
Confrontés à la crise de la construction de logements neufs et à la baisse des chantiers de déconstruction, les vingt adhérents de la chambre de désamiantage de la fédération BTP Rhône traversent une période difficile, marquée par une forte pression sur les prix. La solution se trouve-t-elle dans la rénovation et la réhabilitation ? Pierre-Albin Rousset, directeur général de SFTP (spécialisée en désamiantage, déplombage et décontamination, à Villefranche-sur-Saône, 50 salariés), et président de la chambre depuis un an, nous livre son analyse.
Comment se porte le secteur du désamiantage ?
Nous traversons une période difficile, avec une activité fortement ralentie par la baisse des travaux de déconstruction et une pression accrue sur les prix, en partie à cause de la concurrence exacerbée par l’emploi de travailleurs détachés et des pratiques malhonnêtes. Cependant, nous constatons un regain d’intérêt pour la rénovation et la réhabilitation de bâtiments, notamment en ce qui concerne la réfection des toitures et l’isolation. Le parc immobilier est vieillissant et nécessite une mise à niveau pour réduire la consommation d’énergie.
Malgré tout, êtes-vous optimiste pour vos adhérents ?
Je suis toujours optimiste, c’est dans ma nature et celle du secteur du BTP. Des périodes compliquées sont à prévoir, c’est une certitude, mais nous devons rester réactifs aux demandes de nos clients, tant sur les devis que sur les chantiers. Nous devons nous réinventer, devenir plus agiles et présents sur des chantiers complexes, offrir des solutions sur mesure, et mettre en avant notre rigueur et notre respect des normes. Nous devons sans cesse innover et viser l’excellence en respectant la législation de plus en plus rigoureuse. En résumé, nous devons toujours continuer à regarder vers le haut.
Le marché des particuliers représente-t-il une opportunité pour vous ?
Les particuliers représentent globalement une faible part de notre activité. Beaucoup ignorent la présence d’amiante dans leur habitation, puisque les diagnostics obligatoires pour la vente sont souvent limités. De plus, les coûts de désamiantage restent élevés. Nos principaux clients sont des professionnels du bâtiment, maîtres d’ouvrages publics ou de grands groupes privés, notamment industriels, qui sont soumis à des normes strictes. Nous intervenons aussi bien sur des bâtiments recevant du public comme les écoles et centres commerciaux que sur des ouvrages d’art, tels que des tunnels ou des ponts.
En tant que président de chambre vous avez organisé un voyage à Chartres en fin d’année dernière chez un fournisseur. Comment l’investissement est-il perçu dans le contexte actuel ?
Nous avons en effet visité en octobre dernier le nouveau centre du groupe ASUP à Chartres, qui regroupe trois marques phares dans la fourniture de matériels pour notre métier : Agirent, Lapro Environnement, et SMH. Ils proposent une gamme complète de matériels de protection, sas de décontamination, unités mobiles, etc., en vente ou en location, avec un service d’entretien. Ce voyage a été très enrichissant et a renforcé notre conviction que l’investissement dans la technologie et l’équipement est crucial pour rester compétitifs.
Quels sont vos vœux pour cette nouvelle année ?
Une véritable politique du logement ! Nous espérons que le nouveau gouvernement, s’il se maintient, prendra rapidement les mesures nécessaires pour relancer la construction et soutenir la reprise du secteur. Tous nos métiers attendent des signaux forts : l’investissement est en jeu, tout comme le recrutement. Cela fait bien trop longtemps que nous « faisons le dos rond ».
À lire dans l’édition du 20 février 2025 du Journal du BTP
Publications similaires :
- « Nous pourrons compter sur un niveau sans précédent d’investissement de l’ordre de 4,5 milliards », David Kimelfeld
- Face au Covid-19, le BTP appelle à la solidarité économique #surcoutsdechantier #btp
- Pour préserver les emplois, les acteurs de la construction ont besoin de vous
- Il semble que les particuliers retirent de l’épisode covid l’envie d’investir dans leur patrimoine, Thierry Vouillon, Président de la chambre de Charpente Toiture