Encore une affluence record jeudi dernier à Eurexpo pour l’ouverture des portes du Mondial des Métiers,
événement devenu incontournable pour des milliers de jeunes de la région en quête d’informations, d’inspiration, et d’orientation. Des milliers de jeunes accompagnés de leurs formateurs, reçus pendant quatre jours par des professionnels souvent en activité, venus évoquer avec patience et passion leur quotidien en espérant transmettre la flamme et pourquoi pas… le flambeau.
Des petites pelles hydrauliques à conduire, des simulateurs, des mini-chantiers de TP ou du Bâtiment créés sur place et pour l’occasion… Le BTP a cette année encore inscrit le mot “démonstrations” sur le fronton de son hall. Rien de plus parlant en effet que des jeunes à peine plus âgés que les visiteurs, occupés à dresser un mur, à en recouvrir un autre de pierres apparentes, à paver une placette, à jouer du placo dans des recoins impossibles, ou encore à coller du verre à la lampe UV… les métiers du BTP parlent d’eux-mêmes, les pratiquer c’est créer, vite s’apercevoir de leur efficience, et pouvoir être fier du résultat.
Coup de projecteur cette année sur le métier de la métallerie avec Didier Lenoir, sur la miroiterie avec Denis Charignon, et la maçonnerie avec Raphaël Borreil.
Didier Lenoir (Lenoir Métallerie): « La diversité d’ouvrage est la richesse de notre métier »
Didier Lenoir est le président de la commission « Formation » à l’Union des Métalliers.
Quel est l’objet de votre présence au Mondial ?
La promotion de notre métier est essentielle, car il n’a pas une mauvaise image, il n’a juste pas d’image. Nous sommes inconnus du grand public, donc des jeunes et de leurs parents. Il faut donc nous mettre en avant par le biais de différentes actions, comme notre présence ici. La chambre des métalliers du Rhône est d’ailleurs représentée au Mondial depuis une vingtaine d’années, avec des professionnels, des anciens, et des permanents du syndicat.
Quelle est la spécificité du métier de métallier ?
Nous avons la chance d’avoir un métier qui s’est beaucoup diversifié. Nous intervenons à la fois sur l’enveloppe du bâtiment, sur des ouvrages fonctionnels et en agencement-décoration. Il s’agit d’un lot architectural ou les ouvrages contribuent non seulement à la fonction du bâtiment mais aussi à son esthétique. Sur un immeuble de bureaux, on voit du vitrage, de l’aluminium, de l’acier, et assez peu de béton. Nous sommes devenus hyper présents, d’autant que nous parvenons maintenant à parfaitement à maîtriser les problèmes de corrosion de l’acier avec un traitement de surface pertinent. Le champ de nos ouvrages est très large : façades, verrières, protection solaire, escaliers, menuiseries, et fermetures (anti-effraction, coupe-feu désenfumage, etc). La diversité d’ouvrages est la richesse de notre métier. C’est juste à l’infini. C’est vraiment un très beau métier dont la filière du Bâtiment peut difficilement se passer.
Quelles sont les formations en métallerie ?
Nous avons les CAP, et les BP métallier et menuisier aluminium, le Bac Pro « Ouvrages du bâtiment : métallerie », les BTS « Enveloppe du Bâtiment et Architecture Métal ». Nous avons également créé des Certificats de Qualification Professionnelle (CQP conducteur de travaux ; chef d’atelier ; destinateur-concepteur) ce qui nous permet d’offrir un vrai parcours aux jeunes qui intègrent la filière. Notre métier offre en effet un large panel de fonctions au sein de nos bureaux d’études, ateliers, et chantiers.
Le métier est devenu très technique ?
Nous devons en effet gérer des problématiques de structure, de thermique, des problématiques d’acoustique et maintenant de décarbonation. Tout cela doit être intégré dans nos ouvrages, alors oui nous avons besoin de têtes bien faites.
Denis Charignon (Miroiterie des Monts d’Or) : « Il faut promouvoir l’apprentissage, former les jeunes et leur transmettre les valeurs de l’entreprise »
Denis Charignon est le gérant de son entreprise, bientôt transmise à l’un de ses compagnons devenu associé avec lequel il travaille depuis plus de treize ans.
Comment définir le métier de la miroiterie ?
Dans miroiterie, il y a miroir. Mais ce n’est pas que le miroir. La miroiterie, c’est le travail du verre plat dans le bâtiment et dans la décoration. La vitrerie est la mise en œuvre des verres dans des châssis, fenêtres ou portes, l’occultation de bâtiments. Nous sommes un peu plus dans l’artistique si l’on peut dire, avec la création de garde-corps en verre, de dalles de sol, nous faisons aussi du sablage sur verre, et des collages UV qui permettent d’assembler des verres d’une manière complètement invisible et résistante.
