« Suivre la situation financière de son entreprise » : la formation fait le plein à Tarare – Interview d’Adrien Mojon

 

Plus de soixante artisans venus de tout le territoire de l’Ouest Rhodanien ont assisté le jeudi 12 septembre à la formation proposée par Adrien Mojon, président de la commission Artisanat. Un véritable succès d’audience pour un sujet incontournable : découvrir ou redécouvrir toutes les bases indispensables pour identifier et prévenir les risques financiers. Interview.

Adrien Mojon : « Nous restons souvent démunis face au langage très particulier de la finance »

Pourquoi avoir choisi cette formation sur la situation financière des entreprises ?
J’essaie de choisir des formations dans l’actualité susceptibles d’intéresser le plus grand nombre d’artisans. Et aujourd’hui nous sommes nombreux à devoir faire face à des retards ou des allongements de délais de paiements. Nous sommes les derniers maillons de la chaîne, une succession de retards peut mettre nos trésoreries en difficulté voire nous conduire à la cessation de paiement. Certains sont parfois contraints de trouver des solutions pour honorer les feuilles de paie de leurs salariés parce que leur compte est vide.

C’est ce qui explique que vous avez fait le plein d’adhérents pour cette réunion ?
Sans doute. Nos clients, collectivités, particuliers ou entreprises générales, sont de plus en plus longs à payer leurs factures. L’artisan ne peut malheureusement pas disposer d’une secrétaire administrative, il doit déjà traiter les devis et les factures, souvent le soir. Si se rajoute une pression financière, cela devient compliqué. D’autant que nous ne sommes pas tous formés à la comptabilité, à la lecture des bilans, la fiscalité etc… Nous devons apprendre au fil de l’eau, mais nous restons souvent démunis face au langage très particulier de la finance.

Quelles étaient donc les grandes lignes de cette formation ?
Philippe Praeger nous a rappelé le b-a-ba de la comptabilité, les actifs et les passifs, pourquoi ils s’équilibrent sur un bilan. Il est ensuite entré dans le détail des lignes du bilan – il n’est pas donné à tout le monde de savoir ce qu’est une immobilisation corporelle, incorporelle – pour évoquer des sujets que nos comptables ne pensent pas toujours à expliquer. Les ratios de financement qui peuvent être utiles pour évaluer son endettement, le taux de marge, pourquoi il est nécessaire de faire très précisément son inventaire… Les trois heures de réunion sont vite passées.

Vous a t-il expliqué comment lutter contre les délais de paiement qui explosent ?
Oui, et notamment d’anticiper. Faire un plan de trésorerie, et prendre des initiatives en amont. Il reste nécessaire d’appeler son client, bien sûr, afin de comprendre si possible pourquoi il y a des retards, même si c’est parfois délicat quand il s’agit d’entreprises générales avec lesquelles il est important de rester en bons termes, mais il nous a également présenté des solutions comme l’affacturage ou le dailly : le banquier se substitue au client le temps que les factures soient honorées. Ce n’est pas gratuit, mais cela peut sauver une trésorerie.

Vous connaissez vous-mêmes ces problèmes dans votre entreprise Mojon Métallerie ?
Bien sûr ! Nous sommes une petite entreprise de cinq salariés créée en 2018. J’ai appris au fur et à mesure le langage comptable, mais je ne saisis pas toujours tous les détails des quarante pages de mes bilans. Et nos clients, mairies, entreprise générales et 30 à 40% de particuliers, sont les mêmes que l’ensemble de mes confrères.

Allez-vous proposer cette formation à d’autres territoires ?
Sans doute. Nous sommes heureux d’avoir ciblé les problèmes des artisans avec cette formation, même s’il y a d’autres sujets brûlants comme la gestion des déchets, mais en ce moment on sent vraiment que le domaine financier est le plus préoccupant chez les artisans.

La prochaine rencontre de l’Artisanat aura lieu à Villefranche le jeudi 24 octobre à 14h avec le même intervenant sur un thème toujours en lien avec la finance. 

 

À lire dans l’édition du 26 septembre du Journal du BTP