Après «Terra BTP», cette dirigeante transforme son entreprise «des chantiers aux bureaux»

Dirigeante de l’entreprise Legros BTP, Oriane Viguier a participé à la première session de Terra BTP, une opération de sensibilisation aux problématiques de l’environnement portée par BTP Rhône auprès des acteurs de la profession. Une prise de conscience et un bouleversement pour la jeune femme, bien décidée à transformer son entreprise.

Oriane Viguier se devait de participer à la première session de « Terra BTP ». Ce parcours de sensibilisation aux problématiques environnementales auprès des dirigeants du BTP, la vice-présidente de la Fédération BTP Rhône l’avait conçu en partie en collaboration avec l’Institut CEC (Convention des entreprises pour le climat).

« Pour s’adapter au monde de demain, avec l’objectif ambitieux de repenser l’écosystème, de faire en sorte que nos entreprises deviennent régénératives et moins impactantes pour le climat. On était un peu en retard », tente de synthétiser la quadragénaire.

En 2021, l’Insee estimait que le bâtiment et la construction étaient le troisième poste des millions de gaz à effet de serre (GES) émis en France, soit une émission de 43,8 millions de tonnes équivalent CO2.

« Je ne développerai plus mon entreprise »

Biodiversité, énergie et économie ont notamment été abordés lors des huit mois de Terra BTP. Six sessions d’un ou deux jours aux allures de bascule pour la PDG. « J’ai pris une grande claque. On rencontre des “sachants”, des experts. On prend le temps de comprendre sans culpabilisation, et j’ai aujourd’hui un regard plus large », explique-t-elle.

Résultat, un virage assumé pour elle et son entreprise. « Côté vie privée, on ne prendra plus l’avion comme avant, on mange beaucoup moins de viande, on va changer notre maison et j’ai pris une voiture électrique », détaille celle qui se montre tout aussi volontariste dans la conduite de Legros TP.

« Faire coïncider la transition avec la réalité économique »

« J’ai décidé que je ne développerai plus mon entreprise. On restera une structure de cette dimension, d’une cinquantaine de personnes. Je veux pouvoir continuer à connaître mes salariés et, si je veux pouvoir transformer mon entreprise face aux enjeux environnementaux, il faut que j’aie les moyens de le faire, de prendre le temps et d’emmener les gens avec moi. Il faut aussi faire coïncider cette transition avec la réalité économique. Ça ne se fera pas en trois ans », justifie la quadra, qui a ainsi entamé une mutation aussi progressive que profonde. Une évolution « des chantiers aux bureaux » de Legros TP.

Un livre blanc pour diffuser la dynamique

BTP Rhône et l’Institut CEC (Convention des entreprises pour le climat) ont décidé d’enfoncer le clou en éditant un livre blanc issu de la première session de Terra BTP. Son titre : « Terra BTP – À la Vie ! » Ce livre blanc est à la fois un manifeste et une boîte à outils pour inciter l’ensemble des acteurs du BTP à se joindre à cette dynamique, » précise Norbert Fontanel le président de la Fédération BTP Rhône.

Quinze mille exemplaires

Disponible en version papier et numérique, le document est diffusé à 15 000 exemplaires*. Il se base sur les feuilles de route établies par les 17 entreprises qui ont participé à la première session de Terra BTP. Il se veut autant un appui qu’un moteur pour inciter et accompagner l’écosystème du BTP à s’engager dans la transition.

En sus, un appel à la mobilisation de tous les partenaires, des collectivités aux artisans en passant par les entreprises et les maîtres d’œuvre, pour construire des solutions durables dès aujourd’hui. « Renforcement du recours à des matériaux biosourcés et recyclés ; intégration systématique de la biodiversité dans les projets de construction ; transition vers des modèles d’affaires circulaires et régénératifs » sont cités pour ce faire.

« Nos camions roulent au colza »

« Tous nos salariés ont suivi l’atelier de la Fresque du climat. On est en train de faire notre bilan carbone. On réfléchit aussi à la gestion de notre dépôt, avec le sujet de la récupération des eaux de pluie notamment. On a aussi de gros enjeux sur la mobilité. On va aider le covoiturage des salariés. On va s’orienter sur l’achat de véhicules hybrides ou électriques, et nos camions roulent au colza. Il faut aussi qu’on travaille sur la gestion de nos déchets de chantiers et de bureaux. Cette dimension environnementale jouera à l’avenir dans nos choix de fournisseurs », énumère Oriane Viguier.

« Ils n’auront pas le choix »

Reste à savoir si les entreprises de l’écosystème BTP suivront le mouvement. « Ils n’auront pas le choix, avec la raréfaction des matières premières comme le sable, les problématiques de l’eau. Les lois vont changer, on va toucher à leur organisation, à leur portefeuille… C’est une obligation de s’adapter au monde dans lequel on vivra. Il va falloir trouver un équilibre, même si ce ne sera pas forcément facile », reconnaît une PDG enthousiaste à l’heure où une deuxième session de Terra BTP s’ouvre.

Vingt-cinq entreprises y prendront part, contre 17 lors de la première. « D’autres départements ont manifesté de l’intérêt », sourit Oriane Viguier.

 

C.S