Il s’appelle Lilian Garcia, il a vingt ans, et prépare son BP Charpente en alternance à la menuiserie de Guillaume Raffin à Saint-Forgeux. Signes particuliers ? Talent, Travail, Ténacité. Lilian vient de terminer premier aux sélections départementales pour les nationaux des Worldskills qui auront lieu à Marseille à la rentrée. Une bête à concours qui s’ignore, de l’humilité à revendre, et une tête bien faite qui s’apprête à effectuer un tour de France comme compagnon. Guillaume, son maître d’apprentissage, patron d’une entreprise reconnue de quatre salariés, ne tarit pas d’éloges à son sujet. Interviewes.
Lilian Garcia : « Ma passion c’est tailler le bois »
Pourquoi avez-vous choisi d’être charpentier ?
J’ai toujours voulu faire ce métier, j’aimais les jouets en bois, et un peu plus tard travailler le bois. Quand j’étais au collège j’ai fait des stages autour de chez moi, à Saint-Loup, et me suis orienté vers la charpente. Je suis arrivé chez Guillaume Raffin parce que je cherchais une entreprise qui faisait de la charpente traditionnelle et non pas industrielle. J’y suis depuis quatre ans, en alternance aujourd’hui avec la MFR de Cormaranche-en-Bugey pour passer mon BP.
Charpentier est un métier encore difficile, exposé à la météo. Cela ne vous a pas refroidi ?
On s’y fait ! C’est vrai que ce n’est pas ce qu’il y a de plus agréable quand il pleut, quand il neige ou quand il fait froid… Mais non, même si je préfère être à l’atelier à préparer les pièces, je suis bien à l’extérieur.
Et puis vous êtes un compétiteur : MAF, Worldskills… Qu’est-ce qui vous a poussé à vous présenter à ces épreuves ?
Pour les deux épreuves, ce sont mes professeurs. Et pour les deux j’y suis allé tranquille, ni dans le but de finir premier ni même d’être placé. Mais j’étais heureux de participer. Et cela s’est bien passé pour moi…
Bien passé, oui ! Meilleur Apprenti de France et sélectionné pour les nationaux de Marseille avec la première place du Rhône…
Je me suis présenté aux Worldskills sans stress, avec l’idée de me donner à fond mais sans aucune attente, même si j’avais vraiment travaillé le sujet. Nous devions réaliser des arêtiers, ce qui n’est pas difficile en soit, mais en six heures… A l’atelier, je n’étais pas descendu en-dessous des huit heures. Il n’y a que le jour du concours où j’ai réussi à la faire dans le temps imparti. Les épreuves de la matinée se sont vraiment bien passées, alors j’ai commencé à me dire que, finalement, je pourrais peut-être espérer une place. Et puis, à la fin, quand j’ai vu les maquettes des autres concurrents, j’ai cru en une médaille.
Et maintenant, à part les nationaux de Marseille ?
Une fois le BP en poche, j’aimerais faire le tour de France des compagnons pour découvrir encore mieux le métier. Ma passion c’est tailler le bois. J’aimerai vraiment rester à l’atelier et tailler de belles pièces pour des bâtiments anciens, historiques.
Guillaume Raffin : « c’est un vrai bonheur d’avoir un jeune qui a autant envie d’apprendre »
« Nous réalisons des travaux de menuiserie, charpente, ossatures bois, escaliers traditionnels, parquets, fenêtres, des agrandissements et de la rénovation énergétique, essentiellement pour des architectes et des particuliers. Pas de marchés publics (…) J’ai commencé comme apprenti, alors j’en ai toujours formé depuis que j’ai repris l’entreprise en 2011… à mon maitre d’apprentissage. Nous recrutons chez les compagnons et à la MFR de Cormaranche-en-Bugey. Lilian prépare son BP à la MFR, il avait déjà son CAP quand il est arrivé chez nous. C’est un jeune « de folie » … Il travaille énormément, il est hyper réceptif. C’est un vrai bonheur d’avoir un jeune qui a autant envie d’apprendre. Pour les Worldskills, il a réalisé la maquette trois ou quatre fois à l’atelier, on lui a laissé du temps, mais il venait aussi sur ses jours de repos. Résultat, médaille d’or départementale aux MAF l’an passé, et premier du Rhône aux Worldskills ! Je sais qu’il veut faire son tour de France. Moi aussi à son âge j’avais attaqué mon tour, alors je comprends. Il va partir, mais l’essentiel c’est la transmission ».
À lire dans l’édition du 16 janvier du Journal du BTP