Créateurs ou repreneurs d’entreprises, de nombreux « nouveaux » – tous secteurs d’activité confondus – ont rejoint ces derniers mois la fédération BTP Rhône et Métropole. L’occasion pour nous de vous les présenter au fil des semaines, avant de pouvoir les croiser au cours d’un événement ou autre réunion.
Bernard Castillon a racheté l’entreprise Ellipse Bois le 31 janvier 2020, une entreprise de neuf salariés aujourd’hui dont le siège est à Quincieux. Sa spécialité, la fabrication et la pose de menuiseries d’agencement. Il est adhérent depuis deux ans et membre du groupe Jeunes dirigeants.
Quel a été votre parcours avant de racheter Ellipse Bois ?
J’ai suivi une formation d’ingénieur Arts et Métiers avant d’intégrer des grands groupes, Vallourec d’abord, Saint-Gobain dans le secteur brique et terre cuite, Veolia, puis une start-up qui travaillait sur des objets connectés. J’en ai créé une moi-même qui n’a pas connu d’accès au marché, je suis alors revenu sur un poste de direction de centre de profit, mais l’expérience d’entrepreneur m’avait plu, j’ai donc cherché une entreprise à racheter. J’ai fait je crois à peu près deux fois le tour de la France.
Pourquoi Ellipse Bois ?
L’entreprise était à vendre, je suis allé la visiter, et petit à petit tous les voyants sont passés au vert, j’ai donc négocié le rachat d’Ellipse et nous avons signé le 31 janvier 2020. A l’époque il y avait trois menuisiers dans l’entreprise, spécialisés dans la menuiserie d’agencement et la fabrication de mobilier. Ellipse travaille pour trois secteurs principaux : la scénographie des musées pour plus de 50% de notre CA ; les caves viticoles dont une partie est souvent muséographée ; et nous servons aussi le tertiaire, les bureaux de sièges sociaux, avec des aménagements divers comme les banques d’accueil.
Vos donneurs d’ordre sont donc les musées, les caves et les entreprises ?
Nous avons des prescripteurs et des clients finaux, les scénographes pour les musées, et le plus souvent des architectes et designers pour les caves. Notre travail est aujourd’hui reconnu pour sa qualité, certains clients nous rappellent dix-quinze ans après la première installation pour intervenir de nouveau.
L’activité est donc bonne ?
Tout à fait. Notre croissance s’effectue par paliers mais elle a été assez rapide. Nous avons passé un cap sur l’année 2021, et poursuivons sur cette lancée avec par exemple un très gros contrat en 2022.
Donc vous recrutez, est-ce compliqué ?
Oui nous recrutons, et oui c’est compliqué. Pour autant, nous avons trouvé par l’intérim ou le bouche-à-oreille de bons profils, plutôt atypiques. Nous avons la chance de disposer d’un socle assez fort, avec trois menuisiers dont deux ébénistes et un menuisier agenceur très compétent. Nous privilégions des gens avec un savoir-être qui nous laisse penser que cela a de grandes chances de fonctionner chez nous.
Quelle est votre recette pour conserver votre personnel ?
L’ancien propriétaire – c’est aussi ce que j’avais apprécié quand je me suis intéressé à l’entreprise – avait un modèle participatif laissant beaucoup de responsabilités à l’équipe. Chacun a la possibilité chez nous de trouver sa place, nous sommes en 4 Jours/semaine sans horaires fixes, même si la règle interne stipule qu’il faut être présent entre 8h30 et 16h30, le reste étant à la carte. Chacun fait comme il veut, avec bien sûr un socle de valeurs sécurisé au préalable : nous sommes là pour faire du beau, pour bien travailler, pour faire en sorte que nos clients soient satisfaits, tout en ayant une rentabilité correcte. A partir du moment où nous cochons toutes ces cases, il y a plein de façons d’y aboutir, et il n’y a pas de raison que le patron en impose une plutôt qu’une autre.
Comment avez-vous traversé les hausses des prix, celle du bois notamment ?
Cela a été compliqué, mais nous n’avons pas été aussi touchés que d’autres métiers, car chez nous la part matière est relativement faible par rapport à la part main d’œuvre. La hausse de l’énergie a été plus compliquée à gérer, elle représente chez nous plus de 3% de hausse de nos prix. Et aujourd’hui nous devons accompagner nos salariés face à l’inflation, ce qui est plus impactant pour nous pour les raisons que j’évoquais tout à l’heure.
Il y a aussi le coût de la gestion des déchets…
Nous sommes assez engagés sur ce sujet. Nous avons mis en place beaucoup de choses pour identifier des leviers. Nous travaillons par exemple avec une association à but social (la ligne Vertuose) qui utilise des chutes de bois pour fabriquer des panneaux. Nous sommes aussi engagés – grâce à mon épouse qui travaille sur Lyon 2030 – sur la neutralité carbone, nous sommes labellisés « coq vert » … Pour le reste, nous menons des actions à petits pas, type colibri. Car mettre en place de véritables actions qui ont de vrais impacts n’est pas si simple.
Quand êtes-vous entré à la fédération et pourquoi ?
J’ai adhéré il y a deux ans sur les conseils de mon voisin qui fait le même métier que moi. Il y a à la fédération des informations qualitatives sur tout ce qui est construction de bâtiments et leur aménagement qui m’ont séduit. J’essaie d’être présent aux réunions du groupe Jeunes dirigeants. Il y a beaucoup de richesse, d’informations, qui permettent d’être en anticipation, disposer d’éléments qui nous parviennent avant d’être confrontés à la problématique. Chacun partage son expérience, c’est donc un cercle vertueux. Sinon, nous utilisons encore assez peu les services, malgré leur qualité.
A lire dans l’édition du Journal du BTP du 28 septembre 2023