Stop aux effondrements : une conférence qui tombe à pic

La raréfaction des surfaces constructibles et le renouvellement du parc urbain obligent à construire de plus en plus souvent près d’ouvrages existants. Or, l’actualité du BTP Lyonnais a été touchée dernièrement par des événements marquants, notamment à Lyon et Chaponost, heureusement sans blessés. Un contexte à l’origine de l’organisation d’une conférence par BTP Rhône avec la Fédération des Promoteurs Immobiliers (FPI) et le syndicat Cinov Ingénierie.

L’amphi de la fédération BTP Rhône était plein, le 19 novembre dernier, pour suivre les interventions des experts venus évoquer le sujet de la préservation des avoisinants, notamment lors de la réalisation de soutènements. « Construire avec les avoisinants n’est pas un jeu de chances. La maîtrise de ce risque, inhérent à certaines opérations, implique de mobiliser des compétences multiples, dans un calendrier précis », a expliqué Bertrand Mousselon, DG de CREA, vice-président en charge des relations avec les régions de Cinov Ingénierie.
Et d’évoquer d’emblée ces deux situations d’effondrement qui auraient pu être dramatiques, à Lyon, route de Genas, le 22 février 2022, et à Chaponost en centre bourg, le 16 novembre de la même année. Il n’y a pas eu de décès. Mais dans les deux cas cela s’est joué à trois fois rien. Car les constructions mitoyennes sont souvent habitées, la sécurité des personnes est donc bien l’enjeu majeur.

Bertrand Mousselon, à qui nous avons posé trois questions à l’issue de la conférence.

Dans quel contexte se situe votre intervention sur la « protection des avoisinants sur un chantier de construction » ?
Les contraintes d’aménagement du territoire, la raréfaction des terrains à bâtir, la nécessité de renouveler une partie du bâti ancien et vétuste, conduisent à intervenir de plus en plus fréquemment dans des zones déjà construites. De même, les obligations de stationnement imposent des surfaces de parking bien naturellement réalisées en sous-sol. Et enfin, l’optimisation d’usage des surfaces disponibles amène les concepteurs à se rapprocher au maximum des constructions voisines. Bref, il faut intervenir plus près et plus profond, et avec plus de voisins… ce qui entraîne une aggravation des risques.

Avec la densification de l’habitat recherchée par les élus, et donc parfois la surélévation des bâtis, la qualité des structures devra être « béton », sans jeu de mot. Les réglementations actuelles sont-elles satisfaisantes pour se préserver des accidents ?
Les textes existants sont à notre sens suffisants pour maîtriser les risques : norme NFP94500, Eurocodes, Circulaire de 1986 sur les vibrations, etc. Ils ne sont malheureusement pas toujours connus et correctement appliqués. Et c’est bien là tout l’intérêt d’une matinée comme celle que nous venons de vivre : partager les bonnes pratiques. Revenir et approfondir nos problématiques opérationnelles, techniques, essayer de trouver au travers de ces expériences les enseignements qui nous permettront d’éviter que de tels accidents se reproduisent.

Les contrôles sont-ils suffisants ?
Avant de contrôler, il importe d’identifier le risque. Le recours aux diagnostics structure des ouvrages avoisinants tend à se généraliser. Cette mission d’ingénierie, indépendante de la maîtrise d’œuvre, doit être réalisée en amont de la consultation des entreprises, en amont même de la mission G2PRO du BET Géotechnique. Elle servira en effet à concevoir un système de soutènement adapté à la sensibilité des ouvrages. Tant les fondations et la superstructure des avoisinants que les sols peuvent révéler des surprises. L’adaptation est inhérente et nécessaire à la gestion des ces environnements fortement aléatoires. S’il est primordial de se fixer un cap (conception), il est tout aussi important de vérifier qu’il reste pertinent (contrôle). Cette approche adaptative implique un travail en équipe réunissant l’ensemble des acteurs concernés.

Sont également intervenus lors de la conférence : Éric Jousset, SLCI, Franck Barbet, expert judiciaire, spécialiste des problématiques de géotechnique ; Me Hugues Ducrot, DPA Avocats ; Arthur Boinon, SGC Travaux spéciaux.

À lire dans l’édition du 5 décembre du Journal du BTP