchement nous ne pouvions pas ne pas être présents à un tel événement. Il y a ici des chefs de chantier, des DRH, des chefs d’entreprise et des compagnons… Et beaucoup de jeunes de nos entreprises afin qu’ils s’adressent avec leurs mots aux visiteurs de leur âge.

Ce stand de la chambre de maçonnerie a d’ailleurs été conçu en collaboration avec une école de gaming – Gaming Campus Lyon – nous avons aussi réalisé des films « fiers d’être maçons » … Il faut animer un stand tel que le nôtre. Car notre volonté est de montrer que nos métiers sont modernes, que le digital ne nous est pas inconnu, et aussi qu’il y a de la convivialité chez nous ».

Côté animation, la chambre a visé juste. Si le Photo Booth produit des dizaines de clichés, la palme revient au simulateur de grue, ses trois écrans géants et son fauteuil de geek affublé de gros joysticks. Les gamins font la queue pour se prendre l’espace de quelques minutes pour un grutier et tenter d’alimenter en matériaux un chantier virtuel. Pas si simple !

Mais l’essentiel est ailleurs, dans l’échange, dans la multiplication des questions-réponses qui vont rythmer la journée des intervenants.

« Notre mission ici est de susciter des vocations, montrer que maçon est un vrai métier passion. Quand nous passons devant un immeuble – habitation, bureau, hôpital – auquel nous avons participé à la construction, nous ressentons de la fierté. Nous avons des métiers utiles, il faut transmettre ce ressenti. Nous ne parlons pas que de béton, nous expliquons que notre métier évolue tous les jours, qu’il va falloir construire différemment, d’où la nécessité de trouver des têtes bien faites, des jeunes motivés qui veulent apprendre ».

Inlassablement, les représentants de la chambre présents sur le stand vont au-devant des jeunes venus par grappes de trois ou quatre, parfois timides, parfois muets, parfois rigolards. Ils savent faire, capter l’intérêt, et emmagasiner des remarques qui feront évoluer les métiers, et, surtout, la communication sur les métiers.

Juste à côté, chez les métalliers, le poste soudure est lui aussi l’objet de convoitises. Il faut faire la queue, mais l’expérience semble plaire, malgré les ratés, la précipitation, l’appréhension. Enzo, 18 ans, qui apprend la soudure au lycée Fernand Forest, est à la manœuvre pour guider des novices à peine plus jeunes que lui. Enzo sort d’un stage de huit semaines et sera en alternance l’année prochaine. « Je suis venu au métier par hasard, un coup de chance, c’est cool. Alors je conseille aux gens d’y aller».

« Nous sommes un métier qui manque de visibilité et qui est pourtant passionnant. Et la métallerie regroupe de nombreux métiers », explique Richard Gros, membre du bureau de la chambre des Métalliers. « Nous faisons tout ce que nous pouvons pour recruter des apprentis, les former. Pour l’instant ce n’est pas suffisant, il faut faire encore plus d’efforts. Nous avons construit ici un stand à destination des jeunes, c’est un superbe outil ».

Métallier, le mot, il est vrai, parle peu. Alors, justement, quel est le job ? « Nos réalisations vont des simples garde-corps acier ou alu, jusqu’aux grandes façades rideaux, aux ossatures… Aujourd’hui, dans les constructions modernes, très vitrées, le métallier-aluminier est souvent le deuxième corps d’état du Bâtiment. Nous sommes de plus en plus présents dans le Bâtiment, notamment dans le tertiaire ».

Pendant quatre jours, des dizaines d’adhérents de la fédération ont animé ces deux stands mais aussi bien d’autres, et reçu des centaines de jeunes. Aller au contact, convaincre, séduire même, mais surtout informer. Car les jeunes, c’est paradoxal, manquent d’information sur la réalité des métiers du Bâtiment et des Travaux Publics.
Une clef pour répondre aux sempiternels problèmes de recrutement ? « Il faut arrêter de se plaindre, il faut se bouger, communiquer, aller chercher les jeunes », plaide Cécile Mazaud. Cela tombe bien. Le Mondial des Métiers a été inventé pour cela.