Energie : la maçonnerie Contet prend les devants

Energie : la maçonnerie Contet prend les devants

Avec les ZFE et autres réglementations, la chasse aux véhicules polluants et gloutons en une énergie fossile de plus en plus rare et donc chère est cette fois bien lancée. Cela tombe bien, les entrepreneurs du BTP, et notamment les plus jeunes, sont prêts à explorer toutes les pistes qui leur permettent de respecter l’environnement, et en même temps canaliser leur facture énergétique. Il leur a juste fallu attendre que l’offre des fabricants évolue pour remplacer leurs machines devenues obsolètes.

Un exemple parmi d’autres avec Valérian Landry, nouveau dirigeant de la Maçonnerie Contet depuis 2021, qui vient d’investir dans une mini-pelle électrique de 1,9T après un mois d’essai. Sur les chantiers, cette pelle fait parler, c’est bon signe. Interview.

Comment avez-vous été amené à reprendre la Maçonnerie Contet ?

J’ai au départ un Bac STI Génie Civil et un BTS Études et Économie de la Construction. J’étais salarié dans l’entreprise depuis six ans comme chargé d’affaires et conducteur de travaux, quand la succession a été évoquée. Je me suis lancé, j’ai racheté en 2021 cette belle société créée en 1965 par les Contet, avec notamment deux prêts à taux zéro obtenus grâce à la Chambre des Métiers et de l’Artisanat, et l’association “Initiatives Beaujolais” qui octroie des prêts d’honneur. Nous sommes dix salariés, deux apprentis et nous employons deux intérimaires à plein temps.

Quelle est l’activité de l’entreprise ?

Nous réalisons tous les travaux de Gros Œuvre pour les particuliers et les professionnels mais également les collectivités. L’entreprise est spécialisée dans la construction et la réhabilitation de bâtis : maison individuelle, résidentiel collectif, tertiaire, industriel. Dans le cadre d’une rénovation de l’habitat ancien, nous réalisons tous les travaux de maçonnerie traditionnelle, d’isolation, la création d’ouvertures, la couverture de toiture ancienne… Nous travaillons sur un périmètre d’une cinquantaine de kilomètres autour de Morancé où nous sommes installés.

Vous travaillez surtout pour des particuliers ?

Environ pour 60% de notre activité. La Maçonnerie Contet a une très bonne réputation, les maître d’œuvre et architectes, des municipalités aussi, nous font de plus en plus travailler, et nous participons à des marchés publics. Nous sommes connus pour traiter les « moutons à cinq pattes », des chantiers que nos confrères ne savent pas ou ne veulent pas faire, par manque de logistique ou de compétences.  

C’est pour les « moutons à cinq pattes » que vous avez investi dans une mini-pelle électrique ?

Il se trouve d’abord que notre mini-pelle précédente avait énormément d’heures et que je me sens concerné par tout ce qui touche au respect de l’environnement. JCB m’a prêté une pelle électrique de 1,9T pendant plus d’un mois. J’en avais aussi besoin, c’est vrai, pour des chantiers compliqués : la cabine est amovible, les chenilles se rétractent, il est possible de la passer dans un couloir d’un mètre de large sur deux de haut, sans échappement de gaz nocifs. Ils m’ont proposé de la racheter, ce que j’ai fait. Cette mini-pelle est performante au niveau mécanique, elle ne fait pas de bruit, elle offre un vrai confort sur les chantiers avec moins de vibrations, elle a une autonomie très convenable, elle est plus puissante en termes d’excavation que sa cousine thermique. J’ai fait des comparatifs avant de l’acheter, elle est beaucoup plus performante. Les compagnons l’ont vite adoptée. Tout le monde la regarde quand il y a une réunion de chantier.

Vous avez bénéficié d’aides ?

Je n’ai pas cherché à savoir s’il en existait. Elle coûte 55 000 euros avec un godet inclinable à 30° et une remorque, contre 30 000 pour l’équivalent thermique. Mais la charge coûte trois euros en se branchant sur 220V.

Cette pelle pourra être un argument pour les marchés publics ?

Oui, on nous demande de plus en plus dans les mémoires techniques ce que nous faisons pour l’environnement : nous faisons du co-voiturage, nous recyclons l’eau, j’ai en projet l’achat de groupes électrogènes sur batteries… L’ensemble nous donne en effet des points supplémentaires et nous permet d’accéder par exemple à des chantiers en centre-ville de Lyon. Dans tous les cas, même si disposer d’une telle pelle n’ouvre pas forcément de marchés, je préfère prendre les devants, être dans l’air du temps.

Vous allez investir de nouveau dans l’électrique ?

Pas pour le moment. Mais j’ai hâte de voir ces moteurs-là sur des 35-40 T.

Un mot sur l’activité, comment se porte le secteur de la maçonnerie ?

Nous avons une belle perspective jusqu’à la fin de l’année, il faut juste se battre à chaque instant et rester optimiste, savoir se renouveler et se distinguer. Et faire confiance aux jeunes.

A lire dans l’édition du Journal du BTP du 4 mai 2023