C’est ce que vous montrez ici, sablage et collage ?
Voilà. La miroiterie est un vaste métier méconnu. Il est donc très important pour moi de montrer aux jeunes toute l’étendue de ce que nous pouvons faire. Il s’agit d’un beau métier qui mérite d’être valorisé. Car c’est un métier technique qui se trouve un peu « dilué » entre les métalliers et les menuisiers, puisque, d’une certaine manière, nous faisons du remplissage de leurs ouvrages. Mais en fait, il a vraiment une spécificité technique, une véritable raison d’exister.
Vous connaissez des problèmes de recrutement ?
Énormément. Il faut donc promouvoir l’apprentissage, avoir des jeunes à nos côtés, les former et leur transmettre les valeurs de l’entreprise. Et pour cela il faut s’adapter. Les façons d’aborder la jeunesse ne sont plus les mêmes qu’il y a 30 ans, il faut leur donner envie, les motiver et savoir les garder dans nos entreprises. Nous devons donc être encore plus présents dans les écoles, sur les salons, et puis sur les réseaux sociaux.
Raphaël Borreil (Eiffage Construction) : « La maçonnerie est un métier formidable, avec beaucoup de richesse humaine »
Raphaël Borreil est directeur adjoint d’ Eiffage Construction Rhône-Loire
Pourquoi venir tenir le stand Maçonnerie au Mondial ?
Comme adhérent de la chambre Maçonnerie et Béton armé de BTP Rhône je me sens responsable de la promotion de nos métiers, du maçon jusqu’au conducteur de travaux. Le Mondial des Métiers est justement le rendez-vous de la valorisation de ces métiers, souvent en tension, notamment en maçonnerie, et nous avons besoin de trouver des nouvelles ressources pour le futur.
Pourquoi ces métiers sont-ils en tension selon vous ? Leur image de pénibilité ?
Quand on interroge les jeunes qui viennent nous voir ici au salon, c’est effectivement la pénibilité qui s’invite en premier. Il y a lieu de les rassurer, les méthodes de travail ont beaucoup évolué, avec des moyens mécaniques de levage mis à disposition, synonymes de moins d’efforts physiques. La maçonnerie est surtout un métier formidable, avec beaucoup de richesse humaine, du travail en équipe, de la solidarité. C’est aussi un métier de plein air et concret qui permet de visualiser immédiatement le fruit de son travail, et d’être fier de l’ouvrage réalisé. Voilà ce que j’essaie de promouvoir ici.
Pourquoi ces métiers sont-ils en tension selon vous ? Leur image de pénibilité ?
Quand on interroge les jeunes qui viennent nous voir ici au salon, c’est effectivement la pénibilité qui s’invite en premier. Il y a lieu de les rassurer, les méthodes de travail ont beaucoup évolué, avec des moyens mécaniques de levage mis à disposition, synonymes de moins d’efforts physiques. La maçonnerie est surtout un métier formidable, avec beaucoup de richesse humaine, du travail en équipe, de la solidarité. C’est aussi un métier de plein air et concret qui permet de visualiser immédiatement le fruit de son travail, et d’être fier de l’ouvrage réalisé. Voilà ce que j’essaie de promouvoir ici.
Quel message donnez-vous aux prescripteurs qui accompagnent les enfants ? « N’ayez pas peur » ?
Je pense que les professeurs sont assez convaincus. Ce sont plutôt les parents qu’il faudrait réussir à convaincre. Chacun souhaite que son enfant fasse un maximum d’études et s’oriente vers une voie plus générale. Il faut communiquer sur l’apprentissage, expliquer que c’est un véritable moyen d’appréhender rapidement un métier, d’être formé tout en travaillant et d’acquérir une certaine autonomie. Le BTP est un des rares secteurs qui agit en véritable ascenseur social, grâce à une progression régulière des jeunes dans leur métier, en commençant maçon pour évoluer vers le métier de chef de chantier. Le parcours dans la filière conducteur de travaux est tout autant ascensionnel. Enfin, les besoins en ressources humaines sont permanents dans le domaine, quels que soient les aléas conjoncturels. N’hésitons pas à promouvoir ces métiers du BTP et inviter les jeunes à rejoindre cette grande famille.
À lire dans l’édition du 12 décembre du Journal du BTP
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