Dans un contexte économique compliqué lié aux enjeux politiques actuels, le secteur de la construction est en souffrance et les entreprises de maçonnerie générale peinent à trouver des marchés. Passé par de grosses entités, et aujourd’hui patron d’une petite entreprise de sept personnes dont le siège est aux Chères, près de Villefranche, Renato Gasparri a choisi de privilégier les chantiers de rénovation et de ne pas transiger sur les prix. Un exemple ? Interview.
Quelle est l’histoire de la Chéroise de Bâtiment ?
J’ai créé cette entreprise en octobre 2006 après avoir suivi un long parcours dans des entreprises familiales de maçonnerie plus importantes qui ont connu des fortunes diverses. Elles réalisaient de gros chiffres d’affaires. Avec la Chéroise de Bâtiment, j’en fais cinq fois moins mais je suis cinq fois plus heureux. Je ne suis plus à la merci des promoteurs qui ne paient plus parce que la conjoncture est mauvaise, comme pendant la guerre du Golfe et un peu comme aujourd’hui. Je n’ai plus cent salariés à occuper mais des compagnons investis que je « chouchoute » … dont ma fille Alésia qui est assistante de direction.
Quelle est l’activité principale de l’entreprise ?
Notre cœur métier, c’est la maçonnerie, la démolition, les curages. Nous travaillons beaucoup pour des architectes, la grande distribution et les centres commerciaux pour lesquels nous faisons de « la découpe », et un peu pour des particuliers. Nous réalisons des extensions, des piscines, et parfois même des maisons. Mais d’une façon générale nous privilégions les chantiers de rénovation. Nous sommes multitâches, grâce notamment à un panel de sous-traitants que je connais depuis des années avec lesquels nous pouvons accepter toutes sortes de projets.
Vous participez à des appels d’offre ?
Cela nous arrive. Nous sommes par exemple en train de rénover une piscine municipale à Anse. Un gros chantier.
Comment se porte l’activité en ce moment, le secteur est en difficulté ?
Les difficultés actuelles touchent surtout les promoteurs et les constructeurs avec lesquels nous ne travaillons pas et ne voulons pas travailler. Les architectes avec lesquels nous sommes en relation depuis des années ne manquent pas de projets, notamment dans la rénovation ou les agrandissements de propriétés entre la région lyonnaise ou les Savoies. Nous allons où ils nous demandent, partout sur le territoire. Notre salut vient de notre réseau de donneurs d’ordre, de notre expérience bien sûr : j’ai commencé à treize ans et j’ai soixante ans aujourd’hui, et de notre savoir-faire. Le sérieux est une clef. Et puis nous ne transigeons pas sur nos prix.
Cela dit la concurrence est forte, notamment dans la rénovation où chacun se précipite aujourd’hui ?
En effet, mais nous bénéficions de notre réputation et de notre expérience. Nos donneurs d’ordre privilégient la sécurité du travail bien effectué.
Avez-vous besoin de recruter ?
Nous sommes sept salariés, dont un apprenti, quatre maçons, et ma fille qui est au bureau. C’est une petite équipe, familiale. J’ai par exemple un de mes salariés qui est entré comme apprenti, un compagnon du devoir, il est aujourd’hui chef d’équipe et se prépare à reprendre l’entreprise avec ma fille. J’en ai un autre qui va bientôt prendre sa retraite, il sera remplacé par notre apprenti. Voilà, je les « chouchoute » je le répète, nous ne sommes pas à la semaine des quatre jours et demi, nous faisons 39h00, mais ils sont bien payés, ils ont des primes et des avantages… Je ne souhaite pas grossir, je préfère continuer à sous-traiter certaines parties de nos projets.
Donc la transmission est en marche ?
Oui, j’ai commencé comme apprenti chez Pitance, et cela fait plus de quarante-sept ans que je travaille. C’est une chance de pouvoir transmettre l’entreprise à la fois à ma fille et à un de mes gars….
À lire dans l’édition du 9 janvier du Journal du BTP
